D’autres interrogations naissant de la sortie des évêques à la suite du décès de l’évêque de Bafia. Une dizaine de jours après la découverte du corps de Mgr Jean Marie Benoît Bala, les évêques du Cameroun ont fait une sortie qui fera certainement date.
Au lendemain de la découverte de la dépouille de l’évêque de Bafia, la Conférence épiscopale nationale du Cameroun (Cenc) avait publié un avis de décès. Le texte signé le 03 juin par Mgr Samuel Kleda, archevêque métropolitain de Douala et président de la Cenc et Archevêque métropolitain de Douala, président de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun (Cenc) et Mgr Jean Mbarga, archevêque métropolitain de la province ecclésiastique de Yaoundé annonçait le décès « constaté » la veille à Ebebda.
« Ce décès invite la communauté des fidèles, amis, parents et connaissances et toutes les personnes de bonne volonté à intensifier les prières pour le repos de son âme », concluaient les évêques. Dans l’urgence, on l’imagine, les princes de l’Eglise n’ont pas voulu aller plus loin. Dix jours plus tard, ils sont revenus sur la question en prenant une position des plus tranchées sur les causes du décès de Mgr Bala.
Réunis en assemblée plénière extraordinaire le 13 juin, ils ont affirmé que leur frère, contrairement à la thèse du suicide un temps évoquée, avait été assassiné : « Nous, évêques du Cameroun, affirmons que Mgr Jean Marie Benoît Bala ne s’est pas suicidé ; il a été brutalement assassiné ».
Ce qui n’est pas une grande surprise. Le 04 juin dernier, Mgr Cornelius Fontem Esua, l’archevêque de Bamenda avait déjà déclaré dans les colonnes du Jour qu’il ne croyait pas à la thèse du suicide. « Nous attendons des enquêtes sérieuses de la part du gouvernement. Il faut approfondir les recherches, pour savoir ce qui lui est arrivé, comment il a pu se retrouver là. Un évêque de la trame de Mgr Jean Marie Benoît Bala ne se suicide pas. Parce qu’en tant qu’évêques, nous sommes là pour apporter du réconfort à ceux qui souffrent, qui doutent, qui ont même parfois perdu l’espoir. Nous ne pouvons pas être les premiers à nous donner la mort. Mgr Bala ne nous paraissait pas aussi troublé que cela. Et puis c’est un cas de figure plutôt rare dans l’histoire de l’église. Les évêques ne se suicident pas», disait-il.
Mgr Fontem restait lui-même sur un principe, disant espérer des enquêtes sérieuses. Une semaine à peine plus tard, et alors que les enquêtes sont en cours, la sortie des évêques entraîne un ensemble d’interrogations. Au moins à trois niveaux.
Sur l’apparente certitude de la Cenc, sur le choix de communiquer de cette façon, sur les raisons d’un assassinat de l’évêque décédé.
Qu’est-ce qui fonde la certitude de la Cenc ? Les évêques ont-ils eu accès à des éléments de l’enquête ou restent-ils convaincus qu’il n’est pas possible qu’un évêque se suicide ? Ont-ils eu accès à des informations du défunt (avant sa mort) ou de son entourage ?
Pour ce qui est du deuxième niveau de questionnement, pourquoi la Cenc a-t-elle choisi de s’exprimer de façon publique sans attendre les résultats de l’enquête en cours ? Les évêques n’ont-il pas confiance aux autorités chargées de mener cette enquête ?
Ils ont d’ailleurs évoqué dans leur déclaration une série de meurtres de prêtres non élucidés à ce jour. Ces précédents ont-ils déterminé leur sortie ? Ces autorités auraient-elles un intérêt à ce que la
vérité ne soit pas sue ? Et là, naturellement, on aboutit au troisième niveau de questionnement
Pourquoi aurait-on voulu tuer l’évêque de Bafia ?
D’après nos sources, la police, non plus, n’aurait pas éloigné la piste d’un assassinat. Mais la Cenc a préféré prendre les devants (et ses responsabilités ?). Nos évêques se sont-ils dit qu’il fallait à tout prix faire pression sur les autorités chargées de mener l’enquête afin d’éviter des manipulations et surtout de préserver l’honneur de l’Eglise catholique ?