La grande inconnue de ces obsèques, c’est bien la date de décès de l’évêque de Mgr Jean-Marie Benoît Bala. Faute de médecin légiste sur la scène supposée du crime, le lieu de la découverte du corps, et sans rapport officiel d’aucune des autopsies, la Conférence Épiscopale Nationale du Cameroun (CENC) ne disposerait d’aucun élément officiel pour aviser.
François B. en est irrité. « Certains ont une date de naissance inconnue, approximative, Monseigneur aura donc un date de décès inconnue, c’est inacceptable » d’indigne-t-il. Le fait est assez inédit et le propos peut paraître impertinent, mais il est important et dramatique du décès de Mgr Jean-Marie Benoît Bala.
En effet, Mgr Bala peut avoir été tué la nuit même de son enlèvement, c’est à dire le 29 ou le 30 mai. Peut-être faut-il considérer avec le site Catholichierarchy.org, qu’il a plutôt été assassiné le le 31 mai.
Mais il semble que cette plateforme ne soit pas gérée par le Saint-Siège lui-même. Il y a donc des chances qu’elle ne fasse pas tout à fait foi. L’idée que ses ravisseurs l’ai tué le 02 juin, jour où sa dépouille a été repêchée dans les eaux de la Sanaga, a elle aussi fait son chemin. Elle est crédibilisée par l’état dans lequel se trouvait le corps au moment de sa découverte.
Quelques observateurs avisés et présents sur place avaient d’ailleurs estimé que le corps ne pouvait pas avoir passé plus de quatre heures dans les eaux du fleuve. Il reste alors la journée du 1er Juin, comme date probable de décès.
Simon E. a un avis assez radical. Il propose que l’on fasse de cette absence de date un symbole marquant de ces obsèques « pour que nul n’en ignore ». « Les organisateurs ne devraient pas s’encombrer de scrupules inutiles et réparer, par une date factice, la bêtise du système criminel qui nous gouverne », s’insurge-t-il.
L’idée c’est « que l’on mette simplement « décédé en mai 2017? ». « Une telle inscription sur la pierre tombale et les faire-part de deuil, explique-t-il, rappellera à toutes les générations l’ignominie de notre société ».
L’improbable deuil …
Les préparatifs des obsèques de Mgr Jean-Marie Benoît Bala ont néanmoins pris, depuis le début de la semaine, leur vitesse de croisière. Activités et réunions se multiplient à Yaoundé comme à Bafia, en vue de lui rendre un hommage vibrant.
Une rencontre a eu lieu ce matin au siège de la Conférence Épiscopale Nationale du Cameroun, à Yaoundé. Elle regroupait, selon certaines indiscrétions, les évêques de la Province Ecclésiastique de Yaoundé (CEPY), le Secrétariat Général et la Présidence de la CENC, les principales entités en charge de l’organisation de ces obsèques.
Si l’on espère, côté épiscopat, une mobilisation exceptionnelle, les fidèles et autres citoyens ne cachent pas leur désarroi. « Il est impossible de vraiment faire le deuil si nous ne savons pas de quoi est mort Mgr Bala », confie Ernest O, originaire du diocèse de Bafia. Avis partagé par Hélène M., ancienne paroissienne du défunt à Yaoundé, Ndzuangmelen. Elle confie ne pas avoir le cœur aux obsèques car, explique-t-elle, « trop de questions sont en suspens ».
Allusion faite au feuilleton de genre de mort qui nourrit la polémique depuis la découverte, le 30 mai, du véhicule de l’évêque de Bafia, sur le pont de la Sanaga à Ebebda, et la mise en scène orientant vers la thèse du suicide. Celle-ci sera contredite par le communiqué des évêques du 13 juin 2017, attestant que « Monseigneur Jean-Marie Bala a été brutalement assassiné ».
La cause de noyade alléguée du Procureur de la République, près la Cour d’Appel du Centre, la réaffirmation de la position des évêques le 10 juillet, et l’imbroglio autour de l’identification de la dépouille, le 17 juillet à la morgue de l’Hôpital Général de Yaoundé, constituent autant d’entraves qui n’aident pas vraiment à entrer en deuil.
Le révérend Albert T. estime, pour sa part, que « nous devons nous fier à la thèse des évêques ». Il « invite ainsi les chrétiens et tous ceux qui souffrent avec l’Eglise de la mort de Mgr Bala à s’en tenir à cette position qui est le point de départ de ces obsèques ».