Opinions of Wednesday, 5 July 2017

Auteur: Zang-Zang Charles Élie

Affaire Bala: voici comment Paul Biya a fait diversion

Le système est désavoué et se retrouve en quête de légitimité - Zang-Zang Charles Élie Le système est désavoué et se retrouve en quête de légitimité - Zang-Zang Charles Élie

Le communiqué de presse rendu public ce jour pose philosophiquement question. Peut-on par-delà son aspect légal souscrire à sa légitimité? Il est des situations délicates, vertigineuses qui conduisent le philosophe au tourbillon de la pensée. Mon analyse ne s’inscrit point dans les allégations de dissidence mais entend témoigner de la fonction critique et éclairante de la philosophie.

Sans doute, l’audace de la rationalité devrait nous conduire à assumer le devoir scientifique de mise en lumière devant la déroute et les contingences du réel. Le philosophe est bien aise dans cette posture de questionnement du fonctionnement de la justice et du droit (philosophie du droit), d’interrogation de la marche de l’Etat (philosophie politique) et de construction des valeurs (philosophie morale).
Je défends comme thèse le déficit de légitimité de la décision rendue, au regard de quelques astuces. Tout d’abord, au plan d’une herméneutique critique de la décision, l’on perçoit des éléments de diversion. La phraséologie utilisée me semble ambiguë et manque de précision : « des investigations, les enquêteurs, de nombreuses personnes, sont arrivés, il a été décidé ».

C’est un populisme langagier tout ordinaire qui sème la dispersion dans les esprits. La seule précision se soumet elle-même aux caprices d’une subtilité qui interroge : Noyade. Pourquoi ? Parce qu’il s’agit là d’un substantif qui irait dans tout les sens. Je dirais corruption sans déterminer le sens, puisque la substantive noyade ne dit a priori pas si l’évêque s’est suicidé ou s’il a été poussé dans l’eau.
Nous retenons notre souffle, car une phrase révèle chimériquement : « ils ont relevé l’absence de toutes traces de violence sur le corps du défunt ». Voilà, le suicide est diplomatiquement dit car l’absence de violence voudrait nous jeter dans la culpabilité du défunt en rapport au jugement d’existence trouvé dans la voiture : « Je suis dans l’eau ».

Mais de qui se moque-t-on ? N’y-a-t-il pas eu une authentification publique d’un corps incompris et violenté ? Ensuite, le communiqué évoque une synergie dans l’expertise qui met en rapport médecins locaux et internationaux. Ne s’agirait-il pas d’une surenchère qui voudrait démontrer la neutralité de l’enquête ? Ma question est précise : avait-on besoin de gesticuler de la sorte étant entendu que ces médecins locaux on très souvent suivi leur parcours dans ces institutions internationales ? Auraient-ils perdu la crédibilité d’alors ? Serions-nous en face d’une intimidation pour cautionner idéologiquement des résultats à tous points discutables ?

Dans le même ordre d’idées, il est fait mention que les enquêtes se poursuivent. Et nous voici devant « une conclusion à conclure ». Les juristes parleraient assurément de dilatoire, les classiques asserteraient « cette affaire est renvoyée aux calendes grecques », les philosophes parleraient d’une utopie négative c’est-à-dire un non-lieu dont la seule évidence serait de nous conduire dans l’incertitude comme lieu.

Enfin, le contexte pourrait nous éclairer. Il s’agit d’une communication politique. Le système est désavoué et se retrouve en quête de légitimité. Il fallait bien semer l’opprobre sur la déclaration véritative des évêques. Elle n’interrogeait pas seulement l’assassinat du défunt actuel, mais remettait en question une lignée de clercs assassinés.

De ce point de vue, l’Etat se serait senti menacé dans sa fonction régalienne de sécurité des personnes et des biens. Dire que Mgr a été assassiné aurait rendu coupable les décès suspectés. Il aurait donc fallu que l’Eglise fût sacrifiée à la table des enjeux électoraux.

Où allons-nous ? Rien d’étonnant, car dans une société de façade démocratique où la complicité des trois pouvoirs a pris le dessus sur leur séparation, la justice est domestiquée. Montesquieu clamait pourtant de séparer les pouvoirs afin que le pouvoir arrêta le pouvoir. S’achemine-t-on vers un divorce entre l’Eglise et l’Etat? L’affirmatif est probable : divorce sanglant à la mesure d’une relation incestueuse.
Désormais je conjuguerai » je vis la paix des braves ».