Opinions of Friday, 7 August 2015

Auteur: David Nouwou

Affaire Dzongang: Quand Peter Agbor Tabi étale le RDPC

Feature Feature

Le secrétaire général adjoint de la présidence de la République a donné raison à l’opposition qui a toujours dénoncé les actions du gouvernement dans son fonctionnement comme un parti Etat-Rdpc.

Suite à la «note» confidentielle que le secrétaire général du comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), Jean Nkueté, a adressée le 6 juillet 2015 à Paul Biya, «président national du Rdpc» pour lui rendre compte des négociations qu’il a initiées avec l’ancien cadre de ce parti pour revenir à la maison, le Pr Agbor Tabi, secrétaire général adjoint de la présidence de la République du Cameroun, a cru devoir donner à leur chef son point au sujet de cette «nouvelle recrue».

Seulement, cette «note» apparemment anodine, appelle quelques remarques bien révélatrices.Et qui trahissent l’état d’esprit de certaines personnalités de l’Etat opérant comme en embuscade dans l’administration publique pour le compte du Rdpc.

Faussant systématiquement le jeu démocratique au Cameroun : la «note» du Pr Agbor Tabi est faite avec l’en-tête de la présidence de la République. Et rappelle que : «pour faire face au vide créé à Douala par le décès de Madame Françoise Foning, et pour contenir l’activisme d’opposants tels que messieurs Nitcheu, Kouemo et Maurice Kamto, il a réussi (Nkuete, ndlr) à convaincre Monsieur Ndzogang de revenir au sein du Rdpc».


On passe sous silence leur méconnaissance de l’orthographe des noms de ces personnalités de l’opposition. Il fait à la fin de sa «note» une bien curieuse suggestion : «Feue Françoise Foning était une militante engagée, courageuse et entreprenante. Bien qu’originaire de l’Ouest, c’est à Douala qu’elle s’est façonnée, et c’est à Douala qu’elle vivait, travaillait et militait. Nous suggérons respectueusement que les concertations pour trouver son remplaçant se fasse au sein du Rdpc à Douala, en liaison avec les autorités administratives».

Et il signe, «le ministre secrétaire adjoint (de la présidence de la République, ndlr), Peter Agbor Tabi». Alors questions : comment un ministre de la République, investi des fonctions pour servir tous les citoyens dans un Etat multipartiste, peut formuler une telle lettre dans laquelle il sollicite la collaboration des autorités administratives pour régler une affaire interne à un parti politique, même si c’est celui dans lequel il milite ?

Comment expliquer qu’il utilise les armoiries de la présidence de la République dans le cadre de la résolution des affaires internes à un parti politique, même si c’est celui qui détient le pouvoir ? Agbor Tabi agit ici dans le cadre du recrutement d’Albert Dzongang (la bonne orthographe) dans son parti, pour remplacer une militante qui est décédée.

Cette sortie intervient au moment où le remplacement de cette militante d’envergure est à l’ordre du jour à la mairie qu’elle dirigeait. Dzongang n’étant pas à ce moment membre du Rdpc, on ne peut donc pas évoquer son nom pour la remplacer à la mairie de Douala 5e. C’est dire que Le nouvel oiseau rare est sollicité pour prendre sa place ailleurs.

Ou alors ? Certainement dans une autre mission ou une autre fonction. Quel autre rôle, en dehors de la mairie, jouait donc la défunte Foning, au point où la stratégie de son remplacement doit tenir compte de Jean Michel Nintcheu, député à Wouri Est, président régional du Sdf pour le littoral, Pierre Kwémo, président national de l’Union des mouvements socialistes (Ums), maire de Bafang et Maurice Kamto, président national du Mouvement pour la renaissance du Cameroun(Mrs), et dont la solution à son remplacement nécessite l’avis des autorités administratives ? Les autorités administratives de quelles régions ?

A y regarder de près, le Pr Agbor Tabi s’en est allé librement dans cette correspondance. En confondant volontiers gouvernement de la République et rassemblement démocratique du peuple camerounais, le parti au pouvoir à Yaoundé depuis une trentaine d’années.

L’opposition a toujours systématiquement condamné cet amalgame comme étant un des cancers à la démocratie à la Camerounaise. Ils n’ont récolté de la part du patron de ce parti que les lauriers «d’apprentis sorciers». Peut-être faudra-t-il que l’opposition compter à l’avenir sur le temps et les événements, pour régler ce que les hommes n’ont pas pu faire comprendre aux hommes.