Opinions of Sunday, 26 February 2023

Auteur: Arlette Framboise Doumbe Ding

Affaire Martinez Zogo : une imposture bien Camerounaise

"Mais nous ne lâcherons rien"

Hier nuit les suspects dans l'assassinat de Martinez Zogo étaient au tribunal militaire devant le commissaire du gouvernement pour la suite de l'affaire. Une actualité qui a eu le don de tenir tout le Cameroun , la presse nationale et même internationale en haleine.

Jusqu'à minuit heure du Cameroun, aucune information ne filtrait sur ce qui se passait réellement dans les salles du tribunal militaire. C'est ce vendredi vers 2h de la nuit que les suspects vont finalement retourner au SED sans que personne ne daigne informer l'opinion nationale et internationale sur ce qui s'est passé. Est-ce pour un autre complément d'enquête que les suspects retournent au SED ? Que s'est-il d'ailleurs passé au tribunal militaire hier nuit ? Aucun communiqué des autorités judiciaires ou gouvernementales ne vient répondre à ces questions. C'est l'opacité totale. Le secret. Le silence méprisant.

Mais la nature ayant horreur du vide , les Camerounais sont bien obligés de s'en remettre aux lanceurs d'alerte pour avoir quelques bribes d'informations.

Le problème ici c'est que le gouvernement Camerounais à travers le ministre de la communication viendra pondre un communiqué pour fustiger les lanceurs d'alerte et la presse internationale en les accusant de propagation de fausses nouvelle ou de désinformation. Une attitude d'autant ridicule que ce ministre ne peut pas nous dire où est-ce qu'on peut trouver les vraies nouvelles ou la bonne information en l'absence d'une communication officielle qui édifie régulièrement l'opinion sur l'évolution des enquêtes. Personne ne demande de commenter les décisions de justice ou de révéler les secrets de l'enquête. Mais où sont les points de presse où les communiqués qui renseignent l'opinion sur l'évolution des enquêtes comme cela se fait ailleurs dans des pays où on respecte les citoyens ?

Monsieur le Ministre de la communication, c'est trop facile d'accuser les lanceurs d'alerte, reporter sans frontières ou le journal français Le Monde. Mais que faites-vous pour que l'opinion ait au quotidien la bonne information sur l'affaire Martinez Zogo dont l'écho dépasse désormais les limites des frontières Camerounaises ? C'est l'opacité totale et la rétention de l'information qui prévaut et c'est trop triste Monsieur Ministre. C'est même honteux pour un grand pays comme le Cameroun qui aspire à la modernité. Et maintenant, pourquoi ne voudriez-vous pas que la nature ait horreur de ce vide communicationnel ? Ce n'est pas avec cette opacité que vous allez empêcher les Camerounais de suivre les lanceurs d'alertes. Ces derniers essaient de combler le vide laissé par votre culture de l'opacité au Cameroun...

Quand vous voyez cette culture regrettable de l'opacité au Cameroun, vous comprenez mieux pourquoi le journal Américain The Washington post dans sa page consacrée à l'assassinat de Martinez Zogo a exigé une enquête transparente et crédible dans cette affaire . Ce n'est pas anodin car l'opacité est comme la nuit. Elle est propice à la pratique du faux et à tous les trafics maffieux possibles.

Mais nous ne lâcherons rien. La pression doit être maintenue jusqu'à ce que tous les coupables soient traduits devant la justice pour répondre de leurs actes.

On ne lâche rien.