Opinions of Friday, 15 December 2017

Auteur: www.camerounweb.com

Affaire Patrice Nganang: émouvante chronique de Abdelaziz Moundé

L'affaire patrice Nganang ne cesse de succiter des réatcions de tout part L'affaire patrice Nganang ne cesse de succiter des réatcions de tout part

Malgré leurs quelques divergences, Abdelaziz Moundé comme il le dit dans sa chronique a pris de la hauteur, et est venu soutenir Patrice Nganang. Il raconte ses peurs met se dit déterminer pour un « Cameroun Nouveau »

Ci-dessous l’intégralité de son opinion :

Si si si, j'ai très peur ! Peur de notre apathie collective où, croyant être raisonnables, l'on préfère chanter Paul Biya, notre président au stade au lieu d'une minute de silence à Benjamin Massing.

Si si si, j'ai horriblement peur ! Peur de ce peuple qui peut brûler un petit voleur, amateur de larcins, et applaudir les grands voleurs qui peuplent nos ministères et Institutions. Au point d'en faire des dauphins alors que Garga les voulait en baleines.

Si si si, j'ai très peur. De ces gens qui s'offusquent, à juste titre d'une injure à la Première Dame et sont totalement indifférents au sort misérable - insulte collective - réservé aux veuves de nos héros, Um, Moumie, Ouandie, dont l'une Marthe Moumie est morte, sauvagement assassinée, sans que l'on ne sache jusqu'ici le moindre détail sur l'enquête.

Si si si, j'ai atrocement peur. Peur de ces gens qui conspueront Essama, circuleront dans nos villes sans la moindre référence à Um Nyobe, alors que la belle-mère du chef de l'Etat a l'honneur d'une rue en son nom et, excusez du peu, le privilège d'une statue. Celle que Ntone Ntone a refusé à Foncha pour autoriser la stupide idée d'une française, peut-être sympathique, mais dont le geste de pardon doit d'abord consister à demander à Emmanuel Macron d'ouvrir les archives sur les massacres de centaines de milliers de Camerounais par l'armée française.

Si si si, j'ai peur. Douloureusement peur de ce pays où l'on peut trucider 100 Anglos et envoyer le froid Laurent Esso mener le dialogue. Demander à Tchiroma de parler « sincèrement » de la situation. Ecouter Atanga Nji et continuer à penser qu'on peut envisager une solution sage à une aux mille vexations, viols, morts et mauvaise foi.

Si si si, j'ai peur de ces schizophrènes qui traitent Nganang de fou. De ces névrosés qui peuvent baiser les pieds du président et passer kougna kougna devant ces buissons où l'on a peut-être enterré Guerandi sans demander à notre chère justice de « faire son travail ».

Si si si, j'ai peur. Peur de ce pays où seuls comptent le décret, les grands deuils et les immeubles de fortunés douteux. Où ton camarade de promotion qui t'appelait frère hier, peut t'éventrer pour être nommé à un poste de DG comme l'autre, juste parce que tu as le courage de tes idées.

Si si si, j'ai peur. Très peur de ces jeunes journalistes, tontons macoutes en costumes mal coupés, qui se délectent du dol, du viol et de l'obscénité sur une jeune fille abusée juste parce qu'elle rêvait de passer à la télé.

Et tu sais quoi, cher ami, on dit que le courage n'est pas l'absence de peur, mais la capacité à affronter la peur. C'est donc cela que je reconnais au-delà de tout, de nos divergences qui sont secondaires par rapport à l'intérêt d'un Cameroun Nouveau à Patrice Nganang comme à une kyrielle de nos martyrs, héros et combattants de la liberté.

C'est aussi ce courage qui me fait préférer la prison à ces chaînes qui nous empêchent d'ouvrir les yeux et de nettoyer nos esprits de cet envoûtement de la tyrannie, après les services de l'esclavage et de la colonisation.

Ne te fais pas de souci pour moi. La liberté vaut tous les sacrifices et se moque de nos petits conforts !