Le 16 Avril 2023, le Pr Claude ABE dans le cadre d'une émission sur la chaîne de télévision Vision 4 a tenu une fois de plus des propos qualifiés de "haineux" par l'opinion publique nationale.
Depuis, les débats sur la question ont inondé les réseaux sociaux et l'espace public.
Au regard de l'histoire, à vrai dire, Claude ABE depuis un temps se positionne comme le porte parole d'un courant de pensée parfaitement structuré et dont les racines historiques sont antérieures à la venue même de Claude ABE dans ce monde.
Lorsque l'aile nationaliste célébrait 50 ème anniversaire de l'assassinat de Ruben Um Nyobe en 2008, j'ai entrepris la publication d'un article intitulé "Ruben Um Nyobe ou ce qui manque à Paul Biya"
Cette publication s'adossait sur des arguments historiques pour dire et confirmer que les dérives sociopolitiques en cours au Cameroun constituent un déni de son histoire profonde.
A l'époque, j'écrivais que le langage tribal était un contre discours au pays de Paul Biya.
Voici les fondements historiques de notre argumentaire.
- Le Président Paul Biya a eu la chance de naître dans un espace géographique qui a conçu et enfanté la chanson patriotique qui rythme notre vie publique et politique au quotidien.
- Le Président Paul Biya est né 5 ans seulement après que René Jam Afane et Samuel Minkio Bamba avec leurs camarades ont composé le "chant de ralliement camerounien".
Nous sommes en 1928, six ans après l'entrée en vigueur du "Mandat français" sur le Cameroun.
Le Pasteur Camille Chazeaud, Directeur de l'Ecole Prebysterienne de Foulassi, de par la densité patriotique du poème chant de René Jam Afane.
Voici les extraits de cette composition qui a traversé le temps, les monts et les vallées.
"Que tous tes enfants du Nord au Sud , de l'Est à l'Ouest soient tout amour,
Te servir que ce soit leur seul but,
Pour remplir leur devoir toujours..."
Depuis 1928, ces extraits sont restés inchangés, il y a 95 ans aujourd'hui.
La portée patriotique de cette chanson a amené Ruben Um Nyobe qui y est arrivé en 1930 va faire adopter cette chanson à l'UPC en 1948, 20 ans après sa composition.
La vitalité de l'UPC a contribué à la popularité de cette chanson tant et si bien qu'elle fut adoptée comme hymne national lors de la session de l'Assemblée du 10 Mai 1957 au cours de laquelle furent adoptés les emblèmes nationaux.
Ce rappel veut dire que le Président Paul Biya a eu non seulement la chance de naître à proximité du lieu où a été enfantée cette chanson aux messages sympiternels, mais son enfance a été bercée par les douces paroles prophétiques du poème - chant de René Jam Afane et Samuel Minkio Bamba.
Enrichi de cette Providence divine, ce n'est donc pas dans ce pays gouverné par Paul Biya depuis 41 ans que devaient prospérer les discours de haine.
Lorsqu'au cours des années 70, le gouvernement procéda à des retouches sur cette chanson pour enlever "Autrefois tu vécus dans la barbarie,
Comme un soleil qui commence à paraître, peu à peu, tu sors de ta sauvagerie..." Samuel Minkio Bamba déjà à l'époque évoquait la question tribal en cours pour dire que les "Camerounais qui s'adonnent à ce jeu dangereux sont encore dans la barbarie et la sauvagerie..."
Si Samuel Minkio Bamba revenait aujourd'hui écouter les sirènes et les trompettes de la haine professées par le très respectueux Pr Claude ABE, il renoncerait à la Résurrection proposée par l'Eglise Catholique.
Parce que la barbarisation et l'ensauvagem ont complètement inhibé la cervelle de nos illustres maîtres de la pensée.
Comment donc comprendre ça en convoquant l'histoire du Cameroun ?
De ce qui précède, je n'ai pas de doute que Paul Biya, futur Président de la République du Cameroun, ait été allaité et bercé par cette chanson dont je viens de relever les vertus patriotiques.
Cette analyse n'occulte pas la dimension idéologique véhiculée par la composition de René Jam Afane et ses camarades.
Les enseignements dispensés dans ces écoles à cette période visait à faire croire religieusement aux enfants que les 32 années de présence allemande étaient caractérisées par la "barbarie et la sauvagerie" et depuis l'arrivée des Français, il y a une "sortie peu à peu" de ces tares.
La bataille pour se soustraire du système colonial français offre au colon les arguments de la stigmatisation.
Les porteurs des péchés d'Israël sont indexés. Il s'agit des Bassas et des Bamilekes.
Les recherches que j'ai effectuées dans le cadre de la rédaction de ma thèse de Doctorat en Histoire m'ont donné de constater que l'Eglise Catholique a beaucoup surfé sur la fibre tribale pour asseoir son hégémonie spirituelle. Au Cameroun et ailleurs. Le génocide rwandais est vieux seulement de 29 ans.
L'histoire du Cameroun est riche de la technologie tribale mise en place par le Couple État - Administration coloniale.
Si Paul Biya a donc eu la chance de naître dans l'environnement et le contexte décrit plus haut, il a eu la malchance d'être happé par son histoire scolaire aux séminaires et universitaires.
En France, en dehors de la Sorbonne, il a reçu des enseignements dans le prestigieux Institut des Hautes Études d'Outre-Mer, ancêtre de l'Ecole coloniale française destinée à la formation politique des administrateurs coloniaux.
Pendant ce temps, le Colonel Jean Lamberto qui a "pacifié" les régions bassa et bamileke publié en 1960 dans la Revue de la Défense nationale française un article intitulé "Les Bamilekes dans le Cameroun d'aujourd'hui" où on retrouve là phrase suivante : "Le Cameroun s'achemine à l'indépendance avec un caillou bien gênant dans sa chaussure. Ce caillou, c'est le peuple Bamileke..."
Deux ans après, en 1962, Paul Biya effectué son entrée dans la haute administration et 20 ans plus tard, il accède à la magistrature suprême malheureusement toujours sous le parapluie de Louis Paul Aujoulat et de ses lieutenants.
Je suis fondé à croire que, historiquement, le Président Paul Biya était condamné à mener une guerre sans merci contre toute germe du tribalisme.
Malheureusement, sinon, comment comprendre que dans le pays de l'homme du Renouveau de tel discours peut être prononcé ? Le Président a-t-il oublié la thématique de l'unité et du vivre-ensemble développée dans son ouvrage "Pour le libéralisme communautaire" de Janvier 1987.
Mais, à peine cet ouvrage apparaissait dans les librairies, "Les prêtres autochtones de l'archidiocèse de Douala dressait au Pape Jean Paul II, un mémorandum intitulé"Éclairage nouveau" dans lequel ils dénonçaient la politique de la "Bamilekisation" de la hiérarchie de l'Eglise Catholique romaine qui est au Cameroun sous les sa grande es conseils de Monseigneur Albert Ndongmo. Statistiques à l'appui, les signataires de ce document arrivaient à la conclusion que, c'est dans ce processus qu'il faut comprendre la nomination à Douala auprès de Monseigneur Tonye, de Mgr Gabriel Simo en provenance du Diocèse de Bafoussam.
La contestation a été tellement vive que l'opinion publique même au sein de l'Eglise Catholique ne s'est pas beaucoup préoccupée de Mgr Victor Ntone Mbakot colistier de Mgr Gabriel Simo.
12 ans plus tard, à la suite de la nomination de Mgr André Wouking à la tête de l'archidiocèse de Yaoundé, la fièvre tribale a connu une montée de température. Ironie de l'histoire, c'est Mgr Mbakot que le Vatican va installer dans la cathedre à Yaoundé à la succession de Mgr André Wouking.
C'est cet archevêque métropolitain qui, statistiques à l'appui, en sa qualité de Grand Chancelier de l'UCAC où enseigne Claude ABE, pour dénoncer la "Bamikisation de l'UCAC" tant du côté des enseignements que des étudiants.
Quelques années plus tard, Rome va débarquer l'archevêque.
Ce que l'archevêque et les autres n'ont pas compris et qui est contenu dans les enseignements de Mgr Albert Ndongmo est que Dieu qu'ils se sont engagés à servir a un plan pour chaque humain qu'il envoie en pèlerinage dans ce monde. Pour preuves :
- Des années avant sa mort brutale, Mgr Jean Zoa, Archéologique de Yaoundé lors d'une visite as lamina à Rome a présenté Mgr Wouking au Pape en parlant de Archevêque de Yaoundé.
Plus tôt en amont, les circonstances de transfert de Mgr Paul Etoga à Mbalmayo suivi du traitement qu'il a subi , le premier évêque noir de l'Afrique noire française a recommandé à Jean Zoa de ne jamais s'incliner sur son cercueil. La suite est connue.
Après 36 ans d'episcopat, Mgr Jean Zoa a demandé à être inhumé au cimetière de Mvolye le moment venu.
Son successeur Mgr Wouking (Bamileke) est le premier évêque qui dort à la Cathédrale de Yaoundé en attendant le décret du Pr Claude ABE pour le transfert du corps à Dschang.
Ceci ne pouvant pas justifier cela, je peux rappeler à toutes fins utiles que Mgr Albert Ndongmo a demandé à Ahidjo combien de temps il va passer au Canada, il lui a recommandé de partir d'abord.
Ndongmo dit qu'il a compris que c'est pour toujours.
Malgré les péripéties des procédures de rapatriement, Ndongmo dort à la Cathédrale de Nkongsamba. Le Sénégal devient petit à petit le cimetière de la famille Ahidjo. Il faut se méfier de rivaliser Dieu.
Bon à savoir pour Mgr Mbakot, pour Claude ABE et les autres. Dans l'épiscopat Camerounais, Mgr Albert Ndongmo est le premier à avoir pensé construire une Université catholique au Cameroun à Bafang et pas à Nkongsamba ou à Dschang. Son arrestation en 1970 a stoppé le projet pour lequel il avait déjà mobilisé une bonne partie du financement lors d'un voyage effectué aux États-Unis, en France et en Espagne le 13 Septembre 1966, au sortir du Concile Vatican II, deux jours avant le voyage de Ahmadou Ahidjo à Rome.
L'une des raisons qui motivent la présence de Mgr Albert Ndongmo dans la suite du Pape Jean Paul II est le décaissement de cette réserve financière qui contribuera en partie à financer les travaux de l'UCAC.
C'est pourquoi au-delà de la croisade de l'archidiocèse de Douala, d'autres personnes ont transporté le combat au domicile du Pr Jean Michel Tekam où on a vu et écouté Mgr Albert Ndongmo encourager les Bamileke à multiplier les naissances de manière à ce que entre 2005 et 2020, les Bamileke constituent la moitié de la population camerounaise.
Tout cela est contenu dans un document baptisé "Note de Paris" de Mars 1987. Ceux - là voulaient empêcher Rome de nommer Mgr Albert Ndongmo Recteur de cette institution universitaire catholique.
Nous sommes en 1987. En guise de réaction, Mgr Albert Ndongmo publiera une note intitulée "Je ne peux plus me taire" Cinq ans plus tard, il était dans le cercueil.
Tout ce récit vise à confirmer que le tribalisme fait partie de l'ADN des gouvernants Camerounais. l'Eglise Catholique n'est pas très éloignée de cette pourriture.
Pr Claude ABE a du pain sur la planche.
L'actualité autour de l'assassinat de MARTINEZ ZOGO doit nous parler. Tenez en main la liste des actuels locataires de Kodengui, aujourd'hui cela devait faire réfléchir. La roue de l'histoire tourne...Monsieur le Président Paul Biya le Jeudi 17 Mai 1984 dans le discours de sortie crise avait posé les 3 questions suivantes : "...Pourquoi sommes nous Camerounais ?
Qu'est ce qui nous rend fiers de l'être ? Quel Cameroun voulons nous pour nos enfants ?"
Pr Claude ABE est en train de répondre...du haut de sa chaire de Professeur de 3eme Catégorie en ( Sociologie Tribale spécialité "De la réforme foncière comme solution divine à la question tribale : le cas du Cameroun"