Le président de l’Assemblée nationale digère mal la révision des chefs d’accusation contre son ancien garde du corps. Les ministres de la Défense et de la Justice sur la sellette.
Des interlocuteurs particulièrement introduits dans l’entourage du président de l’Assemblée nationale racontent que l’homme attend Laurent Esso et Edgar Alain Mebe Ngo’o au moment de leur passage devant la chambre pour défendre leurs enveloppes budgétaires pour l’année 2016. Pas question de laisser passer une simple faute d’orthographe.
La règle va être appliquée sans état d’âme. Tout projet de budget mal rédigé sera systématiquement renvoyé. Et ces sources de se faire rassurantes, «ils vont payer par tous les moyens !» Sous réserve d’une intervention de Paul Biya pour calmer les esprits, la session parlementaire de novembre 2015 risque d’être fort longue dans les couloirs du Palais de verres de Ngoa Ekelle.
Les colères de Cavaye Yeguie Djibril sont homériques, mais sont-elles à mesure de faire peur à Edgar Alain Mebe Ngo’o et à Laurent Esso qu’il considère comme des traitres à sa cause ? Il y a tout juste une semaine, le quotidien Mutations faisait savoir que le président de l’Assemblée nationale avait convoqué les deux hommes pour leur dire ce qu’il pensait des nouveaux chefs d’accusation pour lesquels son garde du corps serait jugé ; «menaces simples, outrage à corps constitués et violation de consignes».
Une requalification inacceptable pour le patron de la chambre des députés à qui les ministres incriminés auraient tout simplement répondu que la justice est indépendante au Cameroun. Une réponse qui est restée en travers de la gorge du président qui travaillerait donc actuellement selon des sources de newsducamer.com à des scenarios pour mettre les bâtons dans les roues de ces deux messieurs.
Dans sa quête de vengeance, Cavaye devrait davantage épargner Laurent Esso plutôt que son collègue Mebe Ngo’o. La faute à la personnalité intransigeante du Garde des sceaux, mais ce n’est pas tout. Le fait est que le président de la chambre des députés considère que le ministre de la Défense a fait preuve d’une négligence inacceptable en mettant le capitaine Bouba Simala à la disposition de la justice militaire, sans instruction particulière.
Or à l’Assemblée nationale, le procureur en charge de l’affaire est soupçonné d’avoir fait passer les intérêts corporatistes avant ceux de Cavaye Yeguie Djibril qui considère qu’en tant que troisième personnalité de la République, ses déclarations devraient être prises au pied de la lettre surtout lorsqu’elles s’expriment dans un cadre officiel.
En rappel, le président de l’Assemblée nationale a accusé le 16 juin dernier son ancien garde du corps d’avoir ourdi un enlèvement contre sa personne et d’avoir perpétré des actes terroristes. Des faits que des proches du concerné rejettent. Ils mettent a contrario Cavaye à l’index pour acharnement.