Opinions of Wednesday, 30 March 2022

Auteur: Joseph Olinga

Affaire du poisson avarié d'Obala : comment le gouvernement pactise avec Congelcam

Le phénomène est fréquent, les autorités ne daignent pas réagir Le phénomène est fréquent, les autorités ne daignent pas réagir

Joseph Olinga est journaliste correspondant du quotidien privé Le Messager à l’Ouest. Il se dit révolter par l’attitude des principaux acteurs concernés par l’affaire des poissons pourris d’Obala. Selon le journaliste, il ressort des relents de corruptions, des dessous de tables sont souvent versés à certains responsables administratifs par les responsables de la poissonnerie Congelcam, c’est pour cela bien que le phénomène est fréquent, les autorités ne daignent pas réagir. Camerounweb.com vous propose l’intégralité de sa sortie.

Je suis avec un malaise certains les postures autour de la saisie puis la destruction d'un stock de poisson dans une poissonnerie (Congelcam), à Obala. Le malaise que je ressens se transforme en révolte quand j'observe les postures des principaux acteurs de cette affaire qui engage la santé des camerounais, notre santé.

Il apparaît, à l'appréciation des versions jusqu'ici livrées par les différents acteurs que le stock déversé dans les eaux de la Sanaga était effectivement constitué de poissons impropres à la consommation. Il apparaît aussi que de part et d'autres, il ressort des relents de corruptions. Des dessous de tables souvent versés à certains responsables administratifs par les responsables de la poissonnerie Congelcam. Ces constats ressortent des communications faites jusqu'ici.

Dans la réalité, responsables, mandataires de l'État, qui a pour mission de protéger les citoyens, sacrifié ceux-ci au bénéfice de leurs intérêts personnels. Dans le même temps, la poissonnerie Congelcam ne fait l'économie d'aucune manipulation pour servir à ses clients consommateurs ce qui n'est rien d'autre que du poison.

Difficile en l'Etat actuel de dire le nombre de camerounais empoisonné dans ce jeu auquel se livrent certains fonctionnaires (mandant de l'État) et les commerçants véreux agissant pour le compte de l'entreprise Congelcam.

Le vice est poussé lorsque en lieu de faire le débat sur la sécurité et la santé des camerounais, des officines établies de part et d'autres transportent le débat sur le terrain des appartenances politiciennes et tribales.

A croire que le poison qui est servi aux camerounais, dans la majorité des poissonneries, est exclusivement consommé par des ressortissants d'aires géographiques spécifiques. Tout comme il est étonnant de découvrir que toutes revendications adressées à un opérateur économique issue d'une aire spécifique ou militant d'un formation politique est exclue. Au risque de se voir affublé de quelques noms d'oiseaux.

Dans cette affaire, la curiosité est d'autant plus suscitée par les postures du gouvernement et des organisations en charge des droits de l'Homme, celles des droits de la santé en particulier.

Où sont passés le Minepia, le Minsante, le Minjustice, le Mincommerce et toutes les administrations en charge de la sécurité des consommateurs ?

Pour ma part, l'affaire du poisson avarié d'Obala offre l'opportunité de régler plusieurs débats. Celui de la qualité des produits de mer distribués au Cameroun. Celui du statut de monopole qui régit cette activité au Cameroun et pourrait rendre difficile les opérations de contrôle de qualité. Celui de cette sorte d'immunité que semble conférer l'appartenance de certains opérateurs économiques au parti le plus proche du pouvoir. Celui de la posture de certains lorsqu'il s'agit d'apprécier des actes délictueux poser par des opérateurs supposément proches de leurs aires d'origines.

Le fait est connu de tous, les camerounais consomment trop souvent des produits de mer de qualité approximative. C'est connu que les agents des administrations en charge du contrôle de qualité entretiennent des relations incestueuses avec les opérateurs du secteur de la distribution du poisson. C'est connu que l'appartenance de nombreux opérateurs camerounais leur confère une sorte d'immunité. C'est connu que les camerounais ont tendance à apprécier à l'aune de leurs origines ethniques et tribales. Malheureusement, il est un fait irréfutable : nous mourrons tous de la qualité douteuse des produits que certains de nos compatriotes distribuent sous le regard complice et encourageant des administrations concernées.

En attendant que les responsabilités soient clairement définies, vivement que le gouvernement dont la responsabilité est de traduire le rôle de l'Etat en acte prenne des mesures. Il ne s'agit pas seulement de la ville d'Obala ou du département de la Lekie. Il ne s'agit non plus du poisson seulement. Les assiettes sur nos tables sont des poissons que les opérateurs économiques véreux nous vendent avec la complicité de nombreux agents de l'administration publique.