Opinions of Saturday, 18 July 2015

Auteur: Itonde Diboua

Afrique media: Le triomphe de l'idiotie

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QUE FAUT-IL FAIRE DU NEO-"PANAFRICANISME"?

J'avais bien dit en 2011 que la défense de l'imposture Gbagbo allait inspirer d'autres impostures et faire régresser notre lutte pour la démocratie. Les forces du changement sont les plus grands perdants de la crise ivoirienne. Seuls de rares intellectuels comprirent, à l'époque, les dangers pour le Cameroun d'un discours anticolonialiste émotionnel (Jean Claude Bondol, Paul Aaron Ngomo, Franklin Nyamsi, Georges Minyem, etc.).

C'est donc logiquement qu'Afrique Média a été créé au Cameroun pour servir les intérêts des ennemis de l'alternance démocratique en Afrique, sous prétexte de combat contre l'Occident et la France en particulier.

Dans une édition récente du "Débat panafricain", un panéliste, Banda Kani, a fait sensation. Tenez-vous bien. Pour lui, les graves inondations de Douala ont été provoquées par …la France! Ne rigolez pas. Vous avez bien entendu. C'est la France qui commandite la pluie dans le pays de son choix, est responsable de la qualité du sol de Douala et de ses constructions anarchiques. Pourquoi ne demande-t-il pas au parlement français de voter une loi qui met fin à la saison des pluies au Cameroun et en Afrique? Ce monsieur sait-il que les grands pays du monde dont la France, connaissent eux-mêmes des problèmes d'inondations?

Pourquoi a-t-il créé un parti politique si c'est pour s'opposer aux mécanismes de l'alternance, à la démocratie, la bonne gouvernance, etc.? Sur la double nationalité, Banda Kani (s'attaquant à un franco-camerounais) invoque un verset biblique pour affirmer qu'on ne peut servir 2 pays ou 2 maitres à la fois. Pour lui, le binational est un traitre qui trahit le Cameroun au profit de sa patrie d'adoption. Drôle d'analyse! C'est ce que l'universitaire Jean Claude Bondol appelle "le degré -1 de la rationalité et l'analyse politique". Merci Banda Kani, merci à l'idiotie africaine, merci au "panafricanisme". Sait-il que Vivien Foé, comme beaucoup d'autres footballeurs ont servi le Cameroun jusqu'au bout? Est-il plus camerounais et utile que Mongo Béti et de nombreux camerounais d'origine? Concrètement, en quoi un binational est-il un traitre? Comme en Côte d'Ivoire, le pseudo combat contre la France, va-t-il aussi dans le futur, servir chez nous à la mise à l'écart de citoyens, ethnies, régions, etc?

Banda Kani et la quasi-totalité des panélistes ont tourné le dos à la raison pour adopter la bêtise la plus inacceptable. Ivres de la France, ils déraisonnent…Je ne peux donc que saluer ici tous ceux (Kamto, Manassé Aboya, etc.) qui ont fustigé ces dernières semaines, les dérives dangereuses de cette chaine qui fait d'énormes dégâts dont on se relèvera très difficilement.

Pendant ce temps, Biya fait l'éloge de l'autocratie, de la force et de la présidence à vie. Pour lui, l'important c'est de durer au pouvoir, à tout prix. Serait-il plus crédible que les Mandela, Goodluck Jonathan, Konaré? Dire qu'il n'est pas la cible d'Afrique Média qui divertit et manipule la population, en le présentant comme un "panafricaniste", un "nationaliste…

Voici que le voyage de Hollande a permis aux Camerounais d'apprécier par eux-mêmes le toilettage de Yaoundé et le déroulement du tapis rouge pour accueillir le président d'un pays qui (dit-on) se déguise en Boko Haram pour "vouloir chasser Biya du pouvoir", pour "déstabiliser le Cameroun", le "mettre à feu et à sang", un pays qui veut recoloniser l'Afrique pour accaparer ses richesses…Ils ont vu la bonne santé de la "guerre" de Biya contre la France.

Bientôt, des illuminés brandiront des "preuves" que les kamikazes de Fotokol ont été envoyés par la France… Des élucubrations quotidiennes auxquelles participent certains ex-upécistes (Henriette Ekwé, Mboua Massock, etc.), consacrant ainsi la 2ème mort de véritables martyrs dont les bourreaux (coupeurs de têtes) sont, pour certains, bien logés dans les arcanes du pouvoir. Biya ne s'était-il pas lui-même vanté d'avoir vaincu les nationalistes?

Des "panafricanistes" curieux et sélectifs sur la question du FCFA. Ils ne demandent pas à Biya de retirer le Cameroun de ce système. Tout se passe pour eux comme si ce dernier n'était pas au pouvoir ou concerné par cette question. C'est plutôt à Maurice Kamto et plus largement, à ceux qui recherchent une alternative pour le pays, qu'il est demandé d'annoncer la sortie du FCFA. Ce dernier a beau, dans une démarche rationnelle, expliquer que toute sortie éventuelle doit remplir des préalables, être préparée ou se faire en douceur, des partisans et proches du pouvoir l'accusent d'être un vendu qui roule pour la France…

Et que fait le régime Biya? Comme son inspirateur ivoirien (le camp Gbagbo), il attend peut-être d'abord de perdre le pouvoir et la reconnaissance internationale pour lancer la monnaie camerounaise. On a bien vu avec Gbagbo que c'est dans un contexte de confusion, voire de chaos qu'une monnaie est lancée… Dirigeants malhonnêtes, imposteurs et irresponsables.

Si la problématique de la monnaie est si facile comme le laissent croire de dangereux aventuriers comme Parfait Ndom et Cie, pourquoi ne disent-ils pas aux Grecs qu'ils sont fous d'avoir refusé le retour au drachme (qui serait un désastre, d'après le PM Tsipras), monnaie indépendante? Savent-ils au moins que la Guinée Equatoriale a fait l'expérience (non réussie) d'une monnaie propre (le Ekwélé) qu'elle a volontairement abandonnée en 1985 pour FCFA?

Lucide et rationnel, on est un ennemi de l'Afrique. Obscurantiste, dogmatique et borné, on est un "panafricaniste"…Pour Afrique Média, c'est dans l'opposition que se trouvent les valets de la France! J'avais bien signalé que le soutien aveugle d'une certaine opposition à l'imposture Gbagbo était le tournant radical de nos malheurs, et qu'il allait se retourner contre elle-même et renforcer la dictature. Quel beau gâchis!

C'est pourquoi, aujourd'hui au Cameroun et en Afrique, la promotion des dictateurs est à la mode, au nom de la bêtise monumentale africaine et d'une fausse idéologie ( ce "panafricanisme" d'A.M ne passera pas. De véritables intellectuels doivent se lever pour le dénoncer). Plus de honte sur les plateaux TV: "Nous sommes là pour accompagner les institutionnels", entendez ces dirigeants illégitimes. Néanmoins, Ouattara reste la cible préférée des intervenants. Il y a aussi désormais Kamto accusé d'être allé en Europe pour demander la fermeture d'Afrique Média… Pour Jules Njawé, le fils indigne, "La jeunesse panafricaine croupit sous la dictature puissante de Ouattara". Incroyable! Alors que Biya les opprime au quotidien, les humilie, s'en vante, fait fuir la jeunesse et a même instauré la peine de mort pour manifestation "terroriste", ces sorciers du "panafricanisme" vont plutôt chercher Ouattara pour leur rendre des comptes…

"Il faut aller attaquer Ouattara", c'est-à-dire laisser le bourreau Biya et aller chasser un grand travailleur africain qui en moins de 5 ans, a instauré la Couverture Maladie Universelle, avec un bilan assez éloquent, pendant que des gueulards sont, eux, bien occupés à proclamer des "combats" contre la France…

Habitués à la médiocrité en marche, ces individus rejettent ce qui se fait ailleurs de bien pour y copier seulement ce qui est mauvais. Illustration: les homicides racistes d'une certaine police américaine sont une belle opportunité pour justifier tous les crimes commis par des dirigeants africains. "Ailleurs, ça se fait aussi"… Tout se passe comme si l'on cherchait à justifier son propre divorce par celui de son voisin, de son ami…Est-ce vraiment de l'intelligence ça? Dois-je le répéter? Le panafricanisme ne consiste ni en la défense de l'idiotie, ni en la désignation à la vindicte publique, encore moins en la lutte contre "ces conneries des blancs", comme le dit un certain Simo.

La détestation ou l'agression de Ouattara, de Kamto ou de toute autre personne compétente et clairvoyante, ne va pas rendre l'eau potable dans nos grandes villes, ni améliorer les conditions de santé et de vie au Cameroun. De même, le déplacement perpétuel de nos problèmes et les aboiements distractifs contre la France, sans renversement du régime en place (étape obligée), ne feront qu'enfoncer le pays. On y est déjà…