Opinions of Saturday, 27 August 2016

Auteur: camer.be

Alain Mebe Ngo’o: l’art de la contradiction

Edgard Alain Mebe Ngo’o, ministre des Transports Edgard Alain Mebe Ngo’o, ministre des Transports

Le limogeage de cette même équipe ne s'est pas cependant opérée sur le dos de la tutelle qu'assume ce ministre, Edgard Alain Mebe Ngo’o . Paul Biya comme à son habitude, a certainement demandé à son ministre qu'il connait parfaitement, si l'équipe dirigeante de Camair­Co pouvait être à la fois le problème et la solution. Le débarquement du Dg et du Pca de cette compagnie, en même temps, pourrait expliquer que le ministre des Transports a estimé que l'avenir de Camair­Co dans son plan de redressement, ne pouvait plus avoir ces dirigeants dans son dispositif stratégique de management. Il vient subitement de réaliser que c’était cette équipe le problème.

La semaine qui s’achève aura été particulièrement chargée, pour le sémillant ministre des Transports (Mintraports ) Edgard Alain Mebe Ngo’o . Lundi, il a installé dans ses fonctions le nouveau directeur général de la Cameroon airlines Corporation (Camair­Co), Ernest Dikoum. Mardi, c’était au tour de celui du Port autonome de Kribi (Pak), Patrice Barthélémy Melom. Il s’est ensuite envolé mercredi pour Douala, pour prendre part à une cérémonie d’hommage à feu le directeur général du Port autonome de Douala (Pad), Emmanuel Etoundi Oyono, parti il y a quelques semaines, avant de se rendre dans cette entreprise en fin d’après­midi pour installer son nouveau dirigeant, Cyrus Ngo’o, nommé quelques heures plus tôt par le président de la République, Paul Biya.

Ce frémissement dans les structures sous tutelle du département dont il a la charge est révélateur non seulement de ce que les choses bougent de ce côté­là, mais aussi et surtout un présage à une contribution plus importante du secteur des transports à l’économie camerounaise. Mais, de tous les dossiers réputés réglés pendant cette semaine, le cas Camair­Co continue d’entretenir de vives inquiétudes, aussi bien au sein des pouvoirs publics que de l’opinion.

Et l’illusion d’une sortie prochaine de la zone de turbulences, entretenue à travers la validation, il y a quelques semaines, du plan de redressement proposé par Boeing Consulting, a du mal à se dissiper en raison de la non définition d’un calendrier précis de cette restructuration. Et, comme par enchantement, Edgard Alain Mebe Ngo’o , qui avait fait du véritable décollage de la compagnie son chantier le plus important et le plus immédiat, dès son arrivée le 02 octobre 2015 au Mintransports, a tenté de démontrer, lundi dernier, que le plomb dans l’aile de Camair­Co était le top­management limogé.

Impératif catégorique.

Depuis sa nomination en effet, Edgard Alain Mebe Ngo’o aura été totalement en osmose avec Jean Paul Nana Sandjo et Edouard Akame Mfoumou, respectivement ancien directeur général et ancien président du conseil d’administration de la compagnie aérienne publique. Du moins il n’avait marqué aucune réserve quant à leur capacité à conduire la Camair­Co vers des cieux plus cléments.

Il n’avait évoqué jusqu’ici que de la dette fournisseur de l’entreprise, estimée à plus de 35 milliards FCFA, de son lourd déficit d’exploitation (1,5 milliards F CFA par mois), entre autres problèmes structurels auxquels aucune solution n’a pourtant pu être trouvée. Or le même jubile aujourd’hui, comme s’il avait décroché la lune à travers la nomination du tandem Ernest Dikoum/Mefirou Oumarou pour diriger l’opérateur public du transport aérien. On couvre désormais d’opprobre l’ancienne équipe dirigeante, oubliant que les mêmes superlatifs de m. Mebe Ngo’o à l’endroit de la nouvelle équipe avaient déjà été usités lors de l’installation de Nana Sandjo et Akame Mfoumou, en juin 2014 par son prédécesseur, Robert Nkili.

En ouvrant ainsi un procès en incompétence contre l’ancien top­management de Camair­Co, l’ancien directeur de cabinet de Paul Biya reconnaît implicitement qu’il y avait un problème Nana Sandjo de ce côté­là. Mais comment comprendre aujourd’hui qu’il ait, sans ménagement, fait limoger l’ex­directeur général de l’autorité civile aéronautique du Cameroun (Ccaa), Pierre Tankam, qui avait, entre autres, osé le constat d’un encadrement inefficient de la compagnie au plan technique?

Comment a­t­il pu demander, récemment à cette même Ccaa, de lever sa décision portant interdiction des vols Camair­Co vers les aéroports de l’Union européenne, pour le même motif d’encadrement sécuritaire insuffisant de la compagnie ? Cet homme doit bien nous cacher quelque chose… Il y a comme une sorte de contradiction permanente, de lutte incessante entre le discours d’Edgard Alain Mebe Ngo’o et ses actes.