La semaine dernière, le ministre du Commerce, Luc-Magloire Mbarga Atangana, un des plus actifs de l’équipe, a fait une descente à Douala, pour assister à la destruction d’un stock de « mauvais ciment » ; du ciment contrefait dans un immeuble abandonné, racontent les journalistes invités à vivre cet événement et à rendre compte.
Ce qui a été fait, et bien. Mais la suite de l’affaire ? Elle est très attendue car il ne s’agit pas d’une broutille dans la contrefaçon et la contrebande qui font des ravages au Cameroun. Sans émouvoir grand monde. Nous avons appris que dans cette usine on fabrique – je le dis au présent de l’indicatif parce que ce n‘est pas fini ; celle-là a été démantelée, il en reste sans doute d’autres- je disais donc qu’on fabrique le ciment de toutes les marques produites au Cameroun et importées. Avec quoi ? à l’aide de la poussière sortie des usines locales et du sable. Et l’usine dispose des emballages de tous les producteurs locaux voire étrangers.
D’où sortent donc ces sacs dans lesquels est conditionné ce ciment contrefait ? Le public n‘aura certainement pas de réponses à ces questions et d‘autres qui relèvent de la contrefaçon. Le sujet est hyper sensible et ne saurait être traité n’importe comment.
L’ingéniosité des Camerounais est légendaire comme les acteurs de la contrefaçon sont puissants. Qui s’y frotte n’importe comment s’y pique. Raison pour laquelle l’usine démantelée il y a quelques temps déjà a continué à tourner jusqu’au récent démantèlement.
Mais combien de victimes depuis que cette activité prospère ? D’abord les jeunes gens qui exécutent ce sale boulot. Ils sont là à « l’université de la triche et de la fraude ». C’est certain qu’ils tamisent et mélangent la poussière de ciment et le sable sans équipements de protection individuelle qui sont des vêtements spéciaux, des gants, bottes, cache-nez, casque, produits de désintoxication etc. Ce qui les expose aux maladies de la peau, d’yeux et des voies respiratoires. C’est ce semblant de ciment qui se retrouve sur le marché et qui est à l’origine de ces immeubles qui s’écroulent, tuant les ouvriers, voire les occupants des maisons bâties avec ce matériau.
En matière d’impôts, l’Etat ne gagne pas un seul radis de ses usines logées dans les sous-quartiers et dangereuses pour les voisins à cause des émanations de gaz et de poussières qu’elles dégagent. Il n’ ya pas que le ciment de contrefaçon qui pollue ainsi le marché et l’environnement. Les vins, les liqueurs, les produits laitiers, les cosmétiques n’y échappent pas.
La consommation de tels produits est sans doute la source de ces nombreuses maladies qui accablent les consommateurs camerounais. Ces mauvais produits se trouvent aussi bien dans les épiceries que dans les super-marchés.
C’est dire qu’au Cameroun, on creuse sa tombe avec ses propres dents.
Tellement on consomme des produits impropres, dangereux à la santé. Au vu des dégâts qui résultent de la contrefaçon, il est temps que l’Etat renforce le contrôle et surtout l’origine des produits de consommation courante qui inondent les surfaces commerciales.
Certains operateurs économiques avides du gain développent des activités criminelles qui exposent des milliers de vies. Il s’agit là d’une autre forme de terrorisme à réprimer par une loi similaire à celle de 2014. Véreux, l’Etat trouve son compte dans le contrebande, la contrefaçon, la piraterie et que sais-je encore. Très souvent les flibustiers sont dénoncés, débusqués voire livrés à la gendarmerie mais par on ne sait quel tour de passepasse, ils se retrouvent en liberté et se vantent d’avoir des « relations ».
Peut-on nous dire pourquoi prospère la vente à la sauvette d’un produit aussi sensible que le médicament ? Les pharmaciens voire l’ensemble du corps médical ont beau crier sur tous les toits pour arrêter ce fléau, rien n’y fait. Il y a des gens qui vous opposent de « laisser ces jeunes gens de débrouiller ainsi au lieu d’être des braqueurs ». Un vendeur de médicaments dans la rue est-il moins dangereux qu?un braqueur ? Ce dernier peut abattre sa victime sur-lechamp dès lors qu’il ne trouve pas ce qu’il veut ou qu’il ne se sent pas en sécurité. Le vendeur à la sauvette du médicament vend la mort lente, parfois subite.
Tout vendeur de produit contrefait est un tueur du même acabit.