Le 6 mars 2006, l'ex-ministre de l'Energie et de l'Eau, Alphonse SIYAM Siwe, a été interpellé à Yaoundé par le Groupement spécial d'opération (Gso) après la cérémonie de passation de service à son successeur. C'était la fin humiliante de plus de 20 ans passés dans la haute administration.
L'attention des camerounais a été attirée sûr les soit-disant détournement qu'il aurait commis du temps où il fut directeur général du Port autonome de Douala. Mais ce que les Camerounais ignorent ou font semblant s'ignorer est qu'en réalité, Alphonse SIYAM Siwe paye pour avoir voulu bousculer les intérêts mafieux de American Energy Sirocco(Aes) l'entreprise américaine qui a racheté les parts de la Société nationale d'électricité (Sonel) en 2001.
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Le tort du ministre SIYAM Siwe est d'avoir retiré à Aes la gestion du barrage en construction de Lom Pangar pour la confier à Electricity développement corporation (Edc). Aes a même menacé de poursuivre l'Etat du Cameroun en justice pour cela. Mais SIYAM Siwe a menacé d'auditer le contrat de concession entre l'Etat et Aes.
Aes détenait le monopole de fait de la production et le transport de l'énergie électrique et pouvait de ce fait fixer les prix exorbitant aux potentiels concurrents qui ont fini par se décourager. Bien plus, Aes sonel n'a pas pu combler le déficit en énergie électrique. D'où la volonté de SIYAM de réviser le contrat de concession entre l'Etat et Aes.
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Ce que SIYAM Siwe ignorait est qu'il venait de donner un coup de pied dans une fourmilière mafieuse bâtie par Aes en complicité avec certains caciques du régime politique camerounais. Son arrestation est intervenue 6 mois après avoir déclaré à Cameroon Tribune qu'"il est normal de revoir le contrat avec Aes". Il sera remplacé au ministère de l'Eau et de l'Energie par feu Justin Ndioro, alors PCA de... Aes Sonel. Simple fait du hasard ?
L'arrestation de Siwe intervient dans un contexte où le régime de Paul Biya, sous le couvert de l'Operation dite Épervier, a engagé une chasse à ses hauts cadres les plus rigoureux, compétents, intègres et réformistes, juste parce qu'il les soupçonnait d'ambitions présidentielles.