Le gouvernement de Yaoundé devrait certainement danser de plaisir en apprenant la nouvelle : la nébuleuse séparatiste qui entretient le projet de fonder un Etat constitué des deux régions anglophones du Cameroun serait en passe d'éclater à cause des divergences de ceux qui en revendiquent la direction, sur les stratégies permettant d'atteindre leurs objectifs.
La goutte d'eau qui fait déborder le vase de ce qui était jusqu'ici considéré comme l'unanimité des mouvements séparatistes plus ou moins regroupés autour du "Ambazonia Government Council" est l'enlèvement et le probable assassinat du délégué régional pour la région du Nord-ouest du ministère des Affaires Sociales, Animbom Aaron Ankiambom.
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Le haut fonctionnaire camerounais qui est lui aussi ressortissant de la zone anglophone avait été kidnappé le 24 février alors qu'il revenait des obsèques d'un parent, et sa voiture incendiée.
Deux semaines après son enlèvement, soit le 10 mars, il apparaissait sur une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, implorant –sur instructions de ses kidnappeurs- la ministre des Affaires Sociales de plaider auprès de ses collègues du gouvernement pour que les leaders sécessionnistes arrêtés au Nigeria début janvier et extradés au Cameroun –dont on est toujours sans nouvelles depuis lors, en totale violation de toutes les lois- soient montrés en public, question de rassurer leurs partisans sur le fait qu'ils sont encore en vie, faute de quoi il serait exécuté dans les 48 heures qui suivaient.
25 jours après, difficile de dire ce qu'il est advenu de Animbom Aaron Ankiambom. Tout au plus pense-t-on que le gouvernement camerounais n'ayant pas cédé aux injonctions des sécessionnistes, mais ayant au contraire multiplié les atrocités en zones anglophones où des villages entiers ont été incendiés et des populations civiles tuées au même titre que les sécessionnistes, ces derniers qui ont à leur tour adopté la stratégie de la barbarie en tuant des militaires et policiers, pourraient avoir mis à exécution leur menace d'en finir avec le délégué régional.
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C'est du moins ce que semble confirmer Chris Anu, le Secrétaire à la Communication et porte parole du "gouvernement" en débandade d'Ambazonie, qui, dans une lettre ouverte à ses camarades de lutte datée du 4 avril 2018, affirme : « «Animboum Aaron Akiabom, délégué des Affaires Sociales à Bamenda, un pasteur de longue date / Diacre de l'Eglise Baptiste avait été enlevé à Batibo alors qu'il rentrait des funérailles.
Cho Ayaba avait revendiqué ce rapt à travers une vidéo publiée le 10 mars sur des réseaux sociaux, Je viens d'apprendre qu'il a été exécuté. Je n'ai absolument aucune excuse pour le meurtre impitoyable d'un homme qui était également une victime comme vous et moi, et plus encore, un pasteur ».
Chris Anu qui passe pour un militant modéré de la cause sécessionniste, au même titre que la plupart des leaders du mouvement aujourd'hui gardés au secret depuis leur extradition au Cameroun (ou exécutés sommairement d'après certaines sources difficiles à vérifier), tient pour responsable du "meurtre" du délégué régional, un de ses compagnons de lutte, Lucas Ayaba Cho présenté comme le chef de l'une des branches armées du mouvement sécessionniste, dénommé Ambazonia Defence Forces (Forces de Défense de l'Ambazonie).
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Dans sa lettre qui se veut rien moins qu'un appel au soulèvement contre un chef militaire (Lucas Ayaba Cho) qui serait devenu aussi fou que leurs oppresseurs, Chris Anu recadre les sécessionnistes extrémistes en leur rappelant les nobles objectifs de leur lutte : « Camarades Ambazoniens, nous nous sommes engagés dans cette révolution, non pour en tuer les victimes, mais pour poursuivre ceux qui ont fait de nous des victimes. Oui! C'est une révolution, mais une révolution ne va pas après les siens, surtout ceux qui sont considérés comme impuissants.
Pourquoi tous ces politiciens et les Atanga Nji du Cameroun devraient-ils partir libres et Ayaba poursuivre les plus faibles? Si les gens de bien dans cette révolution ne tiennent pas tête à Cho Ayaba qui veut sacrifier cette lutte sur l'autel du pouvoir et de la célébrité, alors, comptez sur moi. ».
En fait, à lire entre les lignes, Chris Anu n'est pas contre la violence exercée contre les ennemis de la cause « ambazonienne », mais contre le fait qu'elle soit perpétrée contre des gens "innoffensifs".
Un avis que ne partagerait pas son cher "camarade" Ayaba Cho, plus résolu à faire comme l'ennemi, quitte à répondre un jour des faits de crimes de guerre. On ne peut qualifier autrement le fait de tuer un être humain impliqué ou pas dans une confrontation armée une fois qu'il est a été pris, armé ou pas, par la force ennemie.
Même s'il est vrai que la bande à Ayaba tient cela de leur ennemi, Yaoundé, qu'il ne serait bientôt plus excessif de considérer comme leur allié tacite dans l'entreprise d'extermination des populations anglophones du Cameroun.