Il y a environ 18 mois, l'ancien gouverneur de la région du Sud-Ouest et du Nord-Ouest, David Abouèm A Tchoyi, avertissait le président Biya que la crise anglophone pourrait devenir une version plus dangereuse de Boko Haram.
L'ancien administrateur civil qui a été gouverneur des deux régions anglophones a noté récemment qu’il ne servait à rien de fermer les yeux sur le problème des régions anglophones.
LIRE AUSSI: The Guardian perce le mystère de la guerre en Ambazonie
« On peut rester sourd aux appels, fermer les yeux sur l'évidence, s'affronter dans le déni, ou même penser comme le premier vice-chancelier de l'Université fédérale du Cameroun qui, en répondant à cette question en 1964, avait eu cette phrase mémorable : " Il n'y a pas de problème anglophone ; tous les anglophones apprennent le français très rapidement ". Mais c'est nous tous qui, très vite, allons être rattrapés par les réalités » avait averti l'administrateur.
David Abouèm A Tchoyi a fait remarquer que le problème anglophone n'est pas une vaine menace et une rhétorique selon laquelle le Cameroun est un et indivisible. L'ancien gouverneur a également indiqué qu'il ne s'agit pas d'un problème de vie commune.
Il a révélé que le Southern Cameroon en tant que nation a accueilli des milliers de Camerounais français qui ont échappé au travail indigène et forcé des colons français et d'autres Camerounais français impliqués dans la lutte pour l'indépendance de l'UPC.
LIRE AUSSI: Pour avoir soutenu Peter Balerin, un conseiller de Biya risque gros
« Ce n'est pas un problème entre anglophones et francophones : il n'y a jamais eu de conflit entre compatriotes sur les deux rives du Mungo, sur la base des différences linguistiques. Ce n'est pas le rejet de ce qui vient du Cameroun francophone : aucune communauté du Nord-Ouest ou du Sud-Ouest ne s'est jamais opposée aux pratiques des Bassa, Beti, Bamileke, Peuhl, Peuhl, Sawa.... ou d'autres communautés de l'ancien Cameroun oriental sur son territoire.
Selon David Abouèm à Tchoyi, six points sont à prendre en compte en ce qui concerne le problème anglophone :
1- Critique de l'État centralisé
2- Le transfert des centres de décision à Yaoundé, loin des populations anglophones et de leurs problèmes
3- Non-respect des engagements de prendre en compte équitablement les cultures et traditions institutionnelles, juridiques et administratives héritées des anciennes puissances colonisatrices.
4- Non-respect des promesses solennelles faites lors de la campagne référendaire.
5- Le changement de nom de l'État : remplacement de "la République Unie du Cameroun" par "la République du Cameroun".
6- Non-respect du bilinguisme dans le secteur public, bien que la Constitution fasse du français et de l'anglais deux langues officielles de valeur égale.