Opinions of Friday, 22 June 2018

Auteur: CL2P

Ambazonie: un journaliste anglophone sous le coup de menaces de mort répétitives

Des militaires camerounais Des militaires camerounais

Après le cambriolage à son domicile, les menaces de mort anonymes se font plus précises…À l’image notamment de celle reçue récemment par le journaliste sur facebook.

Nous lui assurons de toute notre solidarité face à ces menaces souvent feintes mais récurrentes, et tenons les autorités camerounaises responsables de la sauvegarde de son intégrité.

Le CL2P reconnaît que ce genre d’intolérance contre Michel Biem Tong n’est pas généré par le vide, et qu’il s’agit en fait d’une réaction à une autre intolérance qui procède d’un nettoyage systémique de «dissidents» entériné par l’État. Car les gens qui attaquent Biem Tong portent aussi le drapeau de la haine parrainée par l’État policier du Cameroun..

Ainsi, si vous voulez savoir quel est le sentiment le plus commun au Cameroun aujourd’hui? Nous pensons sans hésiter que beaucoup de gens diraient la déception. Ce sentiment vient de l’amélioration insuffisante des conditions de vie des Camerounais ordinaires, au milieu d’une stagnation économique sans fin.

Un exemple de cette déception tient au fait que de nombreux Camerounais ordinaires découvrent que les ressources et les opportunités de progrès dans la société sont de plus en plus concentrées entre les mains de quelques-uns. Les personnes des couches moyennes et inférieures de la société sont de plus en plus marginalisées et constatent qu’il est de plus en plus difficile, voire impossible, d’améliorer leur vie, et même d’envisager un avenir meilleur pour leurs enfants. Cette réalité désastreuse est aggravée par le fait que les déséquilibres des droits sociaux, la réduction de la mobilité sociale, et le durcissement de la structure sociale conduiront inévitablement les riches à devenir plus riches et les pauvres plus pauvres, les forts plus forts et les faibles plus faibles.

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Cette stagnation de la mobilité sociale s’accompagne inévitablement d’une série de conséquences désastreuses. Le plus grand mal ne réside peut-être pas dans le fossé entre les riches et les pauvres, mais dans la détérioration de l’écosystème sociétal global et de l’effondrement du pays en raison de la corruption généralisée générée par un pouvoir incontrôlé et omnipotent.

La raison principale de cet effondrement est la légalisation des lois de la jungle.

En effet, le manque d’opportunités fait que les gens ordinaires n’ont qu’un vague espoir d’obtenir des ressources sociales et de progresser. Dans une société qui manque d’opportunités de survie, de développement et d’expression, les gens ordinaires ressentent la pression qu’ils ne peuvent que gagner aux dépens de leur moralité. Le processus est souvent plein d’injustices, dépourvu de foi, et devenu extrêmement violent et cruel.

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Comme le montre Jean-Marie Teno dans chef (1999), c’est comme ça que la logique du fort qui maltraite le faible et le faible qui maltraite plus faible que lui est ainsi née et légalisée par les lois de la jungle.

Par conséquent, gardons un sens de la proportion ici. Les gens égarés qui s’en prennent à un journaliste Web sont dans le mauvais combat. Un journaliste est comme un thermomètre, briser le thermomètre ne guérira pas la maladie générée par le régime de Biya au cours des 35 dernières années.

À bon entendeur, salut !