Opinions of Friday, 11 March 2016

Auteur: Ponus

Appels, contre-appels, : Le crépuscule du Renouveau

L’alternance est de plus en plus certaine et ne semble plus lointaine. Comme les signes de l’apocalypse, la météo politique présente une violente tempête au sein du Rdpc, provoquée par un bal d’hypocrites, aux allures d’obsèques du partiEtat. Le glas semble avoir sonné et visiblement, les cœurs battent la chicane autour de la table de la mangeoire, pour laisser place à l’insomnie. Au fait, de quoi le Rdpc a-t-il peur ? 

#PaulBiya Tout est parti depuis la fin du renouvellement des organes de base du Rassemblement démocratique du peuple camerounaise(Rdpc), qui a démontré, une fois de trop,  que ce parti au pouvoir depuis une trentaine d’années, n’a rien de démocratique, en commençant par le respect de ses propres statuts. Cela a permis de comprendre aisément pourquoi dans ce parti qui peut vivre sans congrès ordinaire, on musèle et intimide tous ceux qui osent se présenter comme challengers de Paul Biya, le président national (N’est-ce pas Tobie Ndi, Saint Eloi Bidoung… ?). Aujourd’hui, il suffit tout simplement d’être un modeste observateur de la scène politique pour constater que cette situation a aussi laissé entrevoir que le Rpdc est loin d’être un parti de rassemblement. En tout cas, depuis lors, c’est la division, l’atmosphère est implosive, comme le témoignent les militants à travers la république, à l’image de ceux de Yaoundé 7 qui ont fait circuler des tracts aux messages fort évocateurs. « Non au gangstérisme politique  au Rdpc... », dénoncent-ils avec fougue, en indexant des imposteurs dont certains hauts cadres du parti, superviseurs du renouvellement des organes de base dans cette circonscription, d’être les « responsables  de la mort du Rdpc » chez eux.

D’une manière générale, entre ceux qui désavouent leurs partisans en direct sur des plateaux de télévisons, dans des pamphlets, et d’autres qui lancent des accusations à peine voilées à travers différents messages, il y a de quoi s’inquiéter de la cohésion des membres de ce parti, en charge des affaires du Cameroun depuis 1985. De quoi le rdpc a-t-il peur ?

Le président Paul Biya a été élu pour sept ans, renouvelables à perpétuité, en 2011. Cela ne fait plus l’objet des débats. Il ne lui restait donc plus que deux années d’exercice. Ce qui amène à se poser des questions sur les véritables mobiles subits du ballet des appels et des motions de soutien « au nom du peuple ». Lorsqu’on y ajoute les interdictions récurrentes des meetings politiques des partis d’opposition, des interdictions des débats sur l’alternance,  une frilosité aggravée au sein du pouvoir…, on a l’impression qu’il s’agit là des soubresauts d’une fin de règne qui s’annonce tumultueuse et chaotique. « Un flagrant délit de sabotage, de manipulation et d’hypocrisie dont les coupables devront répondre devant les tribunaux de l’histoire ». Ces termes sont bien ceux de Saint Eloi Bidoung, un cadre du Rdpc et adjoint au maire de Yaoundé 6, qui qualifient à sa manière, en trouvant des mots justes, les actes de ces militants par décret qui investissent les places de fêtes , à travers le pays, pour cuisiner des  appels à la candidature de Paul Biya à la prochaine élection présidentielle anticipée. Un comportement d’autant plus incongru et  suspect que selon les statuts même de ce parti, « seul le congrès, réuni en section ordinaire ou extraordinaire est habilité à désigner le candidat du parti à l’élection présidentielle », apprend-on.

Lorsqu’on sait que ces appels arrivent au moment où notre pays a besoin de paix et de calme, surtout de concentration  et de vigilance, pour lutter contre un ennemi commun appelé Boko Haram, pour gérer environ 160 000 déplacés dans le septentrion, on déduit qu’il s’agit d’un scénario monté par des l’égoïstes qui veulent distraire le peuple au nom duquel ils prétendent parler, à un moment crucial où « le temps est à l’action et non à l’élection», déclare Saint Eloi Bidoung, qui estime qu’il s’agit des nuls qui sont « incapables de dire comme Saint Eloi « Oui, je peux gagner face à Paul Biya». Parce que le temps est venu de mettre en pratique les doctes recommandations de cet homme maintenant à la force de l’âge et sur qui tous les sorts sont possibles». Rien d’étonnant pour des propos venu d’un militant convaincu, qui a eu à subir les affres des caciques pour avoir tenté d’affronter Paul Biya au poste de président national.

En réalité, ce tourbillon pour des  nuls cousu de motions de soutien irréalistes, n’est qu’un bal, organisé par des « fourbes et hypocrites. Ils pensent que clamer des appels leur procurera l’immu nité ou des circonstances atténuantes devant les tribunaux ». 

Au fait, quel homme d’affaires camerounais peut-il se targuer de n’avoir pas bénéficié des largesses (ou au moins les yeux fermés) du régime actuel pour s’enrichir ? Du coup, il devient important pour les Camerounais de se convertir en archivistes, pour classer en bonne place tous ces motions de soutien, ainsi que leurs signataires, afin que les auteurs prennent leur responsabilité devant l’histoire et qu’ils s’expliquent le moment venu sur les raisons de leur choix. Ironie du sort dans le septentrion Comme par hasard, pendant que  l’appel à candidature a été entaché de sang à Garoua, où 58 militants venus du MayoRey ont été victimes d’un accident, Ngaoundéré a été le théâtre d’une scène insolite. 

Le leader régional du Rdpc dans l’Adamaoua, le richissime Alhadji Abbo Mohamadou Osmanou, membre du bureau politique et leader régional du Rdpc s’est écroulé en plein meeting après avoir invité Paul Biya à se présenter aux prochaines élections présidentielles. «Paul Biya, à 83 ans, a encore toutes ses forces pour se représenter pour un nouveau mandat et diriger le Cameroun à bon port», a-t-il alors déclaré.

Malheureusement,  l’octogénaire n’a pas pu regagner son siège à la tribune officielle. Il s’est écroulé et a été évacué à son domicile. Voilà un homme qui, fatigué à 80 ans, trouve que son aîné qui a 83 ans, peut encore mieux faire pour la république. Selon certaines informations un acte similaire a eu lieu lors du meeting du même genre dans la Région du Nord-ouest, où un autre richissime a connu le même sort.

En somme, une ironie à laquelle les oracles pourraient certainement donner une explication.