Cyrille Sam MBAKA, Président de l’AFP, Alliance des Forces Progressistes refait le portrait du président de la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT), il raconte les débuts difficiles de Samuel Eto’o ainsi que ses ambitieux projets.
Joueur international. Polyglotte. Richissime. Sulfureux et idolâtré. Originaire d’un pays de footeux. L’homme aurait pu s’offrir une vie rêvée après avoir raccroché ses crampons. C’était mal le connaître. Il aime les défis insensés et les missions impossibles. Après avoir construit sa réputation, il prépare sa légende. Les spécialistes du ballon rond le savent mieux que moi. Rien ne prédestinait Samuel Eto’o à devenir ce joueur charismatique.
Originaire d’Afrique. Sa famille ne roulait pas sur l’or. Chétif, il n’est pas né avec une cuillère en argent dans la bouche. Et pourtant. Gringalet, il n’avait pas le physique de l’emploi. D’ailleurs son premier club en France, n’a pas cru en lui. C’est en Espagne que le gamin a trouvé sa terre d’accueil. Et plus tard, sa corne d’abondance. Ce parcours du combattant semé d’embûches a forgé son caractère. Sa volonté de s’élever au-dessus de son des- tin est devenue un horizon indépassable. Son point de fixation. Eto’o avait la rage chevillée au corps. Et le cœur à l’ouvrage.
Le football a toujours sauvé le Cameroun. Nous sommes un pays de mordus du ballon rond. Et les Lions Indomptables ont grandement participé à cette fierté nationale. Malgré les vicissitudes de la vie, malgré des primes non versées ou au compte-goutte, les joueurs ont serré les dents et rempli leurs missions. Les joueurs camerounais ne sont pas nombreux à avoir fait fortune grâce au ballon rond. Et pourtant, des talents, le Cameroun en regorge. Samuel Eto’o sort du lot. Son parcours international est éloquent et parle pour lui.
Pourquoi voulait-il tant revenir dans le marigot du football local? Tant qu’il marquait des buts et portait haut les couleurs des Lions Indomptables, Samuel Eto’o était reçu comme un prince. C’était l’Enfant du pays. Le modèle. De là à vouloir s’occuper de notre fédération. Quelle mouche l’avait piquée? Des tirs de barrage, des humiliations, des chausse-trappes…
Difficile d’en faire l’énumération exhaustive. Il en a bavé des ronds de cuir. Tout ce qui ne vous tue pas vous renforce. Le philosophe Nietzsche avait bien raison. Au nom de quoi Samuel Eto’o s’arrogeait-il le droit de venir farfouiller dans notre cuisine se sont demandés ses détracteurs. Il n’avait qu’à rester à sa place.
Les âmes charitables s’interrogeaient.
Pourquoi se fourvoyer dans cette galère? Pourquoi s’engluer dans la pétaudière du football camerounais? C’était mal connaître son acharnement et son inflexibilité. Des couleuvres avalées et une campagne menée tambour battant. Samuel Eto’o devait nous faire rêver. Mais qu’il nous laisse gérer nos affaires. Nous avons pourtant été les témoins interloqués des dérives. Choqués par la gestion hasardeuse du football par nos dirigeants.
La presse a fait ses choux gras des détournements abyssaux. Le Cameroun a failli connaître son Waterloo après avoir organisé la CAN, la Coupe d’Afrique des Nations. Presque miraculeusement, les Lions Indomptables nous ont évité l’humiliation et les règlements de compte. On attend toujours le bilan de cette CAN.
Les populations attendent que les responsables de la dérive financière répondent de leurs méfaits. Curieusement, l’arrivée de Samuel Eto’o à la tête de la Fédération nationale du football a donné un second souffle. L’homme est rompu aux méandres du football international. Il conviait les acteurs. Il connaît les Us et coutumes, les codes et le langage.
Comme un bon présage, les commentateurs férus de football national notent déjà une amélioration sensible de l’état d’esprit. Comme un moment de grâce. Samuel Eto’o parviendra-t-il à réconcilier les Camerounais avec leur équipe nationale, redynamiser leurs clubs et les remplir les stades? C’est ce chantier difficile et escarpé que Samuel Eto’o va prendre à bras le corps.
Après une troisième place à la CAN, voici l’équipe nationale et les Lions Indomptables qualifiés pour la Coupe du monde 2022. Au bout du temps additionnel et de la prolongation, de justesse. Samuel Eto’o n’est pas un démiurge. Encore moins un faiseur de miracles. Ce qu’il a déjà montré c’est une détermination sans faille. Sa volonté de rester à la barre par gros temps et de maintenir le cap. Coûte que coûte.
Notre pays a eu des joueurs d’exception. Difficile de tous les citer. Ils ont participé au renom de notre pays. Ils ont écrit les plus belles pages de notre histoire footballistique… Samuel Eto’o s’ins- crit dans cette continuité. Souhaitons-lui bon vent. Et restons vigilants. Ses succès ne doivent pas faire oublier les dérives passées.