Le texte ci-dessous est une lettre ouverte adressée par Marlène Emvoutou au ministre camerounais de la justice Laurent Esso
Excellence monsieur le ministre d’état,
Le mercredi 12 juillet 2017, la chaîne de télévision camerounaise canal 2 international a diffusé dans l’édition du journal de 20 heures, une remise de dons à La prison centrale de Yaoundé.
Le reporter y présentait le professeur Gervais mendo ze et monsieur Jean Baptiste nguini effa, comme étant des prisonniers de luxe.
De même, les visages d'autres détenus étaient clairement identifiables.
Y faisant suite, je me permets de vous interpeller pour attirer votre attention sur ces agissements qui représentent une atteinte grave au principe d’égalité entre tous justiciables, une atteinte aux droits fondamentaux des prisonniers, à leur dignité mais aussi un mépris absolu pour les victimes.
Excellence monsieur le ministre d’état,
J’ai du mal à m’imaginer que vous avez autorisé que des caméras rentrent dans la prison pour diffuser les images dégradantes de vos anciens collègues en détention provisoire ...
Pour avoir été détenue dans cette prison, je sais que les téléphones et autres cameras sont interdits dans l’enceinte de la prison.
J’ai été surprise de voir des scènes en direct des réseaux sociaux, montrant l’intérieur des cellules et les conditions de détention des prisonniers.
De telles images portent atteinte à l’image de notre pays.
Dans la déclaration universelle des droits de l’homme, il est inscrit que tous les hommes sont égaux en droits et en devoirs, même un prisonnier à des droits ...
Ne devrait- on pas requérir l’accord explicite d’un prisonnier pour diffuser son image au grand public ?
A t- on penser aux victimes qui voient des personnes qui leur ont causé du tort s’amuser et rire aux éclats ?
Excellence monsieur le ministre, à mon avis cette vidéo avait un seul but, celui de montrer comment le régime de Paul biya a broyé toutes celles et ceux qui l’ont servi fidèlement.
A cet effet, je vous prierai de prendre les mesures adéquates pour limiter de telles dérives.
Tout en remerciant les âmes de bonne volonté qui viennent au secours des prisonniers,
Excellence monsieur le ministre d’état, je tiens aussi à vous remercier pour toutes les mesures que vous avez personnellement initié pour améliorer les conditions de vie des prisonniers.
Cependant, des personnes mal intentionnées profitent du vide juridique qui existe relatif aux visiteurs de prisons.
C’est ainsi que des personnes de mauvaise moralité s’érigent spontanément en visiteurs de prisons, utilisant les images des prisonniers célèbres pour commettre des forfaits.
Excellence, je sais qu’on ne refuse pas un don, mais en droit, un don peut devenir un recel de malfaiteur ou un blanchiment maffieux. ..
Je souhaiterai qu’une enquête de moralité soit initiée au préalable pour toutes les personnes désireuses de faire des dons dans les prisons du Cameroun.
Excellence monsieur le ministre d’état connaissant votre sens élevé d’éthique républicaine,
Je vous prierai d’accorder un intérêt particulier à ma démarche qui, j’en suis convaincue, correspond à la politique de moralisation de nos institutions prônée par le président de la république, Paul Biya.
Je vous remercie.