Opinions of Thursday, 26 November 2015

Auteur: Onana N. Aaron

Après l'affaire Messanga, voici l'affaire Stéphane Ngwanza

Stephane Ngwanza Photo: (c) Archives Après l’affaire Messanga Nyamding qui a ébranlé l’Institut des relations internationales du Cameroun (IRIC) en octobre dernier, voici une nouvelle affaire de plagiat qui est de nature à porter le discrédit sur cette prestigieuse école qui forme les hauts fonctionnaires au Cameroun. En effet, Stéphane Ngwanza, son Directeur adjoint est accusé d’avoir plagié les français Gilles-Favarel Garrigues et Samy Cohen.

Selon le quotidien Mutations qui en fait la révélation dans son édition n°4032 en kiosque ce jeudi 26 novembre 2015, dans la revue camerounaise d’études internationales, numéro spécial du deuxième semestre 2011, Stéphane Ngwanza publie un article sous le titre: «l’Etat à l’épreuve des menaces criminelles transnationales: le cas du Cameroun face au phénomène des coupeurs de route». Dans cet article qui va de la page 167 à la page 176, le lecteur retrouve des pans entiers d’une production scientifique du français Gilles Favarel-Garrigues (chargé de recherche au Centre d’études et de recherches internationales-Ceri-Cnrs) publié en 2002 sous le titre «La criminalité organisée transnationale: un concept à enterrer ?», dans la revue l’Economie politique n°15, de la page 8 à la page 21. 

«A de rares endroits, quelques mots sont remplacés par des synonymes, sans rien enlevé au flagrant délit de copiage. Ce d’autant plus que l’enseignant n’a pas pris la peine de citer son devancier dans ce champ d’étude», révèle Mutations.

Le journal indique que dans son travail suscité, le Dr Ngwanza, enseignant permanent (chargé de cours) à l’IRIC depuis 2007, docteur en sciences politiques et directeur adjoint de cette école, a également copié de larges passages d’un article de Samy Cohen, directeur de recherche et enseignant à Sciences Po-Paris. Intitulé «Les États face aux nouveaux acteurs». Cet article a été publié sur 11 pages dans la revue «Politique internationale», n°107, courant 2005.

En attendant de savoir la suite qui sera donnée à ces différents cas de plagiats qui discréditent l’IRIC, le journal Mutations publie également les extraits du plagiat que nous reprenons ci-dessous:

 

"La formulation d’un problème international Au cours des années 90, le concept de criminalité organisée transnationale a rencontré un succès considérable et a circulé dans de nombreux milieux professionnels. Une liste impressionnante d’ouvrages, de revues spécialisées, de sites Internet, de centres d’études et de recherches lui ont été consacrés. Or, ce sujet ne doit rien à la précision du concept, comme en témoignent d’incessantes difficultés de définition, lesquels sont de deux ordres au moins. D’abord, les expressions «criminalité organisée» ou «organisations criminelles » ont toujours suscité des controverses. Lorsqu’un consensus apparaît entre les Etats sur la nécessité contre les formes de délinquance, les définitions retenues paraissent formidablement étendues. Ainsi, à Palerne, en décembre 2000, les 120 pays signataires de la Convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée se sont accordés à définir les groupes criminels comme des« groupes structurés de trois personnes ou plus existant depuis un certain temps et agissant de concert dans le but de commettre une ou plusieurs infractions graves ou infractions établies conformément à la présente convention, pour en tirer, directement ou indirectement un avantage financier ou un autre avantage matériel».

Gilles Favarel-Garrigues: «La criminalité organisée transnationale : un concept à enterrer ?»"

 


"La formulation du problème planétaire Au cours des années 90, le concept de criminalité organisée transnationale a rencontré un succès considérable et a circulé dans de nombreux milieux professionnels. Une liste impressionnante d’ouvrages, de revues spécialisées, de sites Internet, de centres d’études et de recherches lui ont été consacrés. Or, ce sujet ne doit rien à la précision du concept, comme en témoignent d’incessantes difficultés de définition, lesquels sont de deux ordres au moins.

A-Un concept aux contours imprécis

1-«Criminalité organisée » et « organisations criminelles»

Ces deux expressions ont toujours suscité des controverses. Lorsqu’un consensus apparaît entre les Etats sur la nécessité contre les formes de délinquance, les définitions retenues paraissent formidablement étendues. Ainsi, à Palerne, en décembre 2000, les 120 pays signataires de la Convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée se sont accordés à définir les groupes criminels comme des «groupes structurés de trois personnes ou plus existant depuis un certain temps et agissant de concert dans le but de commettre une ou plusieurs infractions graves ou infractions établies conformément à la présente convention, pour en tirer, directement ou indirectement un avantage financier ou un autre avantage matériel».

Stéphane Ngwanza: «l’Etat à l’épreuve des menaces criminelles transnationales : le cas du Cameroun face au phénomène des coupeurs de route»"

 

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"La question des rapports entre les acteurs transnationaux (Atn) et les Etats a donné lieu, depuis le début des années 1990, à une abondante littérature. A en croire certains acteurs, en quinze ans, un nouvel équilibre des pouvoirs se serait instauré entre les Etats et cet ensemble hétéroclite par le Ong (organisations non gouvernementales), les firmes multinationales, les opérateurs financiers, les migrants, les terroristes, les trafiquants de drogue, les mafias et une infinité d’autres acteurs privés. La montée en puissance des Atn aurait considérablement transformé le paysage international, abolissant la position de monopole que détenaient les Etats sur la scène mondiale. La politique étrangère, nous dit-on, serait devenue « obsolète ». Le discours sur le « déclin » de la souveraineté étatique s’est progressivement imposé. Une nouvelle doxa est née.

Samy Cohen: «Les États face aux nouveaux acteurs»"



"La question des rapports entre les acteurs transnationaux a suscité un débat assez nourri depuis le début des années 1990, à une abondante littérature. Certains acteurs estiment même qu’en l’espace de deux décennies, un nouvel équilibre des pouvoirs se serait instauré entre les Etats et cet ensemble hétéroclite par les Ong (organisations non gouvernementales), les firmes multinationales, les opérateurs financiers, les migrants, les terroristes, les trafiquants de drogue, les mafias et une infinité d’autres acteurs privés. L’ascension fulgurante des acteurs transnationaux aurait considérablement transformé le paysage international, abolissant la position de monopole que détenaient les Etats sur la scène mondiale. La politique étrangère serait ainsi tombée en désuétude et le « déclin » de la souveraineté étatique est devenu la nouvelle doxa.

Stéphane Ngwanza: «l’Etat à l’épreuve des menaces criminelles transnationales : le cas du Cameroun face au phénomène des coupeurs de route»"

Onana N. Aaron