Dans la matinée d’hier, aux alentours de 10 heures, la capitale du Tchad, Ndjamena, a été la cible de trois attentats coordonnés, qui ont été immédiatement qualifiés par les autorités tchadiennes d’actes terroristes, à l’instar du ministre de la communication et porte-parole du gouvernement Hassan Sylla Bakary qui a déclaré : « La capitale a fait l'objet d'une double attaque terroriste.
Ces attaques ont eu lieu aux environs de neuf heures du matin. Le bilan provisoire est de 27 morts, dont 4 terroristes et 101 blessés ».
Une attaque inédite et très symbolique
En effet, c’est la toute première fois que la ville de Ndjamena est attaquée par des kamikazes, et ce en dépit des menaces dont faisaient état les autorités depuis des mois, notamment au lendemain de l’engagement de l’armée tchadienne au Mali, et surtout de son entrée en guerre contre Boko Haram au Cameroun et au Nigeria.
Abukar Shekau, le leader de la secte islamiste avait promis personnellement de s’en prendre aux intérêts tchadiens. Au-delà de leur caractère inédit, ces attaques ont plusieurs pans symboliques.
D’abord le timing. Les attentas ont lieu seulement quatre jours après la confirmation de Ndjamena comme ville devant héberger l’état-major de la force multinationale mixte de 8700 hommes qui sera dirigé par le Général Nigérian Tukur Buratai.
Alors qu’elle est déjà le site de l’état-major de l’Opération Barkhane de lutte contre le terrorisme au Sahel.
Ensuite, le choix des cibles. En s’attaquant a des lieux qui sont sensés être ultra sécurisés, à savoir, la Direction de la sécurité publique, le commissariat central de Ndjamena et l’école de police, les terroristes envoient un message clair aux tchadiens : ils ne seront en sécurité nulle part, et surtout pas du fait de la protection des forces de défense et de sécurité, qui sont elles-mêmes victimes.
Histoire de retourner l’opinion publique. D’ailleurs, dans les premières heures qui ont suivies les attaques, une frange de l’opinion, tel que le site d’information Alwihdainfo se demandait, « Trois attentats dans la capitale, où sont passés les services de sécurité? ».
Enfin, les lieux. En perpétrant leurs attaques, à 50 mètres de la Présidence et à 100 mètres de l’Ambassade de France, les auteurs de ces attentats, veulent traumatiser les autorités ainsi que leurs alliés, et par-là, refreiner leurs ardeurs et engagement dans la lutte contre les mouvements terroristes à l’instar de Boko Haram.
Surtout que le Tchad a déjà perdu plus de 70 hommes au front de la guerre contre cette secte islamiste et que des critiques se font de plus en plus sentir malgré le prolongation de l’engagement de l’armée tchadienne par l’assemblée nationale le 20 ami dernier.
Des lourds soupçons pèsent sur Boko Haram
De nombreux témoins et observateurs n’hésitent pas à accuser d’ores et déjà la secte islamiste Boko Haram d’être l’auteur de ces attaques. Ils en veulent pour preuves le mode opératoire des trois attaques : des hommes à motos portant des charges explosives et qui s’en prennent à des postes de police.
C’est ainsi qu’en guise de solution, Abdel Nasser Garboa, le Directeur Général des Droits de l’Homme, de déclarer : « Une pensée à nos morts du terrorisme! Je suis plus que jamais contre Boko Haram! Arrêtons la sympathie avec les groupuscules islamistes de N'Djaména. Je rejoins l'Imam Hassan Hissein. Il faut mener la lutte à tous ces prétendus sounnines et autre salafistes qui sont les vrais pères de tous les mouvements terroristes ».
Des restrictions de circulation entre le Cameroun et le Tchad La menace Boko Haram avait déjà eu pour principale conséquence de réduire les échanges et les circulations entre les Cameroun et le Tchad.
La route Maroua- Kousséri avait été bloquée, et les transporteurs étaient obligés de passer désormais par Moundou-Bongor. La circulation des motos entre les deux pays avait été aussi suspendue.
Avec les attaques d’hier, les autorités tchadiennes, ont restauré cette mesure de prohibition de toute moto entre les villes frontalières du Cameroun et du Tchad, notamment celles qui circulent sur le pont Nguéli entre Kousséri et Ndjamena.
Pourtant cette interdiction avait été levée, il y a trois semaines, eu égard à la baisse des attaques de Boko Haram, et surtout des énormes difficultés que cela engendrait pour les populations. A coup sûr les échanges entre les deux pays prendront un sérieux coup. Ce qui tombe plutôt très mal à la veille du lancement du jeûne de Ramadan.
Peur chez les populations camerounaises
Les attaques de Ndjamena ont plongé les populations des viles camerounaises, telles que Kousséri, Mokolo ou Maroua dans la peur. Même à Yaoundé ou à Douala, les personnes interrogées dans la rue, redoutent réellement de voir Boko Haram y perpétrer des attaques, et prennent de plus en plus les menaces de Boko Haram à l’encontre de Paul Biya très au sérieux.
Les forces de sécurité camerounaises sur les dents, la guerre est loin d’être finie !
Dès l’annonce des attaques de Ndjamena, les autorités des différents services de sécurité et de renseignement du Cameroun se sont réunies en urgence, histoire d’évaluer la situation.
Selon des responsables que nous avons joints au téléphone, il a été recommandé aux différentes unités de défense et de sécurité de renforcer leurs effectifs dans les localités sensibles.
Et aux unités de renseignement, la plus grande vigilance a été recommandée. Ces attaques de Ndjamena sont venues rappeler que la guerre contre les groupes terroristes, notamment Boko Haram, est loin d’être terminée.
Contrairement à ce que beaucoup pensaient, y compris au sein de l’appareil sécuritaire du Cameroun. C’est ainsi que les mesures, telles que la limitation de circulation des motos à Maroua, les fouilles des voyageurs à l’entrée et à la sortie des villes, les sensibilisations des populations, la garde des édifices publics, qui avaient été allégées vont être renforcées.
Surtout que les jours à venir risquent être houleux, puisqu’il est établi que les groupes salafistes terroristes intensifient souvent leurs attaques durant la période du Ramadan.