Incarner les valeurs fondamentales de justice et de paix sous le règne de Paul Biya est, pour tout homme d'église, une ambition suicidaire. Le prélat Jean Marc Ela fut contraint à l'exil pour ces motifs. En 2005, l'archevêque de Yaoundé, Mgr Victor Tonye Bakot s'était évertué à décrier les dérives qui pervertissent la société camerounaise.
Au cours de son homélie du 25 décembre, il ne manqua pas de noter: « Il ne faut pas que l'assassinat des jeunes enfants pour boire leur sang et manger leurs organes, devienne une valeur dans notre société. Ne cédons pas à la dictature du pouvoir et des richesses.
Comment expliquer que pour accéder aux postes de responsabilités, des parents pratiquent l'inceste sur leurs propres enfants? De plus, accéder à un bureau après une nomination devient difficile. Ceci parce que beaucoup de hauts responsables se livrent au satanisme ».
Le 27 mars 2007, Mgr Victor Tonye Bakot était victime de ce que l'on appelle communément au pays un accident de voiture qui « a failli lui coûter la vie ». Il s'en est tiré grâce à une évacuation sanitaire sous le ciel français. Il n'est pas inintéressant de noter que Mgr André Wouking, successeur de Jean Zoa et prédécesseur de Victor Tonye Bakot, avait quant à lui réprimandé les prêtres qui ne s'adonnaient plus à leur ministère et qui de surcroît s'acoquinaient avec les milieux du pouvoir.
Quelques-uns avaient en effet emprunté le sentier des cultes sataniques, facilitant ainsi à leurs amis hauts placés l'accès dans les églises aux activités cléricales.
N'a-t-on pas vu certains parmi eux s'attribuer le titre de laïc engagé? Se substituant parfois aux ministres de cultes, ils occupaient les places de choix ainsi que des fonctions au sein des Conseils paroissiaux. Ceci au grand mépris de la Sainte Congrégation pour la Doctrine de la Foi qui, sous la signature du Cardinal Ratzinger (aujourd'hui Benoit XVI), publiait en 1983 la déclaration suivante sur les sectes occultes : « Le jugement négatif de l'église sur la franc-maçonnerie demeure inchangée, parce que ses principes ont toujours été considérés comme incompatibles avec la doctrine de l'église; c'est pourquoi il reste interdit par l'église de s'y inscrire.
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Les catholiques qui font partie de la franc-maçonnerie sont en état de péché grave et ne peuvent s'approcher de la Sainte communion''. Mgr Wouking n'aura pas eu suffisamment de temps pour séparer le bon grain de l'ivraie. Il mourra des suites d'un « malaise » le 10 novembre 2002 à Paris, où il avait été évacué le 08 novembre. Le Pape, qui ne saurait se taire sur « le décès tragique de Mgr Yves Plumey, du Père jésuite Engelbert Mveng, et plus récemment du Frère clarétain allemand Anton Probst », dénonce cette culture du crime qui continue de prospérer.
Le 03 septembre 1991, Mgr Yves Plumey, évêque à la retraite du diocèse de Ngaoundéré, avait été sauvagement assassiné dans sa maison à Marza dans l’extrême Nord. Selon certaines indiscrétions, il était détenteur des mêmes informations que les religieuses de Djoum.
Les sœurs Marie Germaine et Marie Léone furent retrouvées, un mois plus tôt, dans une mare de sang, complètement enfouies dans les broussailles à Djoum. Les assassins recherchaient visiblement à arracher des informations aux religieuses, car celles-ci avaient été odieusement torturées, y compris violées, avant d'être abattues.
A ce tableau macabre s'était ajouté le décès survenu dans des circonstances mystérieuses du Père Amougou, du diocèse de Sangmélima, en 1992. La mort de ces quatre religieux serait en rapport, selon des sources concordantes, avec la défunte première dame Jeanne Irène Atyam épouse Biya.
L’ancienne première Dame s’était confiée aux religieux avant sa mort de toute apparence par assassinat. En 1985 Mgr Jean Kounou, vicaire général et curé de la cathédrale Notre Dame du Saint Rosaire du diocèse de Mbalmayo, ainsi que son vicaire, l'abbé Materne Bikoa, étaient eux aussi retrouvés baignant dans leur sang un matin.
On parlera de deux voleurs qui cherchaient de l’argent. Mais les réels motifs du crime sont restés jusqu’ici inconnu ; une véritable enquête n’ayant jamais été menée. L’abbé Barnabé NZambo, curé de Mbang, dans l’archidiocèse de Bertoua, est mort le 24 mars 1989, empoisonné par quelqu'un « qui voulait se venger », de quoi? On ne le saura jamais. De même, l’abbé Apollinaire Claude Ndi, curé de Nkol-Tobo par Awaé, est assassiné à Yaoundé dans la nuit du 20 au 21 avril 2001 à Nkolndongo, par un inconnu.
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Selon les premiers éléments des enquêtes recueillis sur les lieux du drame le 21 avril, le défunt avait été frappé à la nuque. Le rapport d`autopsie ne constatera pas une mort par strangulation comme le laissait entendre le présumé meurtrier qu'exhibèrent aux yeux du public les hommes du commandant du Gso. Après plusieurs mises en scène, amplement diffusées sur la télévision nationale, Robert Romuald Ndoumbè Elimbi avait si aisément et trop bien reconstitué « son meurtre » que la page fut vite tournée.
Les évêques camerounais avaient alors dénoncé le meurtre de ce prêtre comme « un assassinat qui allonge la liste des ouvriers apostoliques tués pour des mobiles et circonstances jamais éclaircis par les enquêtes de police ».
C'est donc un Souverain Pontife très au fait de l'actualité de notre pays qui « invite tous les camerounais à avoir une conscience toujours plus aiguisée du bien commun », rappelant aussi au passage qu'un « des devoirs fondamentaux des Responsables politiques est sans aucun doute d’offrir à leurs concitoyens une situation sociale pacifiée et la concorde, s’attachant à mettre fin aux tensions et aux mécontentements, qui engendrent régulièrement des conflits.»