Opinions of Tuesday, 2 October 2018
Auteur: Didier BALEBA
Le Cameroun reste dans la turbulence de la menace terroriste Boko Haram et des atermoiements sécuritaires du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Jamais il n’y aura eu autant d’écart entre la réalité et les analyses des acteurs de la vie nationale et internationale; même de la part des think-tanks réputés pour être les plus sérieux, les conclusions de l’exercice furent parfois assez déroutantes. Seulement, qui payera la facture de la reconstruction au moment où certains sont passés de l’engagement à l’indifférence ?
Le regard hébété, sept terroristes se rendent aux autorités militaires du Nord-Ouest. Cela fait des jours qu’ils n’ont pas mis le moindre aliment sous la dent. Malgré les menaces de leur chef, ils ont pris leur courage pour s’échapper. Les yeux hagards comme un enfant qui se fait des reproches, ils ne peuvent soutenir le regard de l’officier qui les a pourtant accueillis avec amabilité. John Tingwa, le plus courageux de tous, raconte son histoire dans la jungle, où il a vécu en véritable captivité. Il témoigne qu’au départ, les propositions idéologiques et matérielles sont alléchantes, et peu à peu, l’on rentre dans un piège dont il est difficile ensuite de ressortir.
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Dans le meilleur des cas, tous ceux qui sont rattrapés après une tentative de fuite sont flagellés et doivent servir d’exemple pour dissuader d’autres combattants. John n’était d’ailleurs pas à sa première évasion, et il montre des cicatrices sur son dos, stigmates de la dernière bastonnade qu’il a reçue lorsqu’il a été surpris esseulé à la lisière d’une route. Pour lui, la prison serait un Eldorado, pourvu qu’on ne le ramène plus en enfer. C’est également l’avis de ses six compagnons. Il existe une pléthore de cas identiques, et l’armée est débordée quant à l’encadrement des repentis dont la cadence s’accélère.
Par contre, les instigateurs de cette révolution totalement insensée sont rentrés dans un mutisme déconcertant. Les archives sont là pour découvrir les attitudes irresponsables des membres de la société civile, ou des ingérences qui en temps normal, ont argumenté la légitimité de cette crise, en soutenant vertement les actions terroristes, ou en agitant toute sorte de menaces sur le Cameroun, allant même jusqu’à prévoir l’application du droit de protéger, une déclinaison de l’impérialisme des temps modernes. L’on se souvient également que l’on prêtait même des résolutions au Conseil de Sécurité des Nations Unies, pour clouer « le Gouvernement de la République au poteau ».
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N’oublions pas, qu’au rang des candidats qui demandent aujourd’hui les suffrages des huit autres régions, certains confessaient la scission du Cameroun dans le meilleur des cas, où l’instauration du fédéralisme a minima. La rose des vents ayant tourné en quadrature, ces acteurs se sont tus dans un silence de cathédrale. En espérant qu’ils ont honte devant la désolation semée au fil de quelques mois seulement de furie débordante, qu’ils aient au moins le courage de reconnaître qu’ils se sont trompés.
Un tel geste ne sera responsable que si ceux qui ont détruit, reconstruisent aussi. Les États-Unis en tête et les pays européens à la suite. Ces pays et les autres acteurs qui ont agi en faveur de la belligérance, doivent mettre de l’argent dans la cagnotte pour reconstruire les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest dévastées. À moins que l’objectif inavoué de ce désordre est la démolition programmée du Cameroun.