Le ministre de l’Eau et de l’Energie n’hésite plus à présider des cérémonies les plus banales, à l’instar de la pose d’un transformateur.
Objectif, redorer un blason sérieusement terni par les délestages et les coupures intempestives et récurrentes de l’eau potable, et même par des révélations scandaleuses.
Le 17 août 2016, Basile Atangana Kouna était en première ligne à oyomAbang, une banlieue de Yaoundé, à l’occasion de la pose du nouveau transformateur de 35 mégawatts acquis par Enéo et la Sonatrel - la société nationale de transport de l’électricité- , en vue de conjurer le délestage à Yaoundé et ses environs. Opération banale dans les chantiers d’électrification en temps normal, la pose d’un transformateur dans un quartier quelconque ne suscite généralement que la curiosité des badauds en vadrouille.
Et même si l’opération d’oyomAbang justifiait d’un intérêt particulier pour Enéo - la société en charge de la production et de distribution de l’électricité dans le contexte actuel marqué par la récurrence des délestages, et pour la Sonatrel, la présence du ministre sur ce chantier ne pouvait que susciter interrogation. « Si tout un ministre doit présider la pose d’un transformateur, fut-il de grand calibre, à quoi doivent s’affairer les directeurs généraux d’Enéo et de Sonatrel ? », s’interrogent quelques observateurs qui perçoivent dans cet activisme du ministre de l’Eau et de l’Energie, une tentative de récupération des activités menées par les organismes sous sa tutelle.
Et dans cette boulimie d’activisme aux relents de récupération, Basile Atangana Kouna ne tarit plus en ingéniosité. Dans la même veine, c’est lui qui signa le communiqué lu sur les ondes de la radio nationale annonçant la mise en eau partielle du barrage de Memve’elé le 16 août 2016. opération qui faisait suite à une visite de chantier au projet du barrage de Lom Pangar quelques jours plus tôt, à l’instigation ( ?) des responsables d’Edc - Electricity development corporation, dont le ministre assure également la tutelle, sur fond de tambourinage médiatique, sans que l’opinion ne perçoive à quoi riment ces opérations transitoires à la livraison des chantiers en cours, et pompeusement baptisée « mise en eau partielle des barrages ».
Manifestement, l’enjeu inavoué est de montrer l’évolution des chantiers de construction des infrastructures énergétiques au Cameroun, et inverser la désapprobation de l’opinion camerounaise à l’égard du secteur de l’eau et de l’énergie depuis plusieurs années, du fait des délestages persistants d’électricité et des ruptures abusives de l’approvisionnement en eau potable, dans un pays pourtant gâté par la nature.
Surtout que c’est depuis des années aussi que Basile Atangana Kouna, à la tête de ces deux secteurs, claironnait la fin de ces déconvenues sans que les inversions soient perceptibles, au point de convaincre certains de l’incompétence là où les esprits retors ont plutôt perçu l’affairisme des responsables en charge. A Memve’elé, Basile Atangana Kouna était encore en première ligne, reléguant en arrière plan le coordonnateur du projet à qui incombe le timing et l’évaluation du chantier.
A l’unité opérationnelle du projet, au quartier Bastos à Yaoundé, beaucoup de responsables se disaient surpris de la programmation de la mise en eau partielle en ce lendemain du 15 août 2016, surtout que le coordonnateur n’avait pas été vu de ses collaborateurs quelques jours avant, pour cause de maladie. Selon toute vraisemblance, le communiqué de presse du ministre de l’Eau et de l’Energie programmant cette mise en eau partielle, est venu mettre un terme à la convalescence du coordonnateur du projet. « Ce dernier s’est finalement très peu impliqué dans l’organisation de l’évènement, en témoignent les dérapages enregistrés », selon les invités qui avaient fait le déplacement de Nyabizan.
Contrôle du terrain politique Reste à savoir si ces opérations de charme suffiront à remodeler l’image de Basile Atangana Kouna auprès de nombreux camerounais, lui qui s’était défendu de n’avoir pas d’actions au sein de la Camerounaise des Eaux que les camerounais, à commencer par Paul Biya vomissent. Et qui avait pareillement démenti les enjeux affairistes autour du marché de la concession de la défunte Aes-Sonel. Toujours est-il que le ministre de l’Eau et de l’Energie fait feu de tout bois pour reconquérir de la reconsidération auprès de ses concitoyens, à commencer par ceux de son bastion politique Rdpc de la Mefou et Akono, où il est le coordonnateur permanent du comité central pour le département. il se dit là bas qu’il a su placer les hommes liges à la tête de nombreuses structures de base pour mieux contrôler le terrain politique.
Ainsi en est-il du président de la section Rdpc de la Mefou et Akono ouest qui n’est autre que le délégué régional du ministère de l’Eau et de l’Energie du Sud, ou de la présidente de la section Rdpc de la Mefou et Akono centre- une jeune diplômée de l’Enam qui vient d’être nommée à un poste de responsabilité à la Sonatrel, sous sa tutelle. Des initiatives qui a contrario, qui peinent à dérider l’image du coordonnateur départemental du Rdpc depuis le limogeage peu élégant, et sur fond présumé de règlement de comptes, de son « frère » Jean William Sollo de la direction générale de la Camwater - la Cameroon Water utilities, dont son département ministériel assure également la tutelle technique.
A Ngoumou, beaucoup n’hésitent pas de perpétrer la dichotomie entre les deux leaders en affrontant leurs réalisations au profit des populations, pour faire constater que le chef-lieu du département manque cruellement d’eau, obligeant responsables et anonymes à s’en procurer à Akono où le précieux liquide coule à flots et en abondance.
Des appréciations qui vont en faveur du martyrisé Jean William Sollo, au point de faire oublier l’énergie solaire dont bénéficie Ngoumou de la part du ministre, et que d’aucuns présentent comme une infrastructure de prestige, non seulement qui ne profite pas à une bonne franche de la population, mais est généralement elle-même victime de dysfonctionnements. Autant le dire, l’opération de rédemption qu’on prête chef politique de la Mefou et Akono devra aller au-delà de simples opérations de séduction, malgré leur assimilation par de nombreux observateurs à un véritable acte de contrition.