Depuis le mois de juillet 2018, circule à travers les réseaux sociaux et internet une vidéo qui ne laisse personne indifférente et qui est au centre de toutes les polémiques.
Cette vidéo, tournée visiblement dans un paysage sahélien (reflétant celui de l'Extrême-nord du Cameroun), montre deux femmes portant chacune un enfant, qui sont froidement abattues par deux hommes arborant la tenue attribuée aux forces de défense camerounaises.
Le 20 juillet dernier déjà, le ministre de la Communication porte-parole du gouvernement dans une déclaration, indiquait que c'est un montage de toute pièce avec un but destiné à ternir l’image de l’armée camerounaise. « Cette vidéo n’est autre qu’un fake news » soulignait-il en dénonçant « une malheureuse tentative de transfiguration de la réalité et d’intoxication du public ».
LIRE AUSSI: Vidéo d'exécution: Issa Tchiroma et le cafouillage autour de l'affaire
Bien qu'en rejetant en bloc l'accusation, le Cameroun a pris au sérieux cette affaire et a ouvert une enquête pour faire la lumière sur cette vidéo qui embarrasse tant le gouvernement sur ces bavures attribuées à ses forces de défense. Ce n’est pas la première fois que des cas de bavures sont orchestrés par l’armée. Toutefois, des militaires engagés sur les terrains hostiles en temps de conflits armés sont souvent impliqués dans des souillures de toute nature qui coûtent la vie à plusieurs civils, embarrassant par la suite des gouvernements.
C’est pourquoi, des cas comme celui de cette vidéo impliquant l’armée camerounaise sont légion à travers le monde.
Des bavures qui inquiètent les gouvernements.
L’on se souvient encore de cette guerre invisible au Mali en 2017, où l’armée française a été soupçonnée d’avoir tué, par erreur, onze militaires maliens, otages du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), une coalition djihadiste affiliée à Al-Qaida. Les faits se seraient produits lors d’une opération menée dans la nuit du 23 au 24 octobre, contre un camp situé dans la zone d’Abeïbara, dans le nord du pays. De même, François Hollande a rappelé que « dans le cadre d’une opération de combat du 30 novembre 2017, il y a eu un mineur qui a été tué ».
Dans cette année 2018 encore au Mali, c’est l’armée qui est accusée d’avoir exécuté sommairement le vendredi 06 avril 2018, des djihadistes présumés qui venaient d’être arrêtés. Les soldats auraient fait croire à une tentative d’évasion pour les abattre, a rapporté RFI dans sa revue de presse Afrique. Notons aussi qu’en 2010, l'armée française a reconnu le jeudi 29 avril, avoir tué par erreur quatre civils afghans et en avoir blessé un cinquième le 06 avril de la même année lors d'un « accrochage » avec des insurgés, en opération franco-afghane dans la province de Kapisa, a-t-on appris auprès du porte-parole de l'État-major des armées Christophe Prazuck.
Le 05 juillet 2017, l'armée nigérienne de son côté a tué par erreur 14 paysans dans une région instable du sud-est du pays, les prenant pour des djihadistes de Boko Haram, ont rapporté à l'AFP un élu et un journaliste locaux le 06 juillet. D’après les Nations unies, 2118 civils ont été tués dans des violences en Afghanistan en 2008, une année considérée comme étant la plus meurtrière pour la population afghane depuis le renversement des Talibans en 2001, soit une hausse de presque 40 % sur 2007.
LIRE AUSSI: Sérail: Paul Biya lutte contre une enquête de l’ONU au Cameroun
La mission d’assistance des Nations unies à Kaboul (UNAMA) en dresse régulièrement un bilan précis. Ce genre de « bavure » que les militaires préfèrent souvent habiller sous le vocable plus technique de « dommage collatéral » est fréquent dans des pays où l’on retrouve des foyers de tensions mettant en conflit l’armée gouvernementale et les terroristes notamment en Afghanistan, de la part de l’US Air Force, connue pour ses règles d’engagement « robustes ».
En février 2018, le journal turc Daily Sabah a annoncé qu’une attaque aérienne non intentionnelle des États-Unis sur le quartier général des Forces démocratiques syriennes à Deir ezZor avait causé la mort de 300 personnes.
Face à ce genre de bavures commises par des armées à travers le monde, des mesures punitives conformément à la loi sont prises vis-à-vis de ces militaires auteurs des atrocités sur les populations civiles lors de conflits armés.