Opinions of Wednesday, 17 February 2016

Auteur: Arlette MEKATY

Biya annonce-t-il la guerre aux fonctionnaires fictifs ?

Au Cameroun, la plupart des jeunes ont pour seul objectif d’entrer dans la fonction publique , le matricule leur garantissant un revenu mensuel constant et permanent, quel que soit leur rendement. Le Président de la République a sifflé la fin de la récréation.
«Voyez à ce sujet l’exemple de nos jeunes engagés au front. Ils protègent notre pays de la menace terroriste, depuis deux ans. L’amour de la patrie les soutient et les pousse, bien des fois, jusqu’au sacrifice suprême. Ils ne se comportent pas comme ces autres jeunes qui se sont fait recruter, au prix d’importants sacrifices, dans l’administration. Ils désertent ensuite leurs postes d’affectation, tout en continuant de recevoir une rémunération.

Ceux-là sont l’exemple de ce qu’il ne faut pas faire. D’aucuns s’intègrent dans la fonction publique seulement en quête d’un matricule, comme ils aiment à le dire. Ceux-là ne méritent pas de la nation ».

Ainsi s’exprimait le Président de la république mercredi dernier, à la veille de la célébration du cinquantenaire de la fête de la jeunesse au Cameroun. S’adressant à ces jeunes compatriotes, Paul Biya demandait à ces derniers de privilégier toujours et avant tout l’amour de la patrie et la citoyenneté responsable.

C’est le sens de l’interpellation du chef de l’état pour une catégorie de fonctionnaires camerounais. Lesquels se croient obligés de diversifier leur champ d’activités pour arrondir leurs fins de mois. Mais, au détriment du travail pour lequel l’état les a recrutés et qui s’en trouve malheureusement négligé.

Comme quoi, la paye est constante, quel que soit le rendement. Donc, un enseignant peut facilement par exemple négliger ses classes au lycée public pour aller faire des heures de vacation ailleurs. On ne réfléchit pas avant de quitter son poste de service pour aller travailler dans le privé. Ce qui compte, c’est l’assurance d’avoir déjà son salaire dans le public à la fin du mois.

Le Privé au détriment du Public

Il est d’autant plus important d’insister sur cette interpellation du Président de la république qu’à côté des patriotes, nombreux sont malheureusement encore les fonctionnaires qui ont fait de l’absentéisme leur sport favori. Affectés dans les localités éloignées, c’est à Yaoundé ou à douala qu’ils passent leur temps.

Ce, sans arrêter de savourer le salaire à la fin du mois. Et à côté de ces éternels absents, sont venus se greffer ceux que d’aucuns ont appelé, « les fonctionnaires fictifs. » introuvables au bureau mais réguliers à la banque, au détriment du trésor public.

S’il est impossible d’avoir les statistiques précises du taux d’absentéisme au ministère de la Fonction publique et de la réforme administrative (MINFOPRA), l’on apprend, selon des sources concordantes au sein dudit département ministériel, que « tous ceux qui ont choisi de consommer l’argent de l’état, tout en servant le privé passent désormais de mauvais jours ».

Au-delà des avertissements, blâmes et révocations, un Comité d’assainissement est au four et au moulin, pour détecter les abandons de poste. « Le recensement général et celui en ligne notamment a permis de démasquer ceux qui étaient hors du Cameroun. Parce que lorsqu’il fallait répondre par email, les informaticiens détectaient le point de départ du message », affirme-t-on au ministère de la Fonction publique et de la réforme administrative.

La traque en Marche

Et depuis la mise en marche du processus au MINFOPRA, ce ne sont pas des résultats qui manquent. « Les trous sont désormais bouchés. Ceux qui ont été épinglés ne diront jamais que leurs salaires ont été coupés et qu’ils n’ont pratiquement plus rien à la fin du mois. Car, le deuxième salaire sert à rembourser l’argent indûment perçu à la fonction publique », explique notre source.