Prescrite lors de différentes rencontres, la collaboration entre les services des divers pays engagés dans la lutte tarde à être effective.
Depuis mardi le 24 mai dernier, les chefs des services de renseignements militaires des pays de la Commission du bassin du Lac Tchad (Cblt) sont en conclave à l’Ecole supérieure internationale de guerre (Esig) de Simbock à Yaoundé. En effet, à l’issue du sommet d’Abuja, il a été décidé par les chefs d’Etats présents du lancement dans les plus brefs délais, en tout cas avant la prochaine grande saison pluvieuse dans la région du pourtour du Lac Tchad, de l’opération « Crack Down ».
Ceci afin de porter le coup fatal à Boko Haram. Mais avant, il était impérieux de procéder à la coordination des renseignements à la disposition de chacun des pays engagés dans la lutte. Car jusqu’à présent, l’échange des renseignements demeure un voeu pieux. Et ce ne sont pas les rendez-vous manqués de la force multinationale mixte qui ont arrangé les choses.
L’échange des renseignements est davantage rendu ardu par la méfiance entre les acteurs majeurs de la Cblt dans la lutte contre Boko Haram. Il faut dire que, qui dit échange des renseignements dit autorisation d’un Etat tiers à se livrer librement à des activités d’espionnage sur notre territoire. Ce malaise est renforcé dans le cadre de la Cblt, si l’on tient compte du fait des antécédents conflictuels entre, d’une part le Cameroun et le Nigeria et, d’autre part, entre le Tchad et le Nigeria, à propos des querelles territoriales qui datent des lustres.
La difficulté provient aussi du fait qu’au sein de chaque pays de la Cblt, l’on a plusieurs services de renseignements, qui éprouvent déjà tout le mal du monde à collaborer, quand ils ne se font pas tout simplement la guerre à coup de notes concurrentielles. Et les chefs d’Etats contribuent largement à cette situation en instaurant un climat délétère entre les services, fait de mélanges de genre et d’absence de véritable spécialisation.
Résultats des courses, les uns et les autres se marchent sur les pieds, s’épient et s’affrontent au détriment des intérêts supérieurs de la Nation. Par ailleurs, ces pays ont de très faibles capacités infrastructurelles et structurelles dans la collecte du renseignement. Généralement formés dans une logique de police politique, ces services n’ont pas les moyens nécessaires pour capter les informations dans un contexte de mondialisation fortement numérisé. D’où l’obligation de recourir à l’assistance de certaines grandes puissances.