Opinions of Wednesday, 25 January 2017

Auteur: Vincent-Sosthène FOUDA

C'est à l'Etat d'être bilingue et non les Camerounais

Vincent-Sosthène FOUDA Vincent-Sosthène FOUDA

Le Mouvement Camerounais Pour la Social-Démocratie [M.C.P.S.D] prend acte de la création ce jour, 23 janvier 2017 par le Chef de l’Etat de la Commission Nationale pour la Promotion du Bilinguisme et du Multiculturalisme (CNPBM). Le Chef de l’Etat par cet acte a voulu donner l’impression d’avoir compris les revendications de nos compatriotes d’expression anglaise.

Malheureusement ce n’est qu’une impression car cet organe consultatif dans son décret de création de 8 chapitres et de 26 articles, porte déjà en lui-même ses propres limites en tant qu’il n’est qu’un organe consultatif consolidant le centralisme de l’Etat-Nation. Autrement dit, il viole déjà le préambule de la Constitution de notre pays.

Le MCPSD souligne en second que malheureusement ce n’est pas aux populations camerounaises de devenir bilingue, mais l’Etat en lui-même et dans ses institutions car si chacun devient complètement bilingue dans notre pays bilingue, l’une des langues sera superflue.

Troisièmement, le MCPSD réitère que le Cameroun est pétri d’un mal qui le ronge de l’intérieur et si nul ne le guérit, l’avenir du pays paraît incertain. Voilà pourquoi nous invitons le Chef de l’Etat à tenir compte de l’histoire de notre pays, de son double héritage colonial britannique et français bâti sur un socle germanique.

Après 43 ans de séparation, nous devons admettre que nos retrouvailles n’ont pas été marquées du sceau de la cordialité, parfois un fort potentiel destructeur, les a marquées. Ignorer cette réalité historique et fondatrice de notre vivre ensemble c’est prendre à nouveau et de manière permanente le risque d’avoir une franche de notre population qui refuse de nous écouter et nous priverons ainsi le Cameroun de la chance qu’il a toujours de prendre conscience d’un élément particulièrement grave de la situation actuelle.

Nous ne pouvons pas vivre sans invoquer notre passé, puisqu’une Nation qui est avant tout une culture se ramène à un héritage et le nôtre est sur le socle germanique à deux fourches française et anglaise. Face à ce qui est pour certains un minimum vital, pour d’autres un maximum acceptable, il y a le peuple séculaire avec ses 256 langues nationales, avec ses us et coutumes avec sa culture que nous rappelle notre loi fondamentale sur laquelle nous nous appuyons très peu.

Le MCPSD appelle donc le président de la République avec lui le peuple camerounais dans ses différentes composantes à ouvrir les yeux et de reconnaître la présence en sol camerounais, au-delà des clichés, les camerounais d’expression anglaise riches et vigoureux. Nous invitons le gouvernement camerounais à s’intéresser davantage aux aspirations, aux frustrations et aux réalisations de nos compatriotes anglophones, tant dans les deux régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest que dans l’ensemble du territoire national.

C’est au gouvernement et aux institutions qu’il incarne de comprendre ce que cela signifie d’être membre d’une minorité, (17% de population) d’un peuple présent mais minoritaire, pour accorder à cette minorité les garanties dont peut se passer une majorité afin que le Cameroun demeure un.

Le MCPSD rappelle enfin au peuple camerounais que ce n’est pas le rappel de souffrance mutuellement infligées et provoquées que doit se faire la reconstruction de l’union nationale, mais par la volonté sincère de réconciliation et la recherche commune des chemins vers une coexistence harmonieuse, qui peut conduire à une étape de paix et de travail, de calme et de progrès.