Opinions of Tuesday, 17 November 2015

Auteur: Gilbert Tsala Ekani

CRTV : Cameroon Radio Télé…Vamoulké, bon appétit

Voici dix ans que M. Amadou Vamoulké trône à la tête de la Crtv, notre Crtv à tous. Celle pour laquelle nous payons. À son arrivée aux affaires, Vamoullké avait suscité beaucoup d’espoirs. D’abord c’était un vieux journaliste qui avait roulé sa bosse partout : Imprimerie nationale, Cameroon Tribune, Sitabac. On pensait donc qu’il connaissait le monde des médias.

On pensait aussi que musulman, il serait moins porté, peutêtre même pas du tout porté sur la « mariologie » véritable dada de son prédécesseur. Dès son arrivée, M. Vamoulké a annoncé la couleur. Il allait faire le « management moderne » ce qui, implicitement, rangeait son prédécesseur Mendo Ze au royaume des ploucs. Le nouveau DG de la Crtv allait nommer ses proches collaborateurs sur « appel à candidatures ».

Il a mis à contribution l’Ismp (l’Institut Supérieur de Management Public). Quelques esprits chagrins se demandaient quelle compétence l’Ismp avait pour parler des genres rédactionnels, juger si Alain Belibi savait conduire une interview, si Charles Ndongo rendait bien ses commentaires. Si Marc Omboui présentait bien ses émissions littéraires. Si Ibrahim Cherif se tirait bien d’affaire dans Actualités Hebdo. Il y a eu plein de candidats. Des gens qui se sont laissé abuser par le discours racoleur de Vamoulké. Personne n’a demandé à Vamoulké s’il y avait eu appel à candidatures pour le nommer. Passons. On a dépensé en pure perte l’argent et Vamoulké a nommé des gens comme partout ailleurs. M. Vamoulké a même incité un préfet à rendre son tablier. Le gars espérait être nommé Directeur financier.

N’y voyez aucune intention de se sucrer malhonnêtement, le monsieur voulait simplement travailler pour « un frère », il est vrai. Depuis le flop de ce « management moderne », M. Vamoulké a compris qu’il valait mieux être bête comme tout le monde qu’intelligent comme personne. Il nomme donc. Il place quelques copains. Surtout aux postes – clés c’est-à-dire là où il y a du fric. Tant pis pour vous si vous pensez que dans une radiotélévision les postes clés c’est les nouvelles et les programmes. M. Vamoulké s’en moque. Lui est dans le « winwin », une fumisterie qu’il a inventée, non plutôt popularisée, pour distraire les gens. Pendant ce temps il s’occupe du fric. Il mange des deux joues, et ses rondeurs l’attestent, il a bon appétit.

Tout serait parfait dans le petit monde du « Vamoulkeland » s’il n’y avait ces messieurs du Tribunal Criminel Spécial. Ils osent, de temps en temps, perturber le festin du DG par des convocations intempestives. De quoi parlent-ils là-bas mon Dieu ? On s’attendait à ce que Vamoulké qui dirige une maison de verre nous instruise. Il a accordé une longue interview au journal le Jour qui a trouvé ce titre particulièrement vendeur « Vamoulké dit tout ». Mais personne n’a posé au DG la question qui fâche : qu’allez- vous souvent faire au TCS ? Personne ne lui a demandé quels programmes ont été initiés depuis qu’il est à la tête de la Crtv.

MendoZe en son temps avait lancé des pièces à succès, des feuilletons locaux à l’instar de l’Etoile de Noudi. Vamoulké nous gave de feuilletons brésiliens. Il n’y a pas une figure qui symbolise l’information à la télé. On change chaque jour de présentateur. Avec des fortunes diverses. Vamoulké lui-même a sans doute oublié ses cours de journalisme. Pas un papier, pas un éditorial, rien. Il gère et fait des discours. Il paraît qu’il traque tous ceux qui sont susceptibles de lui faire de l’ombre. Ou de fournir quelques informations déplaisantes sur les dérives du « management moderne ». Marie Claire Nnana est aussi DG à la Sopecam. Elle rédige des papiers à Cameroon Tribune, Vamoulké n’a pas le temps. Trop occupé à répondre aux convocations du TCS. Cela risque d’être un métier à plein temps. On espère pour lui que ça ne se terminera pas mal. Même le sport n’arrive plus à accrocher le public dans la Crtv de M. Vamoulké.

Feu Abed-Nego Messang doit s’étonner, s’étrangler de rage d’entendre ses pâles successeurs. Abel Mbengue, Anicet Noah, Jean Lambert Nang, Antoine Lobe doivent bien rigoler en écoutant reportages et analyses sportifs, des « vamoulkeries » en somme. Vamoulké suit-il ces choses-là ? Peu sûr. Cet aîné sorti de l’ESIJY a piloté jadis l’Imprimerie nationale. Avec un dilettantisme incroyable. Son forfait accompli, il a fui ses responsabilités en démissionnant ; l’Imprimerie nationale ne s’est toujours pas relevée du passage du cyclone Vamoulké. On a retrouvé le personnage à Sitabac. L’affaire semble-t-il, s’en est allée en … fumée. Vamoulké est encore parti.

Jamais deux sans trois, où conduit-il la Crtv, notre Crtv ? Vers l’abîme ? Mais soyez tranquille, là il ne démissionnera pas. La tentation est trop belle, trop grande d’engranger quelques piécettes pour ses vieux jours. Il faudra nourrir la carcasse, aider la famille à Yagoua ou à… Ndjaména. Grand-frère, ne voyez ici aucune jalousie, aucune malveillance. Vous n’avez pas oublié je l’espère, ce qu’on nous enseignait à l’Esijy : ce qui intéresse le plus les journalistes, ce sont les trains qui arrivent en retard, pas ceux qui arrivent à l’heure. Or le train de la Crtv sous votre… inaction a tendance à accuser des retards chroniques alors qu’il a tout pour être à l’heure comme une pendule suisse.

N’est-ce pas scandaleux, ahurissant que la Crtv peine à faire simplement jeu égal avec des chaînes aux dents de lait comme Canal2 ? Il paraît que la Crtv c’est les Lions Indomptables de l’audiovisuel. Quels Lions mon Dieu ? Ceux des Abéga, Mbida, Milla, Mboma ou ceux édentés d’un Volker Finker qu’on vient enfin de chasser ? Appel à candidature pour le poste de DG de la Crtv ? Ne gâchons pas le festin de M. Vamoulké. Bon appétit !