Le Minfi lance un appel d’offres pour le recrutement d’un consultant, qui devra effectuer un audit stratégique et opérationnel de la compagnie.
La solution semble, cette fois, toute trouvée pour éviter le crash à Camair-Co. Le ministre des Finances, Alamine Ousmane Mey, a lancé, depuis le 11 septembre dernier, un appel d’offres pour le recrutement d’un consultant dont le rôle sera, non seulement d’effectuer un audit stratégique et opérationnel de la compagnie aérienne nationale, mais également d’élaborer un plan profond de restructuration de cette entreprise publique.
Un expert en aviation civile cité par Cameroon tribune (édition d’hier, mardi 15 septembre), explique qu’en mettant l’accent sur un audit stratégique, le gouvernement compte ainsi évaluer plus profondément la viabilité économique de Camair-Co, et mettre sur pied un plan d’affaires qui fasse clairement ressortir la rentabilité et la fiabilité des destinations de vols de la compagnie. L’audit opérationnel, d’autre part, signifie que le consultant devra aussi faire l’état des besoins logistiques et en personnels de Camair-Co, en mettant un accent particulier sur la rentabilité susmentionnée.
Véritable gouffre à sous, avec une subvention mensuelle de l’Etat de l’ordre de 8 milliards F Cfa, Camair-Co a tout de même réussi à accumuler, en seulement quatre ans d’activité, une dette astronomique évaluée à plus de 30 milliards F Cfa. Cette décision du Minfi vient clairement expliquer le fait pour le gouvernement d’avoir refusé d’autoriser le déblocage, avant d’avoir vu plus clair, de 25 milliards F Cfa par un pool de banques locales conduites par Ecobank pour financer le plan de relance de Camair-Co, en dépit de la signature de la convention de financement y relative, depuis trois mois. Le financement de ce plan nécessitait 30 milliards F Cfa au total, soit l’équivalent de la dette sous laquelle ploie la compagnie. Le top management de Camair-Co comptait théoriquement, avec cet argent, acheter de nouveaux aéronefs et porter la flotte de la compagnie, actuellement de trois avions, à 11 appareils, depuis août dernier.
Cash-flow
Dans une interview accordée à Mutations en juin, l’économiste Bernard Ouandji pensait qu’il n’était pas prudent Camair-Co en l’état actuel des choses. « Dans les études de cas à la Business school, on appelait ça « to throw good money after bad money », prévenait-il. C’est dire si, en mettant entre parenthèses le plan de restructuration proposé par l’équipe dirigeante actuelle de cette compagnie, le gouvernement donne raison aux experts qui s’étaient inscrits en faux contre le financement de celui-ci.
« Camair-Co n’aura jamais un cash-flow positif tant qu’elle exploite le Dja. Le business plan de Camair-Co est voué à l’échec, parce qu’il prend pour point de départ le Boeing 767 dénommé « Le Dja » que Camair avait laissé. Ceux qui ont formulé le business plan de Camair-Co sont des politiciens de Yaoundé qui se sont dit « on a un avion Le Dja, on le fait réviser en Irlande puis on l’affecte sur la ligne Paris » ; c’était l’erreur fondamentale, car suite à quatre années d’immobilisation du Dja, on n’était plus sûr de rien et il s’est avéré que le coût de l’heure de vol du Dja (consommation d’essence, pièces de rechange) est deux fois le coût d’un B 767 de nouvelle génération ; rappelons que le Dja pointe plus de vingt cinq ans au chrono », s’insurgeait Bernard Ouandji.