Opinions of Wednesday, 23 February 2022

Auteur: Arlette Framboise Doumbé Ding

Cameroun : Célestin Bedzigui viserait un poste dans le nouveau gouvernement

Le remaniement est probablement reporté Le remaniement est probablement reporté

Célestin Bedzigui a publié ce week-end une tribune sur un imminent remaniement ministériel au Cameroun. L’homme politique lorgnerait un poste ministériel selon la bloggeuse Arlette Framboise Doumbé Ding.

A mon humble avis la lutte politique en contexte de dictature comme au Cameroun est une lutte essentiellement centrée sur le système électoral dont les insuffisances ôtent toutes légitimité aux dirigeants et font perdre tout leur sens sens aux élections qui deviennent alors de simples alibis...

Il est donc curieux qu'un homme politique qui prétend être de l'opposition essaie de disqualifier la pertinence de la lutte pour la réforme consensuelle du système électoral et tente même de sanctifier à coup d'arguties l'actuel code électoral antidémocratique alors même que Elecam qui y a vu des insuffisances avait lui-même envisagé des réformes.

Cependant, je tiens d'entrée à indiquer en tant que démocrate que Monsieur Célestin Bedzigui est libre de croire à ce qu'il veut , de dire ce qu'il pense et même d'essayer de séduire les autorités Camerounaises si ça lui chante. Surtout en cette période où la rumeur enfle sur un éventuel remaniement ministériel". Sa gesticulation est en droite ligne du chemin qu'avait emprunter un certain ministre Jean de Dieu Momo à l'époque où il lorgnait du côté du pouvoir . Ce qui ne nous empêche pas de porter un regard critique sur les aspects du raisonnement de Monsieur Bedzigui que nous partageons pas .

Il est évident que la racine des problèmes du Cameroun aujourd'hui c'est la mal gouvernance liée à l'incompétence des dirigeants. Les problèmes économiques que Monsieur Bedzigui cite n'en sont que les conséquences.

Mais il me semble que Monsieur Bedzigui est complètement irrationnel quand ill pense que la solution c'est de se concentrer sur les problèmes économiques qui ne sont en réalité que la conséquence de la mal gouvernance et de l'incompétence des dirigeants Camerounais ?

Car comment voulez-vous qu'on laisse la racine du mal pour s'attaquer à ses conséquences ? Est-ce logique comme raisonnement ?

A qui demandez-vous d'ailleurs de se pencher sur l'économie ? En faisant quoi par exemple ?
Demanderez-vous à un élève qui ne peut pas étudiez ses leçons le soir à cause des délestages, ou à l'industriel dont le système de production est affecté par des coupures intempestives de l'électricité, de se pencher sur l'économie ? Si oui en faisant quoi exactement, quand vous savez que le délestage permanent au Cameroun est lié au manque de vision prospective et à l'incompétence manifeste des dirigeants Camerounais ?

Soyez un peu sérieux et respectueux de l'intelligence des Camerounais même quand vous entrez dans la peau des "gombistes" pour espérer quelques prébendes de l'autre rive.
On ne résout aucun problème en s'attaquant exclusivement à ses conséquences. La racine du mal Camerounais c'est la mal gouvernance. Donc le problème de l'économie Camerounaise c'est la mal gouvernance et c'est à cette mal gouvernance qu'il faut s'attaquer si on veut redresser l'économie.

Aucune économie pillée à grande échelle comme au Cameroun ne peut se porter bien même si vous vous y penchez pendant mille ans. C'est pourquoi une expression du genre "Penchons nous donc sur la chose la plus sérieuse du moment : l'économie du Cameroun>>" est une expression d'une vacuité affligeante devant la profonde incompétence des dirigeants Camerounais. Comment un <> peut-il essayer de faire croire que la priorité dans une dictature tenue par un régime moribond qui à 40ans d'échec des politiques économiques est de demander à ce même régime de se pencher sur l'économie alors qu'il a déjà montré toute l'étendu de ses limites en la matière ?

Je suis d'accord que la question de l'économie est une question centrale dans le processus de développement. Mais c'est une question qui s'évapore devant l'incompétence d'un système moribond qui a conduit le pays au bord du gouffre.

Il en découle que le problème du Cameroun c'est le système gouvernant plutôt moribond qui plus est, promeut la médiocrité et qui essaie de s'éterniser au pouvoir par les mécanismes de la fraude électorale.

Cela explique amplement la pertinence du débat sur le système électoral consensuel qui est d'ailleurs une question d'actualité de la première importance dans le sens où seul un système électoral réellement consensuel peut ouvrir le Cameroun à la démocratie authentique qui est le meilleur champ d'expression de l'économie. Cela veut dire que défendre un système électoral consensuel c'est forcément defendre l'économie en lui donnant sa meilleure chance de progrès.

En contexte de dictature comme au Cameroun, vous ne pouvez pas relativiser ou disqualifier la nécessaire réforme consensuelle du système électoral sans vous décrédibiliser complètement aux yeux de l'opinion.

Par ailleurs et pour terminer, monsieur Bedzigui pour essayer de discréditer l'idée du consensus dans la mise en place d'un système électoral écrit << la légitimité étant de nos jours mesurée par la majorité des opinions et non par ce fameux consensus...>>

Je lui pose une question simple : Avec quoi mesure t-on "la majorité des opinions" en démocratie si ce n'est avec un système électoral juste, équitable , crédible et construit sur une base consensuelle ?
Pourquoi cette mauvaise foi chez Monsieur Bedzigui ?

Il essaie de faire croire que l'on peut faire abstraction de la mal gouvernance pour se pencher sur l'économie alors que la santé de l'économie est déterminée par la qualité de la gouvernance .
Il fait croire que le consensus n'est pas important , alors que son pays est en guerre à cause du mépris du consensus.

Les hommes politiques sont libres s'attirer le regard ou les bonnes grâces du régime autocratique de Yaoundé en essayant de détruire la lutte pour la démocratie au moyen de ridicules diversions . Mais à un moment il faut cessez de prendre les Camerounais pour des cons.