Une chronique matinale du 02 janvier 2023 du philosophe psychopédagogue Jean Paul Nna Mvondo sur les enjeux stratégiques du fédéralisme au Cameroun.
Depuis les indépendances africaines en général et l'indépendance Camerounaise en particulier,la tendance des systèmes de gouvernance et de gouvernabilité est fondé sur le mode jacobiniste marqué par une forte concentration du pouvoir politique économique et social dans la sphère de décisions républicaines, à savoir les capitales politiques d'où sont logés les décideurs de la chose publique.
Or,le jacobinisme, né de la politique Française ,se voudrait une Doctrine politique qui défend la souveraineté populaire et l’indivisibilité de la République française.
Ce qui,par analogie, suppose que cette doctrine réutilisée par les révolutionnaires russes,a par extension , fait recours au Centralisme à travers la concentration des pouvoirs publics au cœur des pôles de décisions républicaines.
Dans le cas d'espèce dun pays comme le Cameroun ,et le chef de l'État Paul Biya, l'a toujours affirmé mordicus et avec emphase éclectique que * quand Yaoundé respire le Cameroun vit * , comme pour faire admettre à l'opinion publique Nationale et internationale qu'il n'entend pas céder un quelconque espace de pouvoir aux collectivités territoriales décentralisées. Tout se décide à Yaoundé , même le prix du pain à consommer par les populations locales.
D'ailleurs, dans tous les discours tenus par notre chef d'État sur la décentralisation dont la mise en application ressemble plus à une nébuleuse planétaire, à un serpent de mer, qu'à la réalité expositive,au vue de nombreuses péripéties procédurales endurées depuis 1996 que ce système de gouvernance a été décidé par les pouvoirs publics.
Pourquoi les pouvoirs publics ont-ils peur autant du fédéralisme ?
À l'état actuel de gouvernabilité et de gouvernance de notre pays où tous les pouvoirs sont concentrés entre les mains d'un seul homme,il devient très difficile de mesurer l'ampleur des gains socio-économiques et politico-sociaux engrangés par notre pays. L'esprit de stagnation politico financière intenable maintient le Cameroun parmi les pays au Monde les moins évolués économiquement ,et dont la dette faramineuse contractée auprès des bailleurs de fonds,ne bénéficie pas entièrement à tout le monde,mais à une minorité de décideurs assis dans les bureaux feutrés de la capitale politique Yaoundé. Les différents projets générateurs d'impulsions économiques attribués aux collectivités territoriales décentralisées ne connaissent pas d'aboutissement substantiel à cause de ce centralisme à outrance des pouvoirs.
Il se donne donc à observer que la seule voix de salut à notre humble avis pour le développement de nos régions soit inéluctablement le fédéralisme .
Le fédéralisme en politique est un Système politique ou social de groupement en un seul État de plusieurs États ou en une seule société de plusieurs sociétés. Au
Canada par exemple l'option politique selon laquelle le Québec devrait rester au sein de la Confédération canadienne est une réussite reconnue mondialement de gestion et de pilotage d'un Etat fédéral.
L'histoire nous renseigne que pendant la révolution, le projet attribué aux Girondins de constituer la France en une fédération de ses départements s'est avéré être un projet devenu bénéfique pour le développement de la France à travers le régionalisme.
Tous ces exemples de
pratique de fédéralisme , démontrent à suffisance tous les avantages et bénéfices incommensurables que le Cameroun pourrait tirer de ce système de gouvernance.
En effet avec le fédéralisme,les régions pourraient facilement gagner en autonomie de gestion des ressources naturelles, financières pour booster l'économie locale et le développement des régions ,et plus encore,du pays tout entier.
Le salut pour nous est le fédéralisme , contrairement au
système jacobiniste actuel qui semble nous conduire tout droit vers notre extinction à cause de la forte concentration des pouvoirs entre les mains d'une minorité d'individus.
Avec le fédéralisme,les grandes annonces du gouvernement camerounais seraient considérés comme des grandes finalités énoncées par le Politique en faveur de la création d'une saine émulation dans les régions qui seraient chargées de leur implémentation concrète.
Le permis d’exploitation pour la construction de la route Ebolowa Akom 2 kribi ou de la route Bipindi, Nyeete et toutes les autres routes rurales, par exemple, permettraient aux collectivités territoriales décentralisées de faire montre de leurs expertises managériales . Dès lors les projets privilégiés générateurs d'impulsions économiques, seront appréciés localement sous la supervision éclairée des délégués du pouvoir politique central qui cesseraient d'empiéter sur les plates bandes des décideurs locaux par leur trop grande immixtion.
Le centralisme jacobiniste que vit le Cameroun actuellement, est une forme de
colonisation des régions par le pouvoir central qui contribue à axphyxier toutes velléités d'attitudes de cession de pouvoir et de parts financiers de la tutelle vers les régions. D'où l'imbroglio indescriptible doublé de perfidie économico politique dans laquelle nous nous trouvons au Cameroun avec une trop forte main mise du pouvoir politique central sur tout et pour tout, conduisant ainsi aux nombreux problèmes de corruption et de népotisme qui gangrènent l'État du Cameroun en profondeur.
Avec le fédéralisme nous serons a même de remettre notre peuple au travail et lui donner son indépendance d’antan.
Nous ne pouvons pas toujours compter sur nos élites politiques qui,par leur boulimie incestueuse avec le pouvoir et l'argent n'entendent jamais mettre à la disposition des collectivités territoriales décentralisées les moyens de leur politique de confidentialité. Le fédéralisme nous permet donc de nous libérer de ses entraves d'un système jacobiniste fantoche qui réduit notre peuple a la mendicité.
Si d'aventure le pouvoir central insiste sur la prééminence de la mise en œuvre progressive de la décentralisation, cela constitue une procédure particulière volontaire de perte de temps pour mieux continuer à contrôler les budgets votés et s'accaparer de tous les moyens financiers comme subsides pour le financement des projets propres. Le pouvoir central a donc peur du fédéralisme,de peur de voir le bifteck des budgets votés échapper à leur contrôle.
D'où la fuite en avant que ce pouvoir central effectue en continuant d'endormir les populations Camerounaises sur la gestion progressive du processus de décentralisation qui risquerait de ne jamais aboutir tant que le même gouvernement de 1982 est en place au Cameroun.