Maurice Kamto ne souhaite pas que ces militants tiennent des propos acerbes sur la CAN qu’organise le Cameroun. Dans une note envoyée aux cadres de son parti, il demande à ces derniers de garder le silence à défaut de souhaiter la bienvenue aux visiteurs. Pour certains militants, Maurice Kamto est sur le point d’abandonner la campagne pour la libération des détenus politiques. Serge Aimé Bikoi fait une autre analyse de la situation.
Depuis hier, bien de personnes se livrent à des critiques systématiques et acerbes à l'endroit de la consigne du président national du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) adressée aux cadres et aux militants relativement à la tenue de la Can Total Énergies dès le 9 janvier 2022 au Cameroun. Beaucoup estiment, en effet, que M. Kamto a, contre toute attente, renoncé à la campagne de libération des prisonniers politiques qu'il a, dûment, lancée le 23 décembre 2021. Et pourtant, en jetant un regard sur le contenu manifeste et latent de cette consigne, il apparaît un basculement des internautes et des acteurs sociaux dans des interprétations émotives, lesquelles ne reflètent pas la réalité tant bien de lecteurs ont été emportés par l'esprit du texte.
Dans le jeu du décryptage de la consigne du leader national du Mrc qu'un cadre du parti a publié sur les réseaux sociaux, il apparaît, en réalité, trois subtilités que d'aucuns ne perçoivent pas au premier abord. En effet, la première subtilité à découvrir est liée au fait que le président national du Mrc s'adresse, spécifiquement, aux cadres de son directoire et aux militants. Question de bien ménager la responsabilité du parti au cas où il y a, d'une manière ou d'une autre, une dynamique de mobilisation de libération des otages politiques du parti. Il y a là un appel à la responsabilité citoyenne des adhérents de cette formation politique de l'opposition.
La 2ème subtilité qui transparaît est qu'il n'y a pas, contrairement à ce que certains pensent, une inadéquation ou une incompatibilité entre le fait de tenir des propos désobligeants autour de la compétition continentale et celui de se mobiliser dans l'optique de la campagne de libération des prisonniers politiques. Les deux sont, au-delà de tout, en corrélation tant ils sont inter-reliés. L'on peut ne pas tenir les propos incongrus sur la Can, mais rester mobilisés dans l'opérationalisation de la campagne de libération desdits détenus.
Dans la même veine, et c'est la 3ème subtilité, il n'y a pas une non-congruence ou une incompatibilité entre la courtoisie républicaine qui devrait être de mise à l'égard des visiteurs étrangers et le planning de mobilisation pour la libération des prisonniers politiques. En effet, engager des manifestations pour cette cause légitime ne remet pas sur la sellette la rectitude des membres de ce parti exigée par le leader national vis-à-vis des étrangers qui sont présents sur le territoire camerounais. A témoins, lors de la coupe du monde 2014 au Brésil ou lors de la coupe du monde 2010 en Afrique du Sud, il y avait eu des signes de mobilisation, des formes de revendications et des relents de contestations qui avaient été étalés sur le temps, mais ces déterminants n'avaient rien à voir avec une certaine hostilité envers les étrangers présents. Tout comme ces aspérités protestataires n'avaient rien à voir avec les propos désobligeants à l'égard de l'événement qui se tenait.
Il y a donc eu un emballement médiatique et techno médiatique autour de la perception de la consigne du président national du Mrc. Ceux qui le qualifient d'incohérent et le traitent d'homme politique ayant abandonné la campagne de libération des prisonniers politiques n'ont guère perçu le sens, voire la puissance de son message adressé aux cadres et aux militants. Si M. Kamto avait suspendu cette campagne, il aurait fait un communiqué clair à ce propos. L'intentionnalité de la mobilisation pour la libération des prisonniers politiques reste donc de mise pour ce leader politique.