Opinions of Monday, 21 March 2022

Auteur: Serge Aimé Bikoi

Cameroun : difficile union de l’opposition parlementaire

Les députés de l'opposition ne s'entendent plus Les députés de l'opposition ne s'entendent plus

Le RDPC qui nie l’existence légale du groupe parlementaire ‘’Union pour le changement’’ se voit faciliter la tâche. Les députés de l’opposition ont du mal à s’entendre. Pour Serge Aimé Bikoi cette union sera difficile car chacun vise son intérêt personnel.

Le bas-peuple a assisté, ces derniers jours, à un spectacle des députés de la nation membres du groupe parlementaire dénommé « L’Union pour le changement ». Depuis le déroulement de l’élection du président de l’Assemblée nationale et, par extension, celle du bureau, trois déclarations marquées du sceau de la dissonance ont été rendues publiques en l’espace de 48 heures.

Il y a eu, au premier abord, la mise au point du président national du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (Pcrn), laquelle a consisté à dissiper la polémique née de la présentation de la candidature du député Sdf du Wouri-Est. Par la suite, c’est la déclaration publique du premier vice-président national du Sdf qui a été servie à l’opinion.

Question, elle aussi, de mettre un terme à la controverse suscitée par la présentation de la candidature du président régional du Sdf pour le Littoral. Jusque-là, l’on se demande si le groupe des 16 ne pouvait pas faire une déclaration conjointe et consensuelle à ce sujet. Histoire de faire toute clarification que ce soit.

C’est chacun qui fait son « one man show » à travers une déclaration personnelle adressée au public au mépris de la dynamique groupale. Comme si cela ne suffisait pas, le président national de l’Union des mouvements socialiste (Ums) a, lui aussi, rendu public son communiqué dans lequel il a pris le contre-pied de ses deux pairs et a déballé tout.

En effet, c’est Pierre Kwemo, député Ums du Haut-Nkam, qui vient nous conforter dans notre position prise depuis le 19 mars 2022, et qui explique, en substance, les scènes, jeux et tractations de coulisse entre de deux chefs de file des partis politiques représentés à l’Assemblée nationale relativement à l’élection du bureau tenue le 18 mars 2022.

A la lumière du communiqué de P. Kwemo, il y a eu trois réunions du groupe parlementaire dénommé « L’Union pour le changement » auxquelles tous les membres ont participé. Mais il y a la 4ème réunion élargie à tous les membres du groupe parlementaire devant permettre la préparation de la plénière du 18 mars 2022 portant sur l’élection des membres du bureau, qui a avorté.

Et pour cause: l’absence de deux chefs de file des partis politiques représentés à l’Assemblée nationale. Sans les citer nommément, quiconque peut imaginer, a posteriori, de qui il s’agit. Alors que le président national de l’Ums attendait la tenue de cette 4ème réunion, finalement avortée, ce sont les émissaires du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) qui sont venus à sa rencontre pour lui demander de rédiger une demande formelle adressée au Secrétaire général du comité central du parti au pouvoir avec ampliations au président du groupe parlementaire Rdpc.

C’était en vue d’intégrer, comme les deux autres, la liste commune du bureau conformément à l’article 17 du Règlement intérieur al. 6 et 7. L’honorable P. Kwemo a, poliment, décliné cette demande, en arguant qu’il appartenait déjà à un groupe parlementaire dûment créé le 15 mars 2022. Cet élu de la nation fait donc savoir, dans son communiqué, que « les événements malheureux s’étant déroulés au cours de cette séance plénière relèvent de l’individualisme et de l’improvisation ».

Par ailleurs, P. Kwemo ajoute que, et c’est connu de plus d’un, lorsqu’un parti politique n’a pas de groupe parlementaire, la demande pour figurer sur la liste commune doit être adressée au parti majoritaire. Par contre, lorsqu’un parti représenté à l’Assemblée nationale a un groupe parlementaire, les postes à lui attribués au bureau sont de droit.

C’est ainsi que dans un conclave en présence du ministre délégué chargé des relations avec les assemblées, les groupes parlementaires apportent les investitures de leurs partis à des postes calculés en fonction de la représentativité et des jurisprudences en la matière. C’est donc l’absence de cette dynamique groupale qui incite l’Ums à user de son droit de s’abstenir de participer au bureau conformément à l’article 17 al. 7 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale.

A cause de cet état de choses, P. Kwemo « croit qu’avec la volonté, la sincérité, l’honnêteté et la fidélité, l’opposition camerounaise peut fédérer ses forces à tous niveaux, y compris à l’Assemblée nationale en vue d’apporter au peuple camerounais le changement tant attendu ».

Force est donc de constater que pour le moment, certains leaders politiques de l’opposition représentés à l’Assemblée nationale ne prônent pas ces quatre valeurs tant ils défendent des intérêts qui ne sont pas au bénéfice du peuple, mais ils visent des intérêts éminemment individualistes ou égocentriques, voire des intérêts prébendiers. Quiconque peut alors comprendre pourquoi une universitaire nomme ce genre de parlementaire les « parle-alimentaires », autrement dit les élus de la nation qui ne défendent que des intérêts nombrilistes.