Pourquoi pleures-tu, mien pays, pourquoi pleures-tu ; Ils veulent tous être-présidents, ils se tuent et te tuent
Pourquoi pleures-tu, Cameroun, de ton élite si têtue ; Qu’elle ne voit pas la robe du séisme dont tu es vêtu ?
Cameroun en panne, Cameroun livré aux ânes
Attends-tu qu’on te dépanne, attends-tu la manne ?
La haine de soi et d’autrui a donné tous ses fruits ; Chaque jour, davantage entamée, ta chair pourrit
La dégaine de bêtise de tes dirigeants, pue le prurit ; Et nul ne sera surpris que demain, l’aurore ne sourit !
Cameroun en panne, Cameroun livré aux ânes
Attends-tu qu’on te dépanne, attends-tu la manne ?
Je ne parlerai pas de la voiture en panne du président ; Non, je ne m’intéresse pas à la faconde du grand résident
Je ne parlerai pas de ses gaspillages et de ses affairages ; Je ne parlerai pas des trente-trois ans d’éternel démarrage
Cameroun en panne, Cameroun livré aux ânes
Attends-tu qu’on te dépanne, attends-tu la manne ?
Je te parle de commencer la seule lutte qui vaille pour toi ; Cameroun, je te parle de demander que revienne la loi
Je te parle de te promouvoir enfin la justice, ma foi ; Je parle de penser Bien commun, de t’élever pour une fois
Cameroun en panne, Cameroun livré aux ânes
Attends-tu qu’on te dépanne, attends-tu la manne ?
Je ne te parle pas de la Mercedes du Chef qu’on pousse ; Je te parle, Cameroun, de toi, livré à la merde et à la brousse
Je te parle de toi, attardé dans le siècle qui sans cesse rebrousse ; Le chemin de gloire qui t’était promis et qu’on te détrousse
Cameroun en panne, Cameroun livré aux ânes
Attends-tu qu’on te dépanne, attends-tu la manne ?
Il n’y aura point de manne, peuple de mon pays, relève-toi ; Le miracle n’aura pas lieu si tu crois qu’un autre refera ton toit
C’est à toi, d’imposer par nombre et qualité, le retour du droit ; Et d’ouvrir une saison de vérité, de justice et de prospérité sans effroi !
Cameroun en panne, Cameroun livré aux ânes
Attends-tu qu’on te dépanne, attends-tu la manne ?
Paris, le 24 mai 2016