Opinions of Tuesday, 13 February 2018

Auteur: 237online.com

Cameroun: le mal des hôpitaux plus profond

Les mesures prises récemment pour améliorer le service dans les centres hospitaliers Les mesures prises récemment pour améliorer le service dans les centres hospitaliers

Le Dr Jean II Dissongo, aura tenu un mois juste après la scène d’une dame, éventrant la nommée Monique Koumatéké à l’hôpital Laquintinie, pour extraire ses jumeaux, décédés quelques temps après leur mère. Depuis mardi 12 avril 2016, le désormais ancien directeur de l’hôpital Laquintinie est le deuxième patron d’un hôpital public à être limogé de ses fonctions.
Avant lui, c’est celui de l’hôpital de Mbanga qui a été démis de ses fonctions.

Pour l’un et l’autre, aucune information officielle ne filtre. Mais, l’opinion publique a vite fait le lien avec l’actualité des dernières semaines, faite de négligence et suivie de décès. Cette situation a poussé le ministre de la Santé publique (Minssanté), André Mama Fouda, à élaborer une liste de mesures à prendre dans toutes les formations sanitaires publiques pour redorer l’image de l?hôpital public et du corps médical. En les parcourant, on se rend compte qu’il s’agit simplement

d’un ensemble de règles qui rentrent dans le fonctionnement normal d’un hôpital. Mais, elles ont pendant longtemps été ignorées par les différents acteurs du corps médical, conduisant «à la perte de confiance des malades pour l?hôpital public qui est dépeint comme un environnement hostile », reconnaît le Minsanté. Les mesures du Minsanté concernent l’accueil, la prise en charge des urgences, l’accès et la sécurité, la communication et le contrôle/évaluation. Mais l'hôpital public souffre bien plus que des insuffisances liées à ces aspects.

L’un des maux les plus récurrents est la situation des personnels médico-sanitaires dont les grèves à répétition sont aussi l’expression d’un malaise constant au sein de l’hôpital. La dernière manifestation de cette catégorie de personnels remonte à juin 2015. 16 revendications soutenaient alors le débrayage organisé par le Syndicat national des personnels des établissements/entreprises du secteur de la santé publique du Cameroun (Cap/Santé).

Entre autres, «exploitation abusive, distribution discriminatoire des primes et autres quotes-parts, prise en charge des personnels et de leur famille nucléaire ». Cap/Santé a également souhaité que «nos salaires soient reversés à la fonction publique afin d’avoir un salaire décent qui puisse nous permettre de nourrir nos familles. Nous réclamons un reclassement des personnels médicosanitaires qui travaillent depuis 18 ou 20 ans avec un salaire de 30 000 et 40 000 f Cfa ».

Fuite des cerveaux

L’autre pathologie qui affecte l’hôpital camerounais est le faible nombre de médecins disponibles au Cameroun. «Pour une population de près de 22 millions d’habitants, nous comptons 2 100 médecins fonctionnaires, soit en réalité un médecin pour plus de 10 000 habitants. Ceci est nettement insuffisant », affirme le Pr. Tetanye Ekoe, vice-président de l’Ordre national des médecins du Cameroun (ONMC). Pour l’ONMC, le gouvernement devrait recruter plus de médecins pour combler le manque et «permettre au pays de faire face aux menaces qui se traduisent par l’augmentation de la mortalité maternelle à 700 pour 10 000 naissances vivantes et la stagnation de la mortalité infantile audessus de 122 pour 1000 naissances vivantes».

Pour l’ancien doyen de la faculté de médecine et des sciences biomédicales de l’université de Yaoundé I, Tetanye Ekoe, la fuite des cerveaux dans le domaine médical est criarde. «On estime à 500 le nombre de médecins en Belgique, plus de 1000 en allemagne, plus de 3000 en france, près de 2000 aux USa et Canada. On sait par ailleurs que près de 30% des jeunes médecins formés dans notre pays émigrent chaque année vers ces destinations».

A cette saignée des médecins locaux qui vont faire fortune ailleurs, il faut ajouter le plateau technique des hôpitaux publics qui, dans plusieurs cas, peinent à répondre efficacement aux besoins des malades. Le décès récent des jumeaux à l’hôpital central de Yaoundé a tout au moins mis en exergue une insuffisance de couveuses en cas d’urgence.