À travers les Rapports successifs de la Commission Nationale Anti-Corruption (CONAC) on ne peut que deviner que la police est l’une des institutions les plus corrompues du pays. Mieux encore, quiconque visite le Cameroun le confirmera de lui-même. Je dois noter que les rapports successifs de la CONAC, institution publique principale de lutte anti-corruption, sont plus que décevant. Ils semblent se résumer à la description ou à l’enregistrement plat du déroulement de ses activités quotidiennes et de celles de ses démembrements (p. ex, nombre d’appels reçus pour dénonciation, rapport de voyage de mission, ou des commissions, etc.). Ils reproduisent sans les questionner les rapports ‘’ dithyrambiques’’ qui lui sont envoyés par les autres institutions sur l’état de la corruption en leurs sein (P.ex. les ministères et entreprise publiques).
Pire ils ignorent volontairement la situation de la corruption dans les institutions qui par définition ont tendance à s’adonner à la corruption, à l’instar des agences de sécurité (p.ex., la police, la gendarmerie, les finances, etc.). La CONAC s’interdit de classer chaque année, sur la base des critères objectifs définis, les institutions les plus corrompues du pays, d’en désigner les acteurs, les causes, les manifestations et d’indiquer quelles actions ont été entreprises pour mettre fin aux problèmes constatés. Pourquoi la CONAC se refuse-t-elle à indexer clairement la police dont tout le monde est témoin des méfaits de corruption au quotidien à travers le pays? Pourquoi se limite-t-elle, lorsqu’elle daigne parler de la police, à citer juste les rares cas concernant les agents de police poursuivis en justice (ayant fait l’objet de décision ou en instance) ou des agents ayant subi des sanctions administratives? Pourquoi réduit-elle son champ d’action à certaines institutions alors que sa compétence est générale? La meilleurs personne qui puisse témoigner de l’existence et des manifestations de la corruption n’est-il pas l’usager des services publics? Pourquoi n’organise – t - elle pas d’enquêtes auprès des usagers-contribuables?
La CONAC s’est transformée en une organisation bureaucratique inutile, où on se tourne les pouces à longueur de journée, se contentant de produire en fin d’année un petit rapport listant les activités. Rapports ronronnant qui conservent jusqu’au même design de présentation générale et qui n’apportent aucun changement ni quantitatif, ni qualitatif. Ces rapports, n’innovent pas et ne font aucune suggestion pertinente. Ils n’ont aucun impact sur la progression du phénomène de la corruption au Cameroun. Si la CONAC n’existait pas, le pays n’y perdrait rien. Un groupe de fonctionnaires désignés de n’importe quel ministère pourrait soumettre un meilleur rapport que le rapport administratif d’activité annuel que la CONAC produit chaque année.