La journée mondiale de la liberté de la presse se célèbre ce 3 mai 2022. La 29ème édition se célèbre dans un contexte critique surtout à l’ère du « journalisme sous l’emprise du numérique ».
La presse camerounaise est en passe sèche d’encre. Les billes des stylos roulent à vide sur les papiers vieillis. L’encre des plumes est en captivé. Sa source est coupée par des forteresses où seuls les différents réseaux servent parcimonieusement la ration d’encre à leurs affidés. Dans un contexte aussi déchiré et délabré, où le journaliste est un peu comme tenu d’afficher une appartenance pour exister, les sources d’encre des différents réseaux sont au tarissement avec le raidissement de la situation économique du pays. Hier, on parlait du journaliste du Hilton, journaliste qui tient sa plume comme une gâchette, prêt à se jeter dans les bras du plus offrant qui remplirait son encrier. Un contrat à la tâche, payer rubis sur l’ongle. Pour la suite, c’est ni vu ni connu. L’affirmation des médias et des journalistes est d’autant tranchée, qu’on observe le champ politique. Les médias publics, pour ainsi dire, ne s’embarrassent pas de fioritures pour dire leur appartenance exclusive au camp du pouvoir pour ne pas dire présidentiel. En panne d’encre aussi ? Pas tout à fait même si aujourd’hui la quantité ou la valeur du produit d’écriture ou de production semblent revues à la baisse. De toutes les façons, l’encre du Palais est de loin le meilleur, le plus indélébile, le plus à même de mordre profondément dans le papyrus et de donner une lecture facilitée, attrayante et aisée. Cette situation est d’autant prégnante qu’une flopée de médias et de journalistes opportunistes gravitent autour du Palais ou à défaut, à l’entrée des notabilités du pays, pour corriger si nécessaire les impacts des « rumeurs » ou des « coups foireux ou poisseux » sur l’honorabilité ces caciques du pouvoir. On entend aussi monter de ce milieu des cris de désespoir dû à un assèchement d’activisme des acteurs politiques et autres. La dernière catégorie de ce corps émietté qui pleure toutes les larmes de son corps et trinque la coupe de la galère jusqu’à la lie, est l’ensemble canards qui nourrissent la prétention de préserver une liberté de ton, de conserver jalousement son accent d’impertinence sur les faits sociaux de la base au sommet de l’Etat. Chez eux, l’encrier est à sec depuis des lustres, chaque parution du journal étant déjà en soi un exploit. Ici, le salaire des journalistes est repoussé aux calendes grecques. Ces quotidiens-là, bien connus par des titres enflammés qui barrent régulièrement leur « Une », tirent le diable par la queue, les journalistes abandonnés à leur triste sort. Pour vous en convaincre, à la fête de travail du 1er mai dernier, ces médias étaient pour l’essentiel dans l’incapacité de réunir les journalistes à tout au moins sur une concertation des défis de l’avenir. Avenir ? Mais de quel avenir parle-t-on ?