Opinions of Wednesday, 17 August 2016

Auteur: Achille Mbog Pibasso

Cameroun, tapis rouge pour les investisseurs

Le président camerounais, Paul Biya Le président camerounais, Paul Biya

La première conférence économique internationale « Investir au Cameroun, une terre d’attractivité», les 17 et 18 mai 2016 à Yaoundé, a permis non seulement de mieux s’imprégner des potentialités de ce pays, mais aussi de mieux cerner les contours du développement d’une nation engagée sur le chemin de l’émergence. Le défi du développement économique du Cameroun est au centre des préoccupations des gouvernants et des Camerounais dans diverses strates de la société, qui multiplient des initiatives devant permettre à ce pays de vaincre le sous-développement.

C’est dans ce sillage que s’inscrit l’organisation, du 17 au 18 mai 2016 à Yaoundé, de la Conférence économique internationale «Investir au Cameroun, une terre d’attractivité». Une grand-messe pour investisseurs qui a vu la participation de diverses sommités mondiales du monde des affaires, des dirigeants des organisations internationales, des diplomates, des gouvernants, dont le président camerounais Paul Biya qui a d’ailleurs présidé et assuré la modération des échanges à l’ouverture des travaux au Palais des Congrès.

Dans les starting-blocks, plus de 500 participants oeuvrant dans divers secteurs socioéconomiques, et dont les conclusions au terme de deux jours de travaux devraient déboucher sur une réorientation de la politique macroéconomie du pays pour la rendre plus attractive, plus dynamique et plus fluctuant afin d’attirer un plus grand nombre de créateurs de richesses. Il est question pour les organisateurs de capitaliser tous les atouts dont dispose le Cameroun, un pays dont l’immense potentiel est à même d’en faire l’une des locomotives du continent, concordent observateurs et analystes économiques. En tout état de cause, le chef de l’Etat, dans une sorte de cours magistral, a dévoilé les grandes lignes desdites assises, de même qu’il a présenté une vue d’ensemble de l’économie du pays.

«Comme vous le savez, notre objectif, au Cameroun, est d’atteindre l’émergence à l’horizon 2035. Cette ambition est, je crois, largement partagée par le peuple qui en a fait une cause nationale. Toutes nos politiques publiques sont orientées dans cette direction et en particulier la gestion de nos finances publiques. Notre politique budgétaire, en expansion, privi légie la qualité de la dépense. Contenue aux alentours de 25% du PIB, notre dette publique fait l’objet d’un suivi rigoureux. Elle doit rester à un niveau toujours soutenable, tout en nous procurant des moyens de financement productifs. Nous avons bon espoir que la consolidation de ces conditions saura nous attirer, plus encore, la faveur des investisseurs. J’aime d’ailleurs à rappeler que le Cameroun, Afrique en miniature, ne vient pas les mains vides à ce rendez-vous du donner et du recevoir. Il dispose en effet de nombreux atouts qui fondent son attractivité», a déclaré Paul Biya.

Un potentiel économique réel

Le cadre général des travaux étant tracé, il revenait aux différents acteurs et intervenants de poursuivre la réflexion en mettant en exergue les énormes potentialités du Cameroun, mais aussi, en relevant sans complaisance les écueils qui entravent le développement économique. Les ateliers thématiques et les débats en plénière ont permis aux experts et participants de passer en revue les spécificités économiques du pays, et dont les résolutions et recommandations devraient être matérialisées par les actes, a rassuré le pouvoir.

Au-delà de l’amélioration du cadre général des affaires que les uns et les autres ont appelé de leurs vœux, l’on s’accorde sur une appropriation rigoureuse des règles de la bonne gouvernance, tant il est vrai que des fléaux comme l’affairisme, la corruption, la fraude dans ses multiples facettes ne favorisent pas une meilleure gestion et une répartition équitable du patrimoine national.

Dans un contexte vicié, il ne faut pas s’attendre à ce que le secteur privé soit la locomotive, toutes choses qui nécessitent plus de rigueur dans la conduite des affaires de la cité, au risque de s’éterniser dans un sous développement chronique indépendamment des potentialités dont regorge le Cameroun. Pays le plus peuplé de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), partageant plus de 1500 km de frontière avec le Nigéria, première économie d’Afrique, le Cameroun se distingue par sa position stratégique, au carrefour de l’Afrique de l’Ouest et du Centre.

Une position stratégique, a rappelé le président camerounais, que le Cameroun compte capitaliser pour atteindre son émergence. Et Paul Biya de s’appesantir sur «sa façade Atlantique, son réseau ferroviaire, ses trois aéroports internationaux et ses 50 000 km de routes, tout cela en constant développement favorise sa bonne intégration au commerce régional et mondial. Ses ressources naturelles sont abondantes, la diversité des sols, climat et milieux naturels y sont propices à l’agriculture». Sur ce tableau non exhaustif, le Cameroun dont le taux de croissance est de 5,5% et une inflation maintenue à moins de 3% peut envisager son avenir avec optimisme.

Deuxième potentiel hydro-électrique d’Afrique et disposant de réserves significatives de gaz naturel, le Cameroun s’est engagé dans une construction d’infrastructures énergétiques variées et de grande envergure. Avec la mise en service programmée de celles-ci, ce sont de bonnes perspectives qu’il convient d’envisager pour la disponibilité d’une énergie viable, suffisante et permanente. A ces facteurs s’ajoute le fait que le pays est doté d’un tissu industriel qui s’enrichit et se diversifie.

Un cadre incitatif à l’investissement

C’est dire que malgré les écueils, a insisté Paul Biya «le Cameroun est par-dessus tout déterminé à favoriser l’investissement privé. Un cadre légal propice a été aménagé à cet effet. Articulé autour d’une loi sur les incitations à l’investissement, ce cadre permettra le développement des secteurs structurants prioritaires que sont l’agro-industrie, les infrastructures de transport, l’énergie, le logement social et l’aménagement urbain, les industries extractives, les nouvelles technologies. Toutes ces dispositions témoignent, à suffisance, de la volonté forte du Cameroun d’attirer, sur son sol, toujours plus d’investissements productifs, en vue d’accélérer la croissance économique et la prospérité pour ses populations».

Encore que «le Cameroun est un havre de paix, un état de droit, un pays de libertés. Ses institutions sont stables, fonctionnelles et harmonieuses. Elles savent s’adapter aux évolutions de la société pour garantir en tout temps la paix sociale, la sécurité des personnes et des biens, et la stabilité politique du pays. Dans le monde d’aujourd’hui, et singulièrement en Afrique, il s’agit là, nous semble-t-il, d’un atout majeur pour les investisseurs», a-t-il conclu. En tout état de cause, il ne suffit pas de se contenter de son potentiel, faudrait- il encore mieux l’exploiter pour le bien-être de la population.

D’après de fiables informations, au sortir de cette conférence économique internationale, le gouvernement camerounais a entamé des rencontres avec certains investisseurs et autres bailleurs de fonds, afin de leur présenter une liste de 15 projets matures, pour lesquels des financements sont encore recherchés. Des projets qui nécessitent des financements estimés à 1000 milliards de francs CFA, et dont les autorités camerounaises espèrent en mobiliser, si ce n’est la totalité, tout au moins une bonne partie au sortir des assises de Yaoundé. Il s’agit, précise-t-on au ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire, des projets essentiellement concentrés dans le secteur des infrastructures routière et énergétique.

Entre autres, la construction de l’autoroute Douala-Yaoundé, d’un montant de 300 milliards de francs CFA, pour lequel Eximbank of China est déjà disposé à décaisser 241 milliards de francs CFA. Reste maintenant à traduire dans les faits les résolutions prises au terme de ce rendez-vous du monde des affaires, pour que dans les prochains mois, l’on sente que quelque chose a changé dans la gouvernance publique et dont l’impact recherché est d’améliorer les conditions de vie des Camerounais. Sans cette valeur ajoutée sur le quotidien des citoyens, on aura le sentiment qu’il s’agissait d’une réunion de plus pour servir des intérêts partisans de quelques privilégiés.