Depuis plusieurs mois, la scène politique camerounaise, est marquée par la multiplication des motions de soutien adressées, non pas aux soldats au front contre la secte de Boko Haram, mais, plutôt au chef de l’Etat, 83 ans, afin qu'il se présente à l'élection présidentielle future au Cameroun.
Du Nord au Sud, à l’Ouest, comme à l’Est du pays, il ne se passe plus de semaine, sans que l’on enregistre des déclarations publiques, que les initiateurs, tous des "mendiants du RDPC", habités sans doute, par des calculs et des agendas cachés, inscrivant ainsi leurs noms dans le tribunal de la honte au Cameroun.
Sous le prétexte, vite trouvé de mobiliser les populations sur l’ensemble du pays, derrière le chef de l’Etat qui en une année de guerre, n’est pas allé au front par soutenir les troupes, aucune localité sur l’étendue du territoire, n’est épargnée par la «fièvre», des motions de soutiens et autres déclarations publiques d’allégeance au président.
Les voix s’élèvent, comme d’habitude, pour décrier ce qu’on pourrait appeler une mascarade des militants et élites du parti au pouvoir. Ceux-ci ne cessent de multiplier des appels et des motions de soutien de la candidature de leur champion.
Dans son discours prononcé le 20 février dernier à Bafoussam, Ibrahim Mbombo Njoya, le sultan roi des Bamoun, a clairement pris position pour un rajeunissement de la formation politique dirigée par Paul Biya.
Ibrahim Mbombo Njoya, plusieurs fois ministre, et actuel sultan des Bamoun (un peuple de l’Ouest du pays), a également appelé Paul Biya, à convoquer un congrès extraordinaire du Rdpc, le parti au pouvoir, dont il membre du Bureau politique.
« Nous, responsables politiques du RDPC de la région de l’Ouest, estimons donc, qu’il n’est pas nécessaire d’attendre trois ans pour engager des mesures politiques appropriées, car au rythme où évoluent les choses dans le monde, nous ne sommes pas à l’abri des surprises désagréables », a déclaré l’autorité traditionnelle.
De manière à peine voilée le sultan a exposé un malaise que les laudateurs de Paul Biya refusent de voir, celui d’une formation politique aux méthodes anachroniques. Un parti fermé à la critique et à l’innovation.
Une formation politique qui prône officiellement la prise en compte des aspirations de la jeunesse mais qui, dans la pratique considère les jeunes comme une menace. Combien sont-ils ces jeunes qui occupent des postes de haute responsabilité au Cameroun ?
Paul Biya n’a jamais bougé le petit doigt pour décourager ces flagorneurs, qui finalement l’endorment plus qu’ils ne l’accompagnent dans l’accomplissement de sa mission à la mangeoire suprême.
Au pouvoir depuis 1982, presque quatre générations de Camerounais rêvent aussi d’avoir leur mot à dire.
Cette frustration a déjà fait long feu et risque de devenir ingérable si l’on n’y prend garde. L’occasion n’est-elle pas venue de s’inquiéter d’un éventuel embrasement en cas de statu quo politique ?