Depuis la survenue de l'accident ferroviaire d'Eséka, on assiste à une agitation nauséeuse de la part de certains acteurs politiques et de la société civile qui tendent notamment à minimiser, voire à nier l'implication du chef de l'Etat dans la gestion des suites de cette catastrophe : trop tard et insignifiant, entend-on pérorer ici et là.
Tandis que certains dénoncent de supposés manquements graves dans son intervention et n'hésitent pas à lui faire des injonctions, d'autres s'indignent de l'insuffisance quantitative des infrastructures de communication dans notre pays. D'autres encore essaient de susciter la colère des familles éprouvées en vue de relancer le fameux « Vendredi noir » qui a fait long feu suite à son rejet il y a quelques mois par les Camerounais. Comme si ces dénonciations et injonctions pourraient suffire à atténuer la douleur des victimes et leurs proches. Des pays que d'aucuns tiennent généralement pour des modèles de démocratie et de bonne gouvernance parce que bien lotis en matière d'infrastructures de communication, ont pourtant été victimes de catastrophes ferroviaires il y a quelque temps. C'est le cas du Canada mais aussi de la France où le train Paris-Limoges N° 3657 Intercités a déraillé en gare de Bretigny-sur-Orge (Essome) le 12 juillet 2013, faisant six morts et une vingtaine de blessés.
Le 6 juillet 2013 plus de 72 wagons-citernes ont déraillé dans la ville de Lac-Mégantic au Québec (Canada) faisant 28 morts et 50 disparus. Le 28 août 2008 à Zibo en Chine, une collision entre deux trains fait 70 morts et plus de 400 blessés. Ce qui atteste que nulle part au monde il n'existe de risque zéro en matière de transport par rail. L'explication un peu trop courte de certains responsables politiques et des leaders de la société civile par rapport à l'accident ferroviaire d'Eséka a quelque chose de malsain.
Non pas qu'il soit interdit de commenter des faits d'actualité et leur gestion. Mais de là à se livrer à la surenchère, à la récupération politicienne et à une tentative de positionnement sans vergogne est tout simplement écœurant. En ce que le respect dû aux morts et à la souffrance de nos concitoyens encore internés dans des formations hospitalières autant que la morale politique commandent un minimum de décence et de retenue.