Dans sa nouvelle tribune libre publiée ci-dessous, le Député exhume les mésaventures des sportifs camerounais dans des compétitions internationales pour faire constater que certains responsables du mouvement sportif national sont responsables de ces échecs qui humilient toute la nation.
Tribune libre de l'honorable Martin Oyono
Mouvement Sportif National : Ces échecs qui humilient la Nation
Les révélations du jeune boxeur Hassan NDAM athlète camerounais inscrit dans la Cameroon Olympic Team édition RIO 2016, sur les détournements de primes des athlètes par les autorités en charge de leur encadrement feront certainement une fois de plus l’objet d’une banalisation de ce phénomène.
Aussi n’en déplaise à une certaine presse qui a vendu son âme au diable en troquant son prestige contre quelques prébendes, nous qui avons encore la pudeur de ressentir l’humiliation de ces échecs successifs enregistrés sur le plan international par notre mouvement sportif national, allons continuer à exorciser ce mal que certains tendent à relativiser.
Au cours de la dernière session parlementaire comme des précédentes d’ailleurs, le parlement a interpellé Monsieur le Ministre des Sports et de l’Éducation Physique (MINSEP) non seulement sur le désordre ambiant qui règne lors de la préparation des grandes échéances sportives auxquelles le Cameroun est appelé à participer d’une part, mais surtout sur la récurrence du non-paiement des primes aux athlètes sélectionnés toutes disciplines confondues.
Évidement les réponses données dans pareils cas par la tutelle des sports à l’avance pour l’observateur averti sont annonciatrices et révélatrices de la suite des résultats des différentes compétitions.
Nous en voudrons pour preuves la ridicule participation de l’équipe des Lions indomptables du Football à la coupe du monde au Brésil 2014, compétition à laquelle certains patriotes ont tenu à n’honorer de leur participation sans préjudice aucun pour le budget de l’État.
Avec le comité de normalisation de la Fécafoot de l’époque, les Camerounais avaient vu la catastrophe s’annoncer, mais, esprit patriotique aidant, nous avons préféré nous en remettre plus au sort qu’à la raison qui aurait fait de nous des prophètes de malheur.
Mais malgré cet exorcisme soutenu, le malheur était quand même arrivé et faisait éclater au grand jour la vérité que le goléador Samuel ETO’O Fils et certains joueurs de notre équipe fanion dénonçaient quelque temps auparavant.
A l’inverse de l’inconfort des joueurs, engagés dans cette prestigieuse compétition et de la gêne que dis-je de la honte ressentie par les citoyens camerounais face à la déconfiture générale, on notait paradoxalement l’indifférence affichée par les autorités du sport et du football ayant accompagné notre équipe pour cette désastreuse expédition et bénéficiaires d’importantes prises en charge ponctionnées sur le budget de l’État camerounais
Nos souvenirs nous ramènent aussi à la campagne de préparation à la qualification de notre équipe féminine de football grâce à qui nous devons l’organisation de la prestigieuse édition 2016 de la future coupe d’Afrique des nations au Cameroun
De l’indifférence affichée par la tutelle du sport de l’époque et du comité de normalisation qui avaient certainement classé cette équipe dans la catégorie des sports mineurs, on a senti un regain d’intérêts de ces derniers seulement à la phase finale de la compétition.
Toute honte bue, car conscients d’avoir abandonné les charges de l’encadrement matériel, financier et psychologique entre les mains de la seule présidente de la commission nationale du football féminin de l’époque Mme Céline EKO, les autorités du football se sont tout de même permises de se mettre en mission en grande délégation moyennant, là encore, d’énormes frais de mission pour aller « encourager les filles » soi-disant.
On pouvait alors s’attribuer les mérites de la qualification en tant que tutelle du sport, mais on oubliait d’évoquer toutes ces malheureuses péripéties d’avant la qualification dont l’épineuse question une fois de plus du non-paiement des primes de participation ou de qualification qui revenait en surface encore et encore.
Et de trois, le dernier tournoi africain de Basket Ball organisé dernièrement par le Cameroun au Palais des Sports ici à Yaoundé !
Nous n’avons pas toujours compris jusqu’à ce jour en tout cas nous qui ne sommes pas des sorciers, comment après tant de prouesses applaudies par le public national et international servies par nos basketteuses recrutées localement ou à l’international, l’aventure s’est encore achevée malgré leur qualification comme vice-championne d’Afrique dans l’humiliation totale à l’hôtel Novotel Mont Fébé juste à quelques encablures du Palais de l’Unité.
Pour ce cas bien précis qui a fait le tour de la toile, c’est grâce à l’intervention du Premier Sportif camerounais, SEM Paul BIYA, que des primes spéciales ont été servies aux basketteuses qui pour la plupart venaient d’Espagne, de France ou encore des Etats Unis.
«Impossible n’est pas camerounais », cet adage, nous l’avons bien connu et répété à l’époque des grandes victoires de notre mouvement sportif et surtout le football avec nos grands héros, dont Roger MILLA, Thomas NKONO, Joseph Antoine BELL, Théophile ABEGA, Emmanuel KUNDE pour la vieille garde ou il y a une quinzaine d’années avec Feu Marc Vivien FOE, Samuel ETO’O Fils, Géremi NJITAP, Idriss Carlos KAMENI, Rigobert Song BAHANAK pour la jeune garde.
Mais cet adage traduisait la fierté que ressentaient les Camerounais à l’occasion des exploits réalisés en matière sportive même lorsque les situations ou les paris se présentaient comme difficiles à vaincre ou à gagner.
Ce n’est plus le cas aujourd’hui lorsqu’on dit qu’impossible n’est pas camerounais ! Car c’est tout simplement l’expression de la stupéfaction générale qui est celle du peuple camerounais de voir avec quelle indifférence les autorités du sport camerounais gèrent leur responsabilité dans la décrépitude et la descente aux enfers de notre mouvement sportif national.
A ce sujet, nous avons choisi quelques extraits d’acteurs majeurs connus du mouvement olympique camerounais. Pour notre ancienne double championne du triple saut, Madame Françoise MBANGO, je cite «les jeux olympiques se préparent pendant quatre ans. Et nous ici on attend trois ans ou six mois de l’échéance pour commencer à préparer nos athlètes. C’est pourquoi nous avons ce genre de résultats»
Le jeune boxeur Hassan NDAM quant à lui sur sa page Facebook publie «je compte bien mettre aux yeux du peuple camerounais et du monde entier la vérité et comment le rêve des jeunes sportifs camerounais se transforme en cauchemar. Et je n’hésiterai pas à donner les noms (…) après, on s’étonne, pourquoi les talents camerounais vont s’expatrier simplement parce que les dirigeants sont pourris et je pèse bien mes mots»
Et comment ne pas craindre, ce que craint certainement déjà notre jeune boxeur à savoir le reproche qu’on lui fait, d’être indiscipliné ou de manquer d’humilité envers ses supérieurs hiérarchiques ?
Nous ne pouvons qu’attirer la très haute attention de SEM Paul BIYA qui a été le Sapeur-Pompier de nos basketteuses. Car après le geste présidentiel du paiement de 16 millions de francs CFA de prime à chaque basketteuse, ce que le Président de la République ignore peut-être, c’est que la tutelle du sport a radié toutes nos vices championnes d’Afrique pour celles qui évoluent à l’international, et pour celles qui évoluent au Cameroun des affectations disciplinaires ont été curieusement servies.
Et voilà des situations que semble banaliser le président du comité national olympique et sportif du Cameroun à l’occasion de son bilan sur les ondes de la CRTV lorsqu’il déclare sans pudeur que « nous restons dans la logique du sport qui veut que quand on va à une compétition, il y a deux résultats. C’est on gagne ou on ne gagne pas, et dans ce cas nous n’avons pas gagné ».
Avec de telles déclarations venant d’une expertise avérée du monde olympique et surtout d’un Colonel d’armée forgé dans la discipline de l’honneur et des résultats, nous le peuple camerounais que nos athlètes interpellent au sujet de la décadence du mouvement sportif national ne pouvons rester indifférents en prenant ces échecs successifs à la légère.
N’est-ce pas l’impunité permanente des auteurs des dysfonctionnements dans l’encadrement du mouvement sportif national qui doit être mise en cause ?
Le Président de la République du Cameroun SEM Paul BIYA, premier élu de la Nation qui a arraché l’organisation de la prestigieuse coupe d’Afrique des nations féminine de football par le Cameroun en cette année 2016, voudrait bien prendre en considération toutes ces récriminations évoquées pour s’assurer que les rapports complaisants de l’encadrement du mouvement sportif national en général et du football féminin en particulier, n’inscriront pas notre pays après 1972, dans le registre noir des échecs que nous qualifierons « d’humiliation de la patrie » que certains de ses regrettés pairs d’Afrique n’ont pas hésité à sanctionner en leur temps par des peines de prison au retour de certaines catastrophiques expéditions sportives.
Nous n’irons pas jusqu’à demander des peines privatives de liberté pour ces compatriotes champions de l’affairisme, mais tout de même les peines alternatives que notre nouveau code pénal a eu le mérite d’instituer afin de lutter contre la surpopulation carcérale que le Gouvernement a déjà de la peine à contenir.
Hon. OYONO Martin
Député RDPC de l’Océan
Grand Officier de l’ordre de la valeur