Opinions of Tuesday, 22 September 2015

Auteur: Frégist Bertrand Tchouta

Ces rapports qui accablent le Cameroun

Le Cameroun vient de clôturer les six premiers mois de son exercice budgétaire 2015. Et contrairement à ce que prévoyaient le ministère des Finances (Minfi) et l’Institut national de la statistique (Ins), les perspectives économiques ne seront pas bonnes cette année.

Dans une interview accordée au Quotidien de l’Economie vendredi dernier, André Fotso, le président du Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam), annonçait d’ailleurs avoir perdu tous les espoirs de voir la croissance atteindre les prévisions faites en début d’année.

«Nous espérions même pouvoir enfin atteindre le niveau symbolique de 6%. Neuf mois plus tard, plusieurs facteurs internes et externes ont contrarié ces prévisions et nous sommes malheureusement obligés de revoir cette ambition à la baisse».

Le Président du Gicam vient donc confirmer le regard déjà porté par certaines institutions internationales et nationales sur le Cameroun au cours de ces premiers mois de l’année, que ce soit dans le domaine de la gouvernance, dans les infrastructures, dans la lutte contre la vie chère, ou dans le domaine des télécommunications.

Croissance

Pour les institutions internationales, le Cameroun n’atteindra plus les 6,4% de croissance projetées cette année par le Minfi et l’Institut national des statistiques (Ins). Même si leurs chiffres présentent des différences allant de zéro à un point de croissance, tous ont revu à la baisse leurs prévisions.

Le plus clément de tous, est l’agence de notation financière Standard & Poor’s, qui prévoit 5,5% de croissance en 2015. Il est suivi par le Fonds monétaire international (Fmi), qui établit ses prévisions à 5% (août 2015). Le rapport le plus critique a été rendu par la Banque mondiale. Pour l’institution de Bretton Woods, le Cameroun ne fera pas plus de 4% en 2015.

Gouvernance

Comme la Banque mondiale, le World Economic Forum fait dresse un bilan insatisfaisant pour le Cameroun en 2015. Dans un rapport intitulé «The Global Competitiveness Report», portant sur la période 2014/2015, l’organisme place le Cameroun au 116e rang sur 144.

Ce qui fait du Cameroun l’un des pays les moins bien gérés au monde. Sur une échelle de 1 à 7, le pays obtient une note de 3,66. C’est dans la moyenne, mais selon le World Economic Forum, ce n’est pas suffisant pour commencer à se réjouir de la situation de ce pays.

Par exemple, au sujet de l’environnement institutionnel, le document place le Cameroun au 91e rang, avec une moyenne de 3,53/7. Sur le volet portant sur les infrastructures, le pays arrive au 126e rang (2,47/7), pour l’environnement macroéconomique, il fait mieux, et se place au 90e rang, avec une note de 4,45.

S’agissant du niveau de préparation technologique, il redescend au 120e rang (note 2,76/7). Enfin, côté enseignement supérieur et formation, le pays ne fait pas plus que le 117e (3,22/7).

Télécoms

Malgré son entrée en fanfare dans l’année 2015, avec notamment l’entrée de MTN et Orange dans la technologie 3G (150 milliards de Fcfa), le marché des télécoms au Cameroun n’a pas eu bonne presse dans les rapports rendus au cours de cette année. La revue Savoirs communs, un rapport co-produit par l’Agence Française de Développement, l’Agence universitaire de la Francophonie, Orange & l’UNESCO a posé son regard sur le Cameroun.

Malgré les 90% de taux de couverture du réseau mobile, le taux de pénétration des abonnés est resté à 36%. En cause, «le manque de clarté des dispositions fiscales et réglementaires, le coût élevé des licences ou la lourde taxation des importations de télé- phones mobiles».

Côté connexion Internet, on n’est pas mieux lotis. L’Alliance For Affordable Internet (A4AI), une coalition regroupant 70 grands groupes spécialisés dans le domaine des TIC (comme Facebook, Yahoo, Microsoft, Google et Ericsson), dans un rapport paru cette année, classe le Cameroun au 17e rang (sur 51 pays étudiés), avec seulement 25,6% de la population connectée à Internet.

Ces regards extérieurs sur le Cameroun s’ajoutent à celui produit par l’Agence nationale des technologies de l’information et de la Communication (Antic), pour qui, 76,40% des logiciels utilisés dans les administrations publiques sont issus de la contrefaçon.