Je me rappelle 1999, année de sortie du documentaire Mobutu roi du Zaïre. Cette année où le monde entier découvrait la face pas si cachée de la dictature de Sese Seko, le souverain démocratiquement élu du Zaïre, actuel RD Congo .
Je me souviens du sentiment que j'ai éprouvé en regardant ce documentaire: une espèce de mépris non assumé pour ces congolais/zaïrois, ce peuple amorphe qui pendant trente deux ans a chanté et dansé au rythme d'un homme qui a pillé et bradé leur pays.
Je pense à ce documentaire parce que je me projette dans un futur proche. Ce futur où le Roi qui nous gouverne voudra enfin nous libérer de sa présence. Nous libérer car il semble désormais évident que personne ne le fera partir. Les grands intellos de la Nation nous disent qu'il ne faut pas y songer parce que nous n'avons pas pensé la solution de remplacement.
Bref, il va partir d'une manière ou d'une autre et un documentariste étranger va nous sortir un doc genre "Paulo Bulu, Monarque de CrevettesLand".
Le monde va nous considérer comme je considérais les congolais: il va se ficher de nous hein? Je vous jure. Il va rire de nous comme on n'a pas idée.
Le monde va découvrir un pays où on vit comme au moyen âge avec les technologies du 21è sicècle. Où on achète des 4x4 au lieu de construire des routes. Où les gens peuvent s'acheter des saucissons français dans des Carrefour ou Super U mais sont incapables de gérer les ordures de cette société de consommation.
Le monde va s'extasier de moquerie devant nos 300 partis politiques, notre presse kongossique et gombotiste. il va rire de notre assemblée nationale transformée en ndjangui national.
Il ne vont pas croire que dans ce royaume de Crevettes, on importe des conteneurs d'ordures pour se vêtir, s'équiper sous le terme générique de brocante. Il sautera de surprise en découvrant nos véhicules, antiquités polluantes, mises au rebut ailleurs mais admises à l'importation.
Les gens vont rire mais surtout halluciner. Ils vont écarquiller des yeux en découvrant l'ampleur de la corruption, l'inféodation de la justice, les files devant les ambassades étrangères, les files devant les kiosques de Parifoot.
Il vont frissonner devant la laideur de nos villes-villages, le nuage de pollution des cimenteries bâties en pleine ville, le nuage indiscipliné de bendskinneurs, la noirceur de notre hinterland sans électricité, sans routes.
Il va s'amuser de nos "entrepreneurs", présentés comme l'avenir d'une nation aux taux de chômage imprononçables.
Comme à Gbadolite, il va découvrir les châteaux de caciques et autres apparatchiks, construits dans des forêts inaccessibles, entourés de la pauvreté et la souffrance de pèquenots sans le sou mais votant pour le grand parti.
Le monde entier va croire à une farce en découvrant les contrats miniers léonins accordés aux chinois, les échangeurs donnant sur le vide comme celui de Mvan, les villes illuminées à coup de centaines de millions pour les deux semaines de fêtes, mais ne disposant pas d'éclairage public le reste de l'année, les stades importés dalle par dalle, poutre par poutre de l'Italie pour Olembé.
Il va s'exploser de rire en découvrant les jardiniers de ministres devenus millionnaires en jouant à Qui veut gagner des millions dans la chambre de "Son excellence"
Il va se rouler par terre en écoutant un professeur d'informatique déclarer urbi et orbi que 32=500. Il va se pisser dessus en écoutant un cheminot, ministre de la communication déclarer qu'en audiovisuel 10 est supérieur à 25.
Le monde va rire, se moquer et à la fin du film demander: mais c'est quoi ce pays de cons? Et les camerounais, ils faisaient quoi pendant plus de trente ans de ce cirque?
Un expert, écrivain camerounologue en lunettes, éxilé autoproclamé viendra sur un plateau de CNN répondre: ils buvaient la bière, ils mouraient, ils priaient une tâche de moisissure à Minkang, prétendant y voir Jésus, ils riaient des gens qui les volaient, ils collaient la petite, ils écrivaient sur Facebook, beaucoup...
Comme moi...