« Le coup de pied de l’âne »
Depuis l’annonce du décès du professeur Hubert Mono Ndjana, certains compatriotes veulent lui faire subir le sort réservé au lion dans l’une des fables de Jean de La Fontaine. En effet, dans la fable en question, l’âne s’était mis à battre le lion devenu vieux. Il réservait certainement un sort plus humiliant à ce vieux félin, une fois mort.
Ce qui est, on ne peut plus lâche.
Ceux qui osent maintenant déblatérer, et à haute voix, sur le professeur Hubert Mono Ndjana parce qu’il est mort, pouvaient-ils lui tenir la dragée haute, de son vivant, dans un débat ? Nous nous posons là une question évidemment rhétorique, compte tenu du fait qu’elle est la formulation sournoise d’une réponse affirmative. En plus, comment certains de ceux-là qui ont eu l’honneur de se rapporter au régime, qu’ils condamnent maintenant, par un rapport de commensalité politique évident peuvent-ils pertinemment déblatérer sur l’illustre disparu ?
Non contents d’avoir partagé la même table (mensa) avec les maîtres du pouvoir dans la jouissance des ressources gastronomiques nationales, ils se sont, après, parés d’atours politiques apparemment avenants pour dénoncer la gourmandise de leurs commensaux d’hier, en se gardant évidemment de publier la taille de leur propre appétit gastronomique.
Pourquoi le professeur Hubert Mono Ndjana devrait-il faire les frais de l’expression d’une frustration qui n’est pas de son fait? De quoi l’accusent vraiment ceux qui ont, de notoriété publique, déjeuné et dîné avec les maîtres du pouvoir camerounais pendant un bon bout de temps ?
Lucien Ayissi
Philosophe