Du régulateur aux imposteurs en passant par les réseaux d'obstruction économique, ils sont décidés à réduire les espaces de libertés chèrement acquis.
Dans sa détermination à étrangler les médias à capitaux privés -jamais les autres !
Le mercredi dernier, Conseil national de la communication (Cnc), après avoir suspendu plusieurs entreprises de presse et des journalistes, est allé au bout de sa logique (satanique) en faisant poser des scellés, sur la porte principale du journal Aurore à Douala, en exécution d'une mesure de suspension de 3 mois prise le 11 mars.
La Fédération des Editeurs de presse du Cameroun (Fedipresse) a condamné, avec la dernière énergie, l’atteinte à l'inviolabilité d'une salle de rédaction, qui constitue un net recul du respect de la liberté de presse, consacrée dans toutes les démocraties.
Réaffirmant leur ferme opposition à la fermeture ou la suspension d'une entreprise de presse, les éditeurs invitent par conséquent les pouvoirs publics à renoncer à toute mesure tendant à contrôler ou à limiter la liberté d'expression.
Comme à son habitude le Cnc, devenu avocat des puissants, s'était rangée du côté du plaignant avec une incroyable diligence.
Il a établi la responsabilité du directeur de ce journal, du fait de la publication d'accusations non justifiées ne répondant guère aux exigences professionnelles de recoupement et d'équilibre de l'information publiée.
Et voilà le directeur général de la Cameroon Airlines Corporation (Camair-Co), Jean Paul Nana Sandjo, qui s'était plaint de la publication d'informations non fondées et de nature à porter atteinte à son honorabilité.
Il se taille ainsi une honorabilité à moindres frais au moment où la compagnie aérienne nationale vit les moments les plus sombres de son histoire.
La Fedipresse ne croit pas si bien dire lorsqu’une fois de plus, elle attire l'attention du gouvernement sur les inconvénients que la suspension des journaux et des journalistes génère sur l'image du Cameroun, au moment même où va se tenir à Yaoundé une Conférence économique internationale sur les opportunités d'investissement dans le pays.
Le Cnc, régulièrement accusé de concussion et de se singulariser uniquement sur le chapitre répressif, ne va pas démentir l'exécrable image que l'opinion publique en général. Le monde des médias en particulier, se font de lui.
Cette institution, constituée majoritairement de promoteurs d'entreprises de presse chargés de juger la concurrence au nom de l'impartialité, s'acharne ainsi à détruire le peu de capital confiance que les défenseurs des libertés lui accordaient encore. L’institution finit par là même par inscrire durablement le Cameroun parmi les pays les plus totalitaires du monde en la matière.
Quelle est donc ce régulateur qui, plutôt que de s'engager prioritairement dans la voie de la formation et de la sensibilisation, agit comme le bras séculier de lobbies tapis dans l'ombre ?
Quelle est donc cette juridiction présumée des pairs qui, de façon expéditive, rend ses sentences au mépris de la notion de contradictoire ?
On est bien d'accord que le Cameroun a besoin d'une bonne dose d'assainissement afin d'éloigner la gangrène qui fait son lit, mais l'approche du Cnc confine à la désespérance.