« J’ai assisté aux véritables cours de droit au conseil constitutionnel ces deux jours ». Sylvain, étudiant en droit licence II à l’université de Yaoundé 2 Soa, estime, que ces audiences du 16 et 17 octobre 2018 au Palais des congrès de la cité capitale, peuvent lui servir de cas pratiques, lors des Travaux Dirigés.
Les plaidoiries des avocats de Maurice Kamto, candidat du « Mouvement pour la Renaissance du Cameroun » (MRC) à l’élection présidentielle suivies des rebondissement des représentants d'Elections Cameroon, du « Ministère de l'Administration Territoriale », du RDPC, se sont voulus enrichissantes.
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Des avocats faisant montre de ce qu’ils savent bien faire, en défendant la requête du MRC, ont ainsi créé une émulation chez la population camerounaise.
Pas moins de 17 exposés sur des points liés au mauvais déroulement de la présidentielle du 7 octobre 2018, ont été présentés.
Des passages entrecoupés des questions-réponses et des moments d’éclairages bien sûr. L’objectif du candidat du MRC en déposant son dossier de recours au conseil constitutionnel, est d’obtenir l’annulation partielle des opérations électorales dans les bureaux de vote dans les régions du Nord-Ouest, du Sud-Ouest, de l’Adamaoua, du Nord, de l’Extrême-Nord, de l’Est et du Sud.
L’un des exposés englobant et non moins captivant, a été celui portant sur le chapelet des irrégularités observées dans les sept régions qui retiennent l’attention du parti de Maurice Kamto, une plaidoirie menée par Maitre Ndoki Michèle, avocat au barreau du Cameroun. Les prestations des uns et des autres, coordonnées par Maitre Emmanuel Simh, ont en quelque sorte prouvé que le collège d’avocats s’est suffisamment préparé, et comme ils le disent, « le dossier est lourd et solide ! ». Mais ils buttent sur un arsenal de répondant qui cherche par tous les moyens, à découdre tous les éléments que la partie Kamto a apporté, pour appuyer sa requête.
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Tous les défenseurs du MRC croient avoir donné et présenté tous les éléments matériels, qui doivent leur permettre d’obtenir gain de cause. « Nous avons travaillé de manière minutieuse et méthodique, afin de soutenir nos démonstrations par les arguments et preuves tangibles », affirme Maitre Emmanuel Simh. C’est dire en fait, qu’on croit ici, au droit et à l’arbitrage neutre du conseil constitutionnel.
Le Kenya et le Bénin nous inspirent ?
Le conseil constitutionnel est au cœur de l’écriture de l’histoire politique du Cameroun. C’est la toute première fois que cet auguste chambre des sages, née l’année dernière, tient un contentieux après l’élection présidentielle. Après toutes les plaidoiries des avocats du MRC, les onze membres du conseil constitutionnel vont-ils objectivement dire le droit ?
Le Président du conseil constitutionnel a plusieurs fois été appelé à prendre la bonne décision, en se référant à sa conscience, étant donné que l’histoire le jugera en fonction de la décision qu’il aura pris. Ainsi peut-t-on se retrouver dans la même situation que le Kenya ou le Bénin ? On se souvient qu’en août 2017, le conseil constitutionnel du Kenya a annulé l’élection du Président Uhuru Kenyatta, et décidé de la reprise intégrale de l’élection présidentielle.
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Ceci parce qu’il estimait que l’instance chargée de l’organisation de l’élection dans ce pays de l’Afrique de l’Est, a failli, dans le respect des textes fondamentaux avant et pendant le déroulement du scrutin. Les irrégularités qui ont émaillées cette élection, ont donc impacté sur la crédibilité des résultats proclamés par la Commission électorale.
Et les Juges du Conseil Constitutionnel ont décidé de la reprise de l’élection afin qu’elle soit le reflet de la volonté du peuple kenyan. Au Bénin le phénomène s’est aussi reproduit, après des cris à la fraude massive.
De toutes les façons, ces audiences tenues au conseil constitutionnel les 16 et 17 octobre 2018, sont une avancée démocratique du Cameroun.