Les signes annonciateurs de la fin de ce régime détestable, incarné par Biya et sa clique du village se multiplient. En dehors de la réaction musclée, compréhensible et défendable des anglophones face aux multiples discriminations et injustices subies, ils sont déjà nombreux à guetter le moment tant rêvé pour régler leur compte au grand méchant dictateur se croyant immortel. Je pense au Bamiléké et Wadjo se service que sont Niat et Cavayé yéguié, entre autres. Mubutu se prenait pour un intouchable ; l’image le montrant en train de fuir son pays, la queue entre les jambes, est soigneusement conservée… pour l’histoire.
Au crépuscule de la fin de ce gang de pilleurs au pouvoir, la grande crainte dissimulée des Bétis en général et Bulus en particulier est synonyme de perte d’emploi que leur procurent les pouvoirs politique et administratif qu’ils jouissent sans modération depuis Aujoulat (années 60). Sans la Fonction publique et/ou sa proximité, où se situe le salut de certains Bétis ? Nulle part ou presque.
Les rues de nos grandes villes sont prises d’assaut par des jeunes ambulants proposant leur petite marchandise sur la tête. La pluie et le soleil n’ont jamais prise sur eux. Grandissant avec cette culture de la débrouillardise et d’entreprenariat, le succès dans le monde des affaires n’est jamais loin quelques années plus tard. Au sein de la famille Bétis, très peu enseignent et/ou expérimentent cette « souffrance ». La notion de la débrouillardise dans des métiers « sales » fait fuir.Ici,le premier mot d’ordre reste de très loin la Fonction publique. On rêve porter un numéro matricule, s’assoir derrière une table à tourner le pouce,traiter arrogamment certains usagers(surtout lorsque ces derniers portent un nom qui sonne mal, pas Béti exactement) et le cas échéant se laisser corrompre ou alors mettre la main sur la fortune publique… pour faire la fête.
Dans un contexte de nouvelles technologies et de métiers innovants, des gens s’empressent à débourser des dizaines et des dizaines de millions pour une solide formation de leurs enfants en occident, lesquels feraient dans les 99% des cas carrière dans les nouveaux métiers et dans le privé. Biya, dont la politique vis-à-vis des jeunes est une grosse calamité, trouve que cette option est réservée pour les autres. Pas à lui : « Nous, au Sud, nous ne sommes fait pour vendre les arachides » ; « Tant pis si nous sommes à l’ère de l’auto-emploi, mes enfants seront des fonctionnaires… détourneurs »
Voilà Junior et Brenda Biya, ses derniers enfants,régulièrement inscrits dans les meilleures universités en occident où ils pouvaient revenir au pays, nantis d’une excellence formation en agro-industrielle ou informatique. Malheureusement papa, en bon Bulu et fonctionnaire avant même la naissance de leur mère, confirme bel et bien la thèse selon laquelle« sans la Fonction publique un Bétis est rien ou presque »
Le nouveau Cameroun qui se profile à l’horizon sera dur avec la fin impitoyable de la république du village : dans l’administration publique l’anglais va reprendre sa Place aux côtés du français. Le Bulu (et même l’Ewondo) sera remis à sa place, au même niveau que le Medumba, Duala, Bassa’a, Foulbé...
Et dans ce contexte de Justice pour tous et place aux Meilleurs, les adeptes de la Fonction publique vont se tourner très certainement vers les « sales Bami » pour apprendre à faire des « métiers sales ».
J’ai hâte de voir la culture de la débrouillardise entrer dans les mœurs de nos compatriotes du Sud (comme chez les Etons) : un Bulu faufiler dans les quartiers sur la pluie et le soleil avec sa quincaillerie ou un plateau d’arachide sur la tête et devenir quelques années après opérateur économique à la dimension de Fotso (qui avant de bâtir sa fortune a d’abord commencé par vendre les arachides dans la région du Sud)quelle fierté et progrès pour le pays !!!