Opinions of Monday, 5 October 2015

Auteur: Nana Paul Sabin

Comment Paul Biya a humilié Moukoko Mbonjo et Adoum Garoua

Le chef de l’Etat Paul Biya, a pris la décision de réorganiser le gouvernement au moment où deux de ses ministres limogés, étaient les hôtes des rendez-vous internationaux de premier plan!

Comme très souvent, Paul Biya n’a pas effectué le déplacement des Etats-Unis pour assister à l’Assemblée générale annuellement de l’Organisation des Nations unies. Le chef de l’Etat camerounais a personnellement désigné Pierre Moukoko Mbonjo, le ministre des relations extérieures pour le représenter.

Ce dernier avait entre autres missions, présenter la situation de la guerre que le Cameroun et les autres pays du Bassin du Lac Tchad mènent contre Boko Haram et convaincre la communauté internationale de soutenir le Cameroun et les pays victimes des exactions de la secte islamiste d’origine nigériane.

Le chef de la diplomatie camerounaise n’a pas pu porter jusqu’au bout sa charge de représentant du chef de l’Etat Camerounais. Et pour cause, dans la réorganisation du gouvernement effectuée par Paul Biya dans l’après midi du vendredi 02 octobre 2015, Pierre Moukoko Mbonjo a perdu son poste de Ministre des relations extérieures. La nouvelle est tombée alors que ce dernier s’apprêtait à monter à la tribune de la 70e sessions de l’Assemblée générale des Nations unies pour une déclaration solennelle.

Ayant perdu toute légitimité, le désormais ex-chef de la diplomatie camerounaise a quitté la salle sur la pointe des pieds et sa déclaration a été purement et simplement annulée. Avant de subir l’humiliation de ce vendredi 02 octobre, l’ex star de la musique camerounaise avait lu le 26 septembre 2015 au nom de Paul Biya, une déclaration au cours d’une séance plénière de cette 70e Assemblée générale de l’Onu.

A cette occasion, Pierre Moukoko Mbonjo avait «attiré l’attention de l’Assemblée sur le fait que son pays qui a connu la stabilité et la paix pendant des décennies, était confronté à l’insécurité provoquée par le désordre régnant en République centrafricaine et les attaques de Boko Haram.

Ces agressions, selon le ministre camerounais, ont eu pour conséquences de perturber la vie économique et sociale des régions concernées, d’y instaurer un climat d’insécurité et de provoquer un afflux de centaines de milliers de réfugiés. M. Moukoko Mbonjo s’est ainsi réjoui que l’engagement renouvelé des Nations Unies en faveur de la paix, de la sécurité et des droits de l’homme constitue l’ossature du Programme pour le développement durable à l’horizon 2030. Ce Programme, a-t-il ajouté, a le mérite d’affirmer que personne ne sera laissé pour compte.

«Je renouvelle ici la proposition du Cameroun de voir créer une instance internationale d’éthique chargée de promouvoir entre les nations et à l’intérieur de celles-ci des valeurs humaines fondamentales et universelles», rapporte le site officiel de l’Organisation des Nations unies. C’était là, l’un des derniers actes officiels de Pierre Moukoko Mbonjo en sa qualité de ministre des relations extérieures.

Son ex confrère au sein du gouvernement camerounais, Adoum Garoua, a subi presque la même humiliation. En sa qualité de ministre des sports et de l’éducation physique, il était en pleine réunion préparatoire de la finale de la Coupe d’Afrique des nations de basket-ball Dames (Afrobasket 2015), quand le décret du chef de l’Etat est tombé, mettant fin à ses fonctions du patron des sports camerounais.

Dans l’impossibilité d’installer dare-dare son successeur Pierre Ismaël Bidoung Mkpatt, le premier ministre chef du gouvernement a désigné Grégoire Owona, le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, pour aller présider l’ultime match d’une compétition continentale qui a vu la participation de douze pays. Une cérémonie de clôture déroulée en l’absence d’Adoum Garoua qui avait procédé une semaine plus tôt au lancement de la compétition. Tambour battant…