Le 23 juin 2023, le Cameroun a été placé sur la « liste grise » des pays soumis à une « surveillance renforcée » par le Groupe d’Action Financière (GAFI). Tout est parti du rapport d’évaluation mutuelle (gouvernement du Cameroun et le GABAC : Groupe d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique Centrale) de mars 2022, intitulé « Mesures de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, République du Cameroun ».
Ce rapport qui synthétise les mesures de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme mises en place au Cameroun et constatées officiellement sur place durant la période du 23 février au 12 mars 2022, analyse le niveau de conformité aux 40 recommandations du GAFI et d’efficacité du dispositif de LBC/FT (Lutte Contre le Blanchiment de Capitaux et Financement du Terrorisme) du Cameroun, tout en énonçant des recommandations prioritaires en vue de renforcer ledit dispositif.
Au terme de ses conclusions générales, il est apparu que : le Cameroun est confronté à un risque élevé de financement du terrorisme ; les autorités d’enquêtes et de poursuite ne sont pas suffisamment formées et outillées pour mener efficacement des enquêtes sur le BC/FT, car confrontées au déficit de ressources matérielles, logistiques et de formation adaptées et spécialisées ; le faible taux d’inclusion financière, l’importance du recours aux services financiers informels et la prédominance des opérations en espèces constituent autant d’obstacles à l’efficacité de la mise en œuvre des mesures d’intégrité financière au Cameroun.
Toutes choses qui ont entraîna des dysfonctionnements parmi lesquels : le manque et la rétention des décisions de justice ; la non déclaration des cas suspects de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme ; les lourdeurs administratives ; la collusion frauduleuse entre les services compétents et les criminels ; etc.
Pour régulariser ces manquements, dix-neuf (19) mesures prioritaires avaient été recommandées aux autorités camerounaises, dont l’une d’elle fût d’« établir une autorité de coordination des politiques nationales de LBC/FT, en s’appuyant sur le modèle institué par la directive N°01/16/CEMAC/UMAC/CM du 12 décembre 2016 afin de disposer d’une plateforme de coordination, d’échange d’informations et d’évaluation efficace pour la mise en œuvre cohérente par tous les acteurs des politiques nationales de LBC/FT. ».
C’est dans cette logique qu’en date du 14 avril 2022 (exactement 01 mois après que le rapport d’évaluation mutuelle ait été rendu public), le ministre des finances du Cameroun, Louis Paul Motaze, procède à la création et à la nomination des membres du Comité de surveillance et de réflexion, chargé d’apporter des solutions aux problèmes soulevés par les experts du GABAC, de l’ANIF (Agence Nationale d’Investigation Financière) et du GAFI.
De même, d’autres actions ont été menées dans le même sens, notamment une série de formations organisées conjointement avec l’ONUDC (Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime) sur la période allant du 30 Mai au 27 Juin 2022, portant sur la formation des formateurs d’une part et la formation des magistrats et les officiers de police judiciaire, du personnel de l’ANIF, de la douane et des impôts, sur le traitement de l’information financière, la détection des risques de BC/FT, en passant par les déclarations de soupçons, l’analyse des informations financières et des décisions de justice.
Ce comité était chapeauté par le Ministre des finances et dirigé par l’ANIF.
Boris Bertolt